• En lisant rapidement l’Alphabet de Joseph Delteil

                Mon goût du fragment me conduit à lire l’Alphabet de Joseph Delteil, recueil de phrases choisies par l’auteur vieillissant (Le plus drôle, c’est que ça arrive sans tambour ni trompette, soixante-dix ans.) dans l’ensemble de son œuvre (Sur le fleuve Amour, Choléra, Jeanne d’Arc, La Deltheillerie, etc.) et d’autres qui sont inédites, publié en mil neuf cent soixante-treize par Grasset.

                J’ai connu Joseph Delteil par Henry Miller, l’ai lu autrefois, sans enthousiasme, trop lyrique et exalté pour moi, cependant j’extrais quatre pépites de son Alphabet que je note en désordre :

                J’adore la société : la mienne s’entend.

                Rédiger : le mot le plus pouffiasse que je connaisse.

                En une nuit, un rat bouffe Homère.

                Les grêles appas des fillettes mineures fascinent les sens.

                Je garde aussi de cette lecture, ce mot créé par lui : Sexueux.

    *

                L’un des bobeaufs du Son du Cor, il est en vacances, il ne sait pas quoi faire, soudain s’exclame : « Tu vois là, y aurait les Jiho ! »

                Il a peu à attendre avant de bien occuper ses journées, si j’ai bien compris.

    *

                Le branlotin qui ne cesse de parler de son père en l’appelant Papa : « Non mais Papa, il a acheté un champ et il y a planté des chênes. »

                Un quinquagénaire un peu plus loin : « Avec Papa, etc… »

                J’ai déjà écrit sur le sujet, l’infantilisation généralisée, etc.

    *

                Autres branlotins : « On va essayer de se faire un gâteau ». Plus ridicule aurait été : « On va essayer de faire un gâteau ».

    *

                Rouen, ce qui disparaît sans que l’on y prenne garde : pas de Gay Pride cette année, pas davantage de promenades en carriole tirée par deux chevaux cet été. Aucun rapport entre les deux faits.

    Partager via Gmail Yahoo!