• Encore un livre acheté chez Noz

    Pour un auteur, il y a pire sort que de finir en pile d’invendus proposés à prix réduit chez Mona Lisait, c’est d’échouer dans la solderie de produits bas de gamme Noz entre un bac de soutiens-gorge sentant le plastique et un autre de couteaux coupant peu.

    Pour un amateur de livres, il y a intérêt à pénétrer dans cette peu attrayante solderie fréquentée par des pauvres qui emplissent leur panier d’un fatras finissant par faire une jolie somme à la caisse, on y déniche parfois un ouvrage introuvable ailleurs.

    C’est ce qui m’arrive encore une fois ce mercredi à Franqueville-Saint-Pierre où pour deux euros quatre-vingt-quinze Ils ont choisi Paris (Toutes les adresses des personnages historiques) de Daniel-Charles Luytens devient mien, ouvrage vendu à l’origine dix-neuf euros quatre-vingt-dix puis ayant été proposé par son éditeur Jourdan à neuf euros quatre-vingt-dix, « nouveau prix » indiqué en couverture par un stiqueur rouge circulaire. Ce prix divisé par deux n’a pas suffi pour faire de cet annuaire un succès d’édition.

    Toutes les personnes citées par Daniel-Charles Luytens sont mortes, pas question d’aller frapper à leur porte. On peut juste les saluer après avoir lu la plaque qui signale leur présence passée dans tel bâtiment, des célèbres, des connu(e)s et des oublié(e)s.

    Ressuscitons deux de ces retombé(e)s dans l’oubli au destin romanesque : Marie Aguétant dite la môme Crevette, prostituée assassinée, « on la trouva égorgée et son assassin disparut complètement. » (Cinquante-deux rue Caumartin dans le Neuvième) et Zamor, « ancien petit négrillon, page de la comtesse du Barry et gouverneur de son château de Louveciennes », mort « méprisé par tous pour avoir trahi sa maîtresse qui l’avait comblé de bienfaits . » (Treize rue Maître-Albert dans le Cinquième). Ce livre est un livre pour rêver.

    Il peut aussi être utile à qui veut pèleriner sur les traces d’un(e) admiré(e). Prenons en exemple Richard Wagner. La balade se fera en trois étapes.

    Trente et un rue du Pont-Neuf dans le Premier : « Ce fut le premier logis parisien de Richard Wagner qui, dès son arrivée, en septembre 1839, y descendit avec sa femme Minna. Il venait de Londres et était dans la misère la plus noire. C’était un hôtel meublé. On a toujours prétendu que Molière naquit dans cette maison. »

    Quatorze rue Jacob dans le Sixième : « Richard Wagner a vécu ici du 30 octobre 1841 au 7 avril 1842. Son logement se situait au fond de la cour. Ici, le compositeur acheva Rienzi et commença la composition du Vaisseau Fantôme. »

    Dix-neuf quai Voltaire dans le Septième : « C’est dans cet hôtel que pendant l’hiver de 1861-1863, Richard Wagner acheva son opéra Les Maîtres-chanteurs de Nuremberg. C’est le dernier séjour parisien du compositeur. »

    L’hiver de 1861-1863 ? J’irai vérifier.

    *

    D’autres livres publiés par Jourdan sont relégués chez Noz (des ouvrages sur les guerres franco-allemandes). Cet éditeur, dont je découvre l’existence, est belge. Son siège social est à Waterloo. C’était risqué.

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