• Entre Embrun et Briançon (La Roche-de-Rame, Prelles)

    Jeudi, je prends un dernier petit-déjeuner au Vieux Chalet d’Embrun, pains variés, confitures bonnes et yaourt au lait des Alpes, malheureusement accompagnés de la radio Air Thé Aile, un déversoir de publicités assommantes, puis la route vers Briançon, m’arrêtant à La Roche-de-Rame où le café Le Central promet un menu complet à douze euros. Je réserve une table et vais faire un tour à pied. Ce village n’a pas l’attrait touristique de beaucoup d’autres mais il ne manque pas de charme, ni de chemins fléchés que je suis et qui m’emmènent dans des hameaux où vis une population âgée occupée à l’entretien du jardin.

    Un chemin qui monte plus que les autres m’offre un banc où je m’assieds, Vita et Virginia sur les genoux. Je lis un moment au chaud soleil. De temps à autre, je lève la tête et vérifie que tout se passe bien au village. Un peu avant midi, je redescends, fais le tour d’un petit lac, et vais m’asseoir à l’intérieur du Central, bar de rien du tout où trône un vieux flippeur. On y vend des journaux pour sans cerveau, du tabac de toutes les sortes mais pas de carte téléphonique. On y subit une chaîne d’information continue.

    J’y mange assez mal : rosette, staique au poivre tagliatelles, fromage, le pire est pour la fin un sorbet au melon que je ne conseille à personne, autant chimique qu’immangeable. Le seul autre convive en a pris aussi, disant qu’il aimait tout, et en a lassé les trois quarts, tout comme moi. Comme le vin et le café sont compris, je ne peux pas me plaindre. Je dis au revoir à la dame, qui ne me reverra pas.

    Reprenant la route, je trouve pour la nuit une chambre d’hôtes avec ouifi à Prelles, un peu avant Briançon, dans une maison écologique (paille et ossature bois) nommée Brin de Paille. Elle est située près de l’église en pierre à cloches apparentes. Les oreillers y sont en balle d’épeautre. Les toilettes et la douche sont dans une cabane en bois à l’intérieur de la chambre, mais avec tout le confort moderne. Ne manque qu’un bureau pour que je puisse écrire.

    Mon ordinateur posé sur la table basse, je ne trouve pour m’asseoir à peu près confortablement que la corbeille à papier  renversée. Elle est en plastique solide. Une étiquette m’apprend qu’elle vient de chez Ikea.

    Pour m’aérer l’esprit, je fais une balade sur un chemin de grande randonnée lequel passe devant deux grandes yourtes blanches habitées, dont l’énergie provient de panneaux solaires. Eva Joly devrait avoir quelques voix à Prelles, commune de Saint-Martin-de-Queyrières.

    *

    La Roche-de-Rame, Prelles, des lieux qui sortent de l’anonymat grâce à moi.

    Partager via Gmail Yahoo!