• Exposition Charles Frechon au Musée des Beaux-Arts de Rouen

                Grande foule ce jeudi soir au Musée des Beaux-Arts de Rouen pour le vernissage de l’exposition Charles Frechon, peintre de l’Ecole dite de Rouen, petit maître de l’impressionnisme, et du beau monde, bien vêtu pour l’occasion, tous et toutes membres de la bourgeoisie bourgeoisante de la ville et de ses environs, et quelques autres un peu fripé(e)s, dont moi.

                Dès l’ouverture, je file dans la dernière des salles d’exposition pour y être tranquille et pour remonter le temps, aller de la fin au début de Charles.

                Il finit bizarrement avec des sous-bois orange et des neiges bleues, auparavant grande période à la manière de Monet et début à la manière de Seurat. Ça ne peut que plaire au plus grand nombre des présent(e)s, même si certain(e)s autour de moi se permettent quelques piques :

                -Il peignait bien mais il savait pas dessiner.

                -Ils ont tous fait des meules à cette époque-là.

                D’autres regardent surtout le Rouen d’autrefois :

                -La rue Saint-Maur, là où on a failli, tu sais, où on a glissé sur une flaque d’huile ou d’essence…

                Je croise une famille dont la nombreuse marmaille est ravie :

                -Oh, dit l’un, c’est le même tableau que chez Bonne Maman.

                -Idiot, lui répond un autre, c’est çui-là qu’est chez Bonne Maman, elle l’a prêté pour l’exposition.

                La première salle est consacrée aux dessins au fusain. J’apprends là que Charles Frechon a eu pour professeur Philippe Zacharie. Comme Duchamp, me dis-je.

                Ce qui me fait songer à ce qu’écrit, sur le catalogue printemps été du Musée, l’ancienne Officielle de la Culture rouennaise, Catherine Morin-Desailly, qui est là ce soir. La nouvelle est là aussi (Laurence Tison) et la maire Valérie Fourneyron, les traits tirés, qui fait visite accélérée avec le maître des lieux Laurent Salomé.

                « L’œuvre d‘art est un rendez-vous »  disait Marcel Duchamp, en voici donc deux majeurs… », voilà ce qu’osait dire la sénatrice quand elle était aux affaires municipales, à propos de Roger Tolmer et Charles Frechon.. Je ne doute pas que Madame le Maire va tenir le même genre de propos, la droite et la gauche locales sont, dans le domaine culturel, de la même eau tiède.

                Et vraiment, je n’ai pas envie de l’entendre, la raseuse de médiathèque. Je reste sous la verrière pendant les discours, près du Martyre de Sainte Agnès de Joseph-Désiré Court, tellement restauré par le mécénat de la fondation Béhennepé-Paribas qu’il fait neuf et peint d’hier.

                Une coupe de champagne, quelques petits fours et me voici dehors. Square Verdrel, je considère l’imposant buste de Jean Revel (mil huit cent quarante-huit/ mil neuf cent vingt-cinq), auteur des Contes normands, une sorte de Maupassant de deuxième zone, totalement oublié aujourd’hui. Il n’en est pas dans la peinture comme dans la littérature. Charles Frechon, sorte de Monet de deuxième zone, est aujourd’hui encensé au Musée des Beaux-Arts de Rouen, lui dont les tableaux ne devraient pas quitter le salon de Bonne Maman.

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