• Exposition Kandinsky au Centre Georges Pompidou

    Bon allez ce mercredi j’y vais, me dis-je en montant dans le train, songeant à l’exposition Kandinsky dont la file d’attente m’a découragé naguère. Arrivé à Paris, où il s’agit aussi de retrouver à seize heures celle qui me tient la main, je vaque à mes occupations habituelles, puis pique-nique tôt au pied de la tour Saint-Jacques. J’arrive à Beaubourg un peu après onze heures.

    Les files sont là, mais moins importantes que précédemment. Muni de mon passe annuel, je me mets du côté des entrées réservées. J’atteins assez vite la vague fouille des sacs. Je pose le mien à la consigne et grimpe au sixième par la chenille. L’encombrement des premières salles m’incite à visiter Kandinsky selon ma technique habituelle, à rebrousse-temps.

    Me voici presque seul devant les tableaux de la fin, peut-être les plus beaux (beaucoup venus du musée Guggenheim de New York), si souvent vus en reproduction. De là, je remonte doucement vers les origines, croisant au passage l’original du postère longtemps affiché par mes soins dans les classes maternelles où je suis passé, Lyrique, tableau de mil neuf cent onze, venu de Rotterdam, qui montre en quelques lignes un cheval au galop et son cavalier accroché.

    J’aboutis à la première salle, moins peuplée qu’à mon arrivée, constatant encore une fois comme les musées sont repaires de jolies filles. Celle qui est devant moi se retourne soudain et me salue :

    -Ah tiens, bonjour.

    C’est Laurence, une ancienne mienne voisine de venelle rouennaise. Elle me dit les banalités d’usage, que c’est bizarre de se retrouver là, que le monde est petit. Je lui réponds que cela montre que nous avons des intérêts communs, puis lui souhaite une bonne visite.

    Je me revois quand elle habitait là, un jour dans la ruelle, l’invitant à passer le soir même chez moi boire quelque chose (comme on dit). Elle accepte. Je lui dis qu’elle peut venir avec son petit garçon. Non, non, elle le donnera à garder à sa grand-mère.

    Ce soir-là, elle n’est jamais venue. Depuis, elle a déménagé et on se croise (rarement) de-ci de-là.

    Je refais, dans le sens chronologique cette fois, la visite de l’exposition Kandinsky. Avec lui, passant de strate temporelle en strate temporelle, j’évolue vers plus de lisibilité, plus de légèreté, me disant (ce n’est pas très malin) qu’à chaque époque de la vie de ce peintre, quand on en a vu un, on les as tous vus. Cela ne m’empêche pas de rester longuement devant chaque tableau.

    La foule n’est pas trop gênante, le chemin labyrinthique et aéré permet de s’isoler avec une œuvre, ce qui m’est d’autant plus bénéfique qu’aujourd’hui se trouvent à Beaubourg de nombreux éternueurs et éternueuses. Je les soupçonne d’être revenu(e)s du Mexique avec la grippe porcine.

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