• Exposition Léo Kouper au Centre Socioculturel André-Malraux à Rouen

    Par hasard, deux jours avant sa fermeture, j’apprends l’existence d’une exposition de deux semaines consacrée à l’affichiste Léo Kouper au Centre Socioculturel André-Malraux de Rouen.

    Léo Kouper, je connaissais certaines de ses affiches avant de savoir son nom et qui il est. J’ai appris tout ça il y a quelques mois, par un reportage de France Trois Haute-Normandie. C’est qu’il vit à Sommery en Seine-Maritime, en pleine forme à quatre-vingt-trois ans.

    Ce jeudi, en début d’après-midi, je prends le Té Deux en direction de Bihorel Tamarelle, descends à Malraux au lieu-dit Les Hauts de Rouen, demande à l’un qui fait de même où se trouve ce Centre Socioculturel.

    J’y arrive juste pour l’ouverture. L’exposition est là dès l’entrée, en deux salles. Je l’ai pour moi seul. Elle commence par les tableaux d’où furent tirées les affiches des films de Charlie Chaplin dont certaines figurent sur un autre mur. Léo Kouper a beaucoup travaillé pour le cinéma avant que celui-ci ne fasse plus appel au dessin. On trouve là ses affiches pour Mon Oncle de Jacques Tati, Le Miraculé de Jean-Pierre Mocky, La fille du garde-barrière de Roland Topor et Jérôme Savary (à l’époque du Magic Circus), Les Mistons et Une visite de François Truffaut, Une histoire d’eau du même et de Jean-Luc Godard et bien sûr celle d’Emmanuelle, qui lui valut un prix à Cannes, son chef-d’œuvre. Il y a là aussi le tableau préparatoire de l’affiche pour Baby Doll, et puis les publicités qu’il fit pour le champagne Alaya, les petits pois Cassegrain, les bières de Lutèce, le chocolat Mon Chéri, alimentaires et savantes.

    Désormais Léo Kouper travaille pour le théâtre ou l’opéra. Sont là ses affiches pour La Pie Voleuse, L’Arlésienne, le Malade imaginaire, L’Ecole des cocottes (un corps féminin dont les poils pubiens sont des cocottes en papier). Il fait aussi dans le dessin d’humour avec une série sur le thème du peintre et son échelle.

    Je regarde de près, accroupi (c’est placé trop bas), les dessins préparatoires aux cinq panneaux qu’il a conçus en deux mille neuf pour la boucherie Dufils à Forges-les-Eaux.

    Un téléviseur posé en hauteur sur une structure branlante permet de regarder, debout, un court-métrage consacré à l’affichiste. On y voit entres autres Pierre Etaix et Pierre Tchernia dirent tout le bien qu’ils en pensent. « La bonne affiche, c’est la simplicité, avec un peu de poésie pour que ça reste dans la mémoire » explique Léo Kouper (un Charlot dessiné avec de minuscules chapeaux melon, le sourcil de Carmen en forme de taureau). Il dit aussi, à propos de ses affiches politiques non visibles ici (contre la guerre, contre la marée noire), qu’une affiche, ce doit être un cri silencieux.

    « Avez-vous compris que je l’aime beaucoup » c’est ce que dit Pierre Tchernia. Je suis comme lui.

    Avant de partir, je m’entretiens avec le responsable et des employées de ce centre fâcheusement qualifié de socioculturel, regrettant de n’avoir pas su plus tôt, de ne pas avoir pu être présent au vernissage. On m’inscrit sur la liste, on me donne des affiches et des flayeures (un Léo Kouper souriant en feuilles de papier à dessins) et je vais attendre le bus.

    Un homme bricole le moteur de sa voiture cependant qu’une voiture de police passe au ralenti dans un décor d’immeubles condamnés ou en réhabilitation. C’est juste pour me rappeler qu’ici je suis dans une cité (comme on dit). Bientôt, je redescends en ville (comme on dit aussi). L’ambiance musicale est assurée par les jeunes gens qui vont rêver ailleurs. 

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