• Expositions Henri Huet, Jacques Prévert, Hervé Guibert et Marc Trivier à la Maison Européenne de la Photographie

    Un peu avant dix-sept heures ce mercredi, je suis dans la file de celles et ceux qui attendent l’entrée gratuite à la Maison Européenne de la Photographie, rue de Fourcy, dont pas mal d’étudiant(e)s dans le domaine. Le moment venu, cela va vite. Un lot de billets d’entrée est posée sur le guichet, j’en prends un au passage puis mets mon sac à la consigne.

    J’ai le temps de visiter quatre des cinq expositions, à commencer par celle consacrée à Henri Huet Vietnam qui me ramène à mon adolescence, images de guerre du temps où les journalistes suivaient les opérations de près, jusqu’à aider les militaires porteurs de brancard ou à y être tué (l’une des photos montre un religieux américain donnant l’extrême-onction à une journaliste déjà morte). Mourra également là-bas Henri Huet, l’hélicoptère dans lequel il se trouvait lors de l’invasion du Laos par les troupes sud-vietnamiennes ayant été abattu, il y a quarante ans le onze février. Sa dernière pellicule est là visible.

    Je passe aux collages de Jacques Prévert, photos détournées que je connaissais par leur reproduction dans les livres dudit. Ce sous surréalisme m’intéresse peu. Une vidéo montre l’auteur disant ses textes de cette voix métallique que je n’aime pas. Je m’éloigne rapidement pour ne plus l’entendre.

    J’arrive chez l’autre écrivain. Je connais déjà la plupart des photos autobiographiques d’Hervé Guibert. Elles me retiennent autant que ses livres, pas longtemps.

    Là où je m’attarde, c’est chez Marc Trivier dont je découvre l’existence. Sa rétrospective couvre trente années de mil neuf cent quatre-vingt à l’an dernier, tout en noir et blanc. Il est belge, né en soixante, et aime les bons artistes et les bons écrivains dont il montre des portraits naturalistes in situ face à l’objectif, ici mêlés à d’autres portraits, ceux de malades mentaux et à des images d’abattoirs. Ces têtes de veaux, de dingos et d’intellos se marient bien et me plaisent. Je commence à noter des noms : Iris Murdoch, Emil Michel Cioran, Thomas Bernhardt, Andy Warhol, John Cage, Louis-René Des Forêts, Jasper Johns, Pierre Klossowski, Robert Frank, Tadeusz Kantor, Mahmoud Darwich, Kenzaburo Oe, William Burroughs, Samuel Beckett, Michel Foucault, Nathalie Sarraute, Jorge-Luis Borges et puis je laisse tomber, eux et elles sont beaucoup, parmi qui j’élis Hans Hartung à cause de sa jambe en moins.

    Je repars sur les deux miennes. Il est temps de gagner la gare Saint-Lazare d’un coup de métro et de rentrer à Rouen où j’arrive à l’heure promise.

    *

    Jeudi, à dix-sept heures trente, photos encore avec le vernissage de la triple exposition de l’Ecole Régionale des Beaux-Arts de Rouen Chevalier-Marlot-Trémorin, j’en fait le tour, retenu uniquement par celles de Rémy Martot qui met en images les œuvres du Musée Rodin à renfort d’ombres, de reflets dans le miroir et de lumière diffuse.

    Le point commun chez les trois est le très grand format. Chaque œuvre étant protégée d’une vitre, on y voit surtout le reflet des vernisseuses et des vernisseurs dont pas mal d’élèves à la tenue extravagante.

    Bientôt tout le monde est dehors à boire et à grignoter, vin de Touraine pour moi que je sirote en regardant un personnage de Balzac discuter avec un personnage de Walter Scott.

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