• Expositions Ivan Navarro et Sudarshan Shetty à la Galerie Daniel Templon et Annette Messager à la Galerie Marian Goodman

    La porte est ouverte chez Templon, côté galerie principale, et nous y sommes seuls avec la série Nowhere Man d’Iván Navarro, artiste chilien qui a grandi sous la dictature de Pinochet et vit désormais à New York. Sur tous les murs, des sportifs sont en pleine action, inspirés des pictogrammes des Jeux Olympiques de Munich (dus au graphiste allemand Otl Aicher) et réalisés avec des néons standard (cercles et bâtons) tout en respectant les proportions idéales de Léonard de Vinci, des hommes de nulle part, rendus anonymes par la pratique sportive. Iván Navarro, m’apprend le communiqué de presse, est « hanté par les questions de pouvoir, de contrôle et d’emprisonnement physique ou psychologique ». Cela me plaît bien, plus qu’à elle qui me demande de la faire tourner vertigineusement et après que ces sportifs se sont animés nous traversons la rue.

    Toujours chez Templon, galerie secondaire, nous sommes saisis par l’installation de Sudarshan Shetty, artiste indien exposé pour la première fois en France : un immense cube réalisé avec des centaines de petits Taj Mahal métalliques vissés les uns dans les autres. Nous pénétrons à l’intérieur, elle sans mal, moi me cognant la tête, où une vidéo montre ce même Taj Mahal régulièrement détruit par le feu. Allongée sur le sol, elle me photographie multiplié par des miroirs. Deux autres œuvres de Sudarshan Shetty, qui entend dénoncer « le mercantilisme et les dérives de la modernisation fulgurante » de son pays, sont également présentées, moins impressionnantes. Elle laisse son adresse mail à la jolie et sympathique hôtesse afin d’être invitée au prochain vernissage et nous prenons le chemin du Marais.

    Rue du Temple, nous pénétrons dans le luxueux hôtel particulier où se cache la Galerie Marian Goodman afin d’y voir les travaux récents d’Annette Messager, au rez-de-chaussée : A corps perdu (deux mille neuf) grande installation composée de tirages photographiques noir et blanc tirés sur toile de spi et recouverts de tulle noir qui se soulèvent et s’affaissent, chacun commandé par un programme informatique, pour laquelle l’artiste a utilisé des photos de gens qu’elle a perdu de vue (en contrepoint, au pied d’un mur, isolé, gît un noir Cœur au repos), au sous-sol : Et range ta chambre (deux mille sept- deux mille neuf) installation imposante composée d’éléments divers, sur deux murs des cordelettes noires servent de support à une multitude de badges réalisés par l’artiste avec sa propre machine à badges à partir de ses dessins et photographies tandis que des objets de skaï noir gisent au sol dans le plus grand désordre, inquiétante chambre d’enfant qui est tout à fait à notre goût.

    -C’est vraiment bien ce que l’on voit aujourd’hui, me dit-elle.

    Un point de vue que je partage, tout comme la déconvenue qui suit. Rien ne nous plaît rue Vieille-du-Temple chez Yvon Lambert et Xippas, même pas envie de se souvenir du nom des artistes. Nous décidons qu’on en a assez vu. Je l’emmène à l’Institut Culturel Suédois où, malheureusement, les tables de la cour intérieure sont toutes occupées. C’est la terrasse du Sévigné, à l’angle des rues Payenne et du Parc Royal qui nous accueille le temps d’une limonade de la Vierge et puis nous allons prendre le soleil dans un parc voisin où des moutards et moutardes de bonne famille fêtent un bruyant anniversaire. Par le bus vingt-neuf, nous arrivons juste à temps à Saint-Lazare.

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