• Figure humaine à l'Opéra de Rouen

                Jeudi, à l’heure où je vais prendre un café au Marégraphe, j’apprends que celle qui me tenait la main autrefois a eu son deuxième enfant, Rouen est sous le soleil.

                De la Cathédrale me parviennent des bruits de foule semblables à ceux que l’on entend lors d’un concert de rock. Je m’approche. La grande porte est ouverte à deux battants. A l’intérieur, une folle jeunesse hurle régulièrement devant un écran où chante une sorte d’Hugues Auffray. Des matrones à gilets jaunes fluorescents font barrage. Je demande à l’une ce qui se passe :

                -C’est une cérémonie, me dit-elle. On ne peut pas entrer jusqu’à seize heures.

                Pas moyen d’en savoir plus, si ce n’est que ça concerne des élèves de première, d’écoles privées catholiques bien sûr.

                Le spectacle de cette énergie sexuelle détournée vers les bondieuseries me rappelle les fâcheuses Journées Mondiales de la Jeunesse vues autrefois à Paris. Je m’en éloigne et descends sur le quai.

                Un peu après seize heures, je repasse par là. Les catéchisé(e)s sont sur le parvis en train de goûter. Sur les pavés gisent des sacs en plastique, des emballages de bonbons et de gâteaux, des canettes vides, péché véniel.

                Le soir, quand je me rends à l’Opéra pour l’avant-première de Figure humaine, film de Cécile Patingre réalisé pour France Trois Normandie, tout est nettoyé, je ne sais par qui.

                Celle qui a figure humaine, c’est Laurence Equilbey, chef du chœur accentus, bien connue ici.

                Discours de directeur et de présidents (Opéra, France Trois Normandie, Pôle Image), excuses des absentes (la cinéaste à Cuba, la vedette du film à Riga), la projection démarre, belle image et son calamiteux.

                Figure humaine est un bon film. On y voit Laurence Equilbey sur son petit scouteur rouge, malaxée par son kiné, déchiffrant une partition dans le train, mettant au point le chœur, en représentation, et tutti. Elle raconte ses débuts, évoque ses goûts musicaux et les œuvres d’art contemporain qui l’inspirent, celles de Cy Twombly par exemple. Deux choristes masculins parlent d’elle avec des mots d’amoureux.

                A la fin, on applaudit. Un spectateur à voix haute regrette le son pourri. Comme j’ai déjà un pied dehors, je n’entends pas les explications de Daniel Bizeray, directeur.

                Ce sera mieux de ce point de vue (si je puis dire) lors du passage de Figure humaine à la télévision mais, diffusé un samedi après-midi, je ne risque pas de le regarder.

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