• Grand désherbage des petites bibliothèques de quartier rouennaises aux Docks Soixante-Seize

    La ville de Rouen ayant sabordé sa Médiathèque par la volonté de Valérie Fourneyron, ancienne Maire, ancienne Ministre, mal inspirée par Laurent Le Fabuleux, les petites bibliothèques municipales de quartier manquent de place et parmi les ouvrages qu’elles possèdent en plusieurs exemplaires se séparent chaque année de certains, ce qu’on appelle dans le métier pratiquer le désherbage.

    Ce samedi, les documents retirés de l’inventaire sont mis en vente pour un prix modéré (un euro le livre, deux euros les beaux livres) dans le prospère centre commercial Docks Soixante-Seize (qu’à son ouverture je ne voyais pas passer Noël).

    Sous un soleil déjà chaud, je longe longuement la Seine, le pont Flaubert en ligne de mire, et arrive quinze minutes avant l’heure officielle. Une partie des livres est déjà accessible. Nous ne sommes que trois à en profiter.

    On trouve là, dans l’édition la plus récente, les différents tomes du Dictionnaire des auteurs publié par Laffont/Bompiani dans la collection Bouquins (que je laisse à quelqu’un d’autre), les Quarto Gallimard Nouvelles complètes de Pirandello et Œuvres de Simone Weil, des Thomas Bernhard rares Amras et La Platrière, L’Homme-Jasmin d’Unica Zürn et moult autres bonnes choses. Côté beaux livres, je mets la main sur le Skira L’Art brut et sur le catalogue de l’exposition Edward Burne-Jones au Musée d’Orsay en quatre-vingt-dix-neuf.

    Il y a foule autour des cartons au moment où je me retire, un mélange de venu(e)s pour l’occasion et de venu(e)s pour consommer au centre commercial. L’aimable bibliothécaire à qui je paie m’explique que si, par oubli, un ouvrage n’est pas revêtu du tampon « Retiré inventaire », il est facile de s’assurer qu’il n’est pas volé grâce au code barre unique dont il est muni, lequel reste dans la base de données des bibliothèques.

    Revenir à pied d’un si lointain centre commercial avec au bout de chaque bras un lourd sac de livres est une folie. C’est pourtant ce que je fais, arrivant à la maison épuisé et les mains sciées.

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    L’après-midi, passage par la petite vente de livres du Secours Pop, rue de la Pie, afin de donner à cette bonne œuvre une pile d'ouvrages qui m’encombraient.

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    A l’Ubi l’autre jour, où dans mon voisinage on discute du mouvement des intermittents, notamment de ses conséquences pour la Piccola Familia (ici logée) qui doit (devait?) jouer la version intégrale (dix-huit heures) d’Henry VI de Shakespeare dans la Cour d’Honneur à Avignon. L’une :

    -C’est une position un peu tiède, pour aménager la chèvre et le chou.

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    Cette façon de parler qu’ont certaines : « Ma mère, elle nous avait inscrites dans un centre de loisir, on apprenait à faire de la peintuuure, de la coutuuure. »

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