• Jenufa de Leos Janacek à l’Opéra de Rouen

    Je suis vendredi soir à l’Opéra de Rouen en dernier rang d’orchestre, donc surélevé, pour Jenufa de Leos Janacek. Celui-ci n’est pas seulement l’auteur de la musique, il a aussi écrit le livret, d’après Sa belle-fille, pièce de théâtre de Gabriela Preissova. Cela, m’apprend Frédéric Roels, directeur de la maison (qui signe la présentation du livret programme), au moment où mourait de maladie sa fille, Janacek notant sur son manuscrit : « 8 mars 1903, trois semaines après la terrible lutte contre la mort de ma pauvre Olga. C’est fini ».

    Le rideau s’ouvre sur un terrain accidenté surmonté d’une toiture en vé renversé, de quoi accueillir à la fois les scènes d’extérieur et d’intérieur. Pour ce qui est de l’histoire, il est question d’une fille mère (Jenufa) partagée entre deux hommes (Steva et Laca) de qui celle qu’on appelle La Sacristine tue pour son bien l’enfant. L’important n’est pas là mais dans la musique de Janacek et le chant des interprètes.

    Au premier entracte, derrière moi, on se demande où se trouve la Moravie, on sait que ce n’est pas loin des Carpates, mais on ne sait pas où sont les Carpates. Au deuxième entracte, on ne parle que du talent des deux principales interprètes et de l’un des chanteurs. A la fin, c’est beaucoup d’applaudissements et des bravos, surtout pour Barbara Haverman (Jenufa) et Hegwig Fassbinder (La Sacristine) deux voix puissantes et splendides, également pour Atilla Kiss-Balbinat (Laca), moins pour James Mac Lean (Steva) trop vieux pour le rôle. Les autres solistes et le chœur accentus sont aussi félicités et le chef Sallaberger (qui arrive tout rouge de la fosse) et le metteur en scène Friedrich Meyer-Oertel, né en mille neuf cent trente-six, ancien étudiant en publicité, arts graphiques, composition, hautbois, arts du théâtre et musicologie.

    C’était le dernier opéra de la saison et pas le moindre. Si j’avais un abonnement de luxe permettant de voir autant de fois qu’on le veut les spectacles de l’Opéra de Rouen, je retournerai voir cette Jenufa merveilleusement chantée.

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    « La vérité de Jenufa, c’est que cette œuvre nous apprend à écouter et aimer ce qui nous vient d’ailleurs », écrit Frédéric Roels en conclusion de son texte, le genre de cucuterie qui m’énerve.

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