• Après un petit-déjeuner composé de bagels confiture et bananes, pris dans la cuisine semi enterrée où nous côtoyons une voyageuse solitaire qui a dormi dans une chambre minuscule, nous partons à la recherche de l’Office de Tourisme. Nous n’avons aucune documentation sur la ville, pas même un plan. L’autochtone ne semble pas connaître ce service, mais nous le trouvons quand même. Il n’ouvre qu’à onze heures. Pour se protéger du froid glacial, nous entrons dans un centre commercial dont une partie est souterraine. Nous y buvons un café, assis à l’une des tables d’une immense salle entourée de restaurants de toutes les cuisines du monde. Certains mangent déjà chinois et japonais bien qu’il ne soit que dix heures quarante-cinq.

    A l’Office de Tourisme, nous récupérons plein de documentation touristique, tout en anglais, rien en français. Après avoir erré dans des rues sans grand intérêt, nous entrons un quart d’heure avant midi chez Eggsmart, Bay Street, un lieu très fréquenté par la population locale. J’y commande un big breakfast à l’américaine : œufs brouillés, jambon, saucisses, toasts, pommes de terre et pancakes. Celle que j’accompagne se contente d’un sandwich salade. Ce qui me semblait bon dans l’assiette des voisins me déçoit. C’est davantage nourrissant que goûteux. Le café et le thé sont à volonté.

    Nous prenons ensuite, comme la veille, la direction du bord du lac. Nous nous y promenons, trouvant des abris de fortune quand il tombe de courtes averses. Arrivés à une plage quelque peu artificielle, nous profitons de chaises longues d’où nous admirons les décollages et les atterrissages sur l’aéroport situé dans l’île en face, le Toronto City Centre Airport, les avions frôlant l’eau. Comme il fait toujours froid, la deuxième partie de l’après-midi se passe dans notre chambre.

    Le soir venu, nous ressortons et nous trouvons devant le même problème que la veille : chez Fran’s, c’est complet et les autres bars ne nous conviennent pas. Notre errance nous conduit vers le faux Times Square derrière lequel nous dénichons l’Imperial Pub Library. Cet établissement ne paie pas de mine mais à l’intérieur c’est chaud et agréable : un grand comptoir circulaire incluant un aquarium, des tables et une moquette désuètes, plein de livres inintéressants dans des bibliothèques, un billard, des fauteuils et tables basses par-ci par là, de la musique de crooners des années quarante et cinquante et une clientèle à l’allure sympathique de tout âge et tout genre buveuse essentiellement de bière. Les garçons et les filles de salle sont à l’avenant.

    Nous passons là un bon moment avec un demi-litre de chardonnay du pays et un panier de sweet potatoes fries.

    *

    Après la beauté architecturale de Chicago, Toronto nous paraît fade, dont les buildings sont sans charme et les bâtiments administratifs disneylandiens, tout cela dominé par la CN Tower, tour de radio et de télévision de cinq cent cinquante-trois mètres trente-trois de haut, en forme de seringue.

    *

    Le dollar canadien n’est qu’une pâle copie de celui de son voisin. Il vaut quasiment la même chose mais a l’air faux. On pourrait croire qu’il est fait pour jouer au Monopoly.

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  • Levés à 4.15 a.m., nous prenons un dernier petit-déjeuner Michigan Avenue sans avoir jamais revu Kean, notre logeur. Comme il nous l’a demandé par écrit, nous laissons les clés à l’intérieur, tirons la porte derrière nous et descendons attendre Xavier, le taxi.

    A l’heure dite, il n’est pas là. Les minutes passent sans que son taxi n’apparaisse. On commence à vraiment s’inquiéter, quand il arrive enfin avec un de ses collègues qui lui laisse le volant. Il s’excuse. Son collègue qui fait 6 p.m. 6 a.m. est passé le prendre un peu tard. Lui fait 6 a.m. 6 p.m. La voiture roule vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Il fonce sur l’autoroute et on arrive suffisamment en avance à O’Hare, troisième aéroport du monde pour le nombre de passagers après Atlanta et Pékin. Nous faisons enregistrer nos bagages puis attendons l’avion d’American Airlines à la porte 19 du terminal 19. Un appel au micro invite les non Américains et non Canadiens à se présenter au guichet pour une vérification de passeport. Celle-ci, menée par un employé d’American Airlines, ressemble assez à un contrôle policier.

    L’avion n’est pas plus grand qu’un bus mais on y est bien assis, moi près du hublot, elle à ma gauche. L’hôtesse se nomme Grace et porte assez mal son nom. Nous volons au-dessus d’un nid de nuages, vraiment plus beaux vus d’au-dessus que d’au-dessous. Par-ci par-là des trouées laissent voir un lac ou un parc d’attraction. L’atterrissage se fait en douceur et sans mal d’oreilles en ce qui me concerne. On attend longtemps avant de pouvoir quitter l’Eagle par un simple escalier métallique.

    C’est là que mes ennuis commencent avec les services d’immigration du Canada. Après avoir été interrogé en français par une garde-frontière qui ne me pose aucune question tordue, je me retrouve dans la file des immigrants en compagnie d’un nombre conséquent de Chinois tandis que celle que j’accompagne est admise sans problème dans le pays. Elle me rejoint. Je lui dis que je ne comprends pas pourquoi je suis là. Elle va s’en étonner auprès d’une policière qui lui dit que le problème ce n’est pas elle c’est moi. Une nouvelle garde-frontière peu aimable m’interroge en anglais à qui je fais savoir en français que je suis furieux d’être qualifié d’immigrant alors que je suis un touriste. Celle avec qui je voyage traduit. On trouve suspect que je n’aie pas de billet de retour (alors que nous en avons un par le bus), suspecte aussi notre différence d’âge, enfin on me soupçonne de ne pas avoir assez d’argent pour vivre une semaine au Canada (alors que j’en ai sans aucun doute davantage que ce cerbère qui ne sait même pas ce qu’est une chambre bed and breakfast). La dragonne finit par nous dire que c’est ok et me dit même que je suis welcome, à quoi je lui réponds que non je ne suis pas le bienvenu. Elle me demande si c’est la première fois que je viens au Canada. « Yes and nevermore ».

    On croit s’en être sortis quand on constate qu’on est toujours dans un parcours spécial immigrant et qu’il faut maintenant passer nos valises aux rayons X. Après cette ultime persécution, nous sommes admis dans ce pays que jusqu’à présent je croyais accueillant et elle peut enfin fumer une cigarette, cependant que je ne décolère pas.

    Un taxi nous emmène Schuter Street, chez Linda, où un Chinois parlant peu l’anglais, le frère de ladite, nous accueille dans une chambre pas encore faite. On y laisse nos bagages et après s’être assuré auprès de passants que l’on peut payer en dollars américains dans ce pays inamical, on déjeune dans la même rue chez Fran’s : Chicken Asian Salad pour elle et All Canadian Burger avec frites en dés pour moi, un demi-litre de chardonnay, café et thé. Nous y ajoutons deux énormes sundaes, Hot Fudge pour moi et Chocolate pour elle. Il fallait bien ça pour se remettre un peu.

    Ensuite traversant le centre ville dont la rue principale est barrée au profit d’une fête commerciale et où les buildings ont l’air construits à la hache (normal pour des descendants de bûcherons, lui dis-je définitivement fâché avec ce pays), nous nous dirigeons vers le lac Ontario en passant sous des autoroutes. Nous nous posons au bord de l’eau, regardant passer les nymphettes qui batifolent et les avions qui se posent sur l’île en face.

    Nous rentrons pour quelques occupations informatiques dans une chambre pas très grande mais suffisamment confortable et le soir venu nous cherchons où boire un verre. Chez Fran’s, c’est complet. Ailleurs, c’est peu engageant. Finalement, nous entrons dans un bar où c’est surtout de la bière qui est servie. On se rabat sur des cocktails, un Wild Berry pour elle, un Blue Bayou pour moi, lesquels s’avèrent peu alcoolisés. Il n’empêche que j’ai mal à la tête quand nous nous couchons. Ma nuit est moyenne. Je la passe en partie à maugréer contre le Canada.

    *

    Il faut dire qu’en plus c’est à cause de moi si nous sommes là. Quand celle qui a organisé ce périple m’a dit qu’on remonterait jusqu’aux Grands Lacs, je lui ai dit « Dans ce cas, allons voir les chutes du Niagara », sans me rendre compte de ce que ça signifiait. Ce pourquoi elle a ajouté pour me faire plaisir cette étape canadienne.

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  • C’est notre dernière journée à Chicago. Après le petit-déjeuner pris à l’intérieur, ayant repéré de notre hauteur une concentration de taxis couleur bordeaux garés dans une rue parallèle à Michigan Avenue, nous descendons en réserver un pour samedi matin nous emmener à l’aéroport. Un chauffeur est là près d’une voiture. Il s’appelle Xavier et parle français, étant camerounais. Il est d’accord pour venir nous chercher à six heures du matin.

    Le bus 4 nous emmène jusqu’à Congress. De là, nous allons faire le tour de Buckingham Fountain, l’immense fontaine de Grant Park qui servait de point de départ à la mythique Route 66, copiée sur celle de Latone à Versailles, en deux fois plus grand naturellement, devant laquelle je la photographie, puis nous nous renseignons sur le concert gratuit que doivent donner le Chicago Symphony Orchestra et son chef Riccardo Muti en fin d’après-midi au Jay Pritzker Pavilion.

    Nous rejoignons ensuite Rush Street où, selon le Guide Bleu, on peut manger la meilleure pizza de la ville, chez Giordano’s. Il est midi, nous sommes dans les premiers. Bientôt, la belle salle rouge se remplit. La serveuse nous indique que la spécialité que l’on convoite, cette Chicago Famous Stuffed Pizza, nécessite quarante-cinq minutes de préparation. On l’attend donc patiemment en compagnie d’un verre de chardonnay. Elle est énorme, surtout en épaisseur, composée d’une couche de fromage, d’italian beef et de coulis de tomate, accompagnée d’une salade, et excellente. Nous la mangeons en entier, surtout moi, alors qu’à d’autres tables on fait appel au doggy bag.

    La pluie, lorsque nous sortons, nous prive d’une promenade digestive. Les bus 3 et 4 nous reconduisent chez nous où nous prenons le café et le thé avant de faire un petit somme.

    Nous partons pour Millenium Park à 3.30 p.m. afin d’y ouïr à 6.30 p.m. Carmina Burana (Carl Orff’s choral blockbuster) interprété par the CSO dirigé par Riccardo Muti le Magnifique (featuring Maria Grazia Schiavo, Rosa Feola, Antonio Giovannini, Audun Iversen, the Chicago Symphony Chorus and the Chicago Children’s Choir). Nous nous plaçons dans la file où l’on attend pour obtenir un siège devant la scène. La pluie menace mais inutile d’espérer des places abritées, elles sont réservées. Certains ont choisi de s’installer sur la pelouse avec leurs propres pliants (dont l’un du Tour de France) et pique-niquent en famille, un verre de vin à la main. Les bénévoles de Bank of America, mécène du concert, nous offrent une gourde siglée du nom de la banque et de celui du Chicago Symphony Orchestra. On obtient deux sièges à 5 p.m. que l’on essuie avant de s’y asseoir. Malheureusement, il ne tarde pas à repleuvoir et pas qu’un peu. C’est sous les parapluies que l’on attend l’heure de début du concert, sûrs de n’en rien voir.

    Au dernier moment, des places réservées non occupées deviennent accessibles. On s’y précipite mais il est trop tard. Après nous être fait jeter des abords du plateau, nous nous retrouvons debout sous la pluie près des toilettes, d’où l’on voit partiellement la scène. Les vigiles débordés tentent de nous déloger au prétexte d’issue de secours mais nous tenons bon et arrivons à voir la plupart des musiciens et des choristes présents sur le plateau.

    Riccardo Muti arrive. Il salue les autorités, la banque et les spectateurs puis lance l’hymne national qu’il dirige dos à l’Orchestre. Dans un grand élan de patriotisme mouillé, l’ensemble du public, la main sur le cœur, chante The Star-Spangled Banner. Le Maestro tourne ensuite sa baguette vers les musiciens et les choristes et place à la musique moyenâgeuse de Carl Orff,. Carmina Burana ne nous enchante pas mais on apprécie la gestuelle de Riccardo qui parfois se trémousse de façon assez drôle, tel un cormoran avant l’envol. De gros applaudissements saluent la fin de ce concert qui marque la fin de l’été à Chicago. Nous n’attendons pas l’issue des saluts pour nous extraire de la foule et choper un bus 4 qui nous ramène au 2901 South Michigan Avenue, vingtième étage, trempés et congelés.

    *

    Riccardo Muti est celui qui, le douze mars deux mille onze, à l’Opéra de Rome, alors que le public lui demandait de bisser le Va pensiero du Nabucco de Verdi dénonça les coupes budgétaires du gouvernement de Berlusconi mettant en péril la culture italienne.

    Un spectateur :

    -Vive l'Italie!

    Riccardo le Magnifique :

    -Oui, je suis d'accord sur le «Vive l'Italie», seulement... Je n'ai plus trente ans et donc ma vie est faite. Mais, en tant qu'Italien, qui parcourt le monde, je suis très peiné par ce qui est en train de se passer. C'est pourquoi si, à votre demande, je bisse le «Va pensiero», je ne le fais pas tellement, ou uniquement pour des raisons patriotiques... Mais ce soir, tandis que le chœur chantait «Oh ma patrie, si belle et perdue» j'ai pensé que si nous tuons la culture sur laquelle reposent les fondements de l'Italie, notre Patrie, véritablement, sera bel et bien perdue.

    À la rigueur, vu que nous sommes dans un climat très italique, et que très souvent Muti* s'est adressé à des sourds, durant de longues années... Je voudrais, faisons une exception: nous sommes ici chez nous, dans le théâtre de la capitale... Comme le chœur l'a chanté magnifiquement et que l'orchestre l'a très bien accompagné: si vous voulez vous aussi vous joindre à nous, faisons-le tous ensemble.

    Mais en mesure!

    (* muto signifie «muet».)

    Cette performance filmée par Arte est visible sur You Tube.

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  • Peu de sommeil pour moi, la faute au fichu bruit lié à la tempête, comme si une éolienne se mettait en route régulièrement sur le toit. Je sors du lit flappi et grognon. Le petit-déjeuner me remet un peu d’équerre. Je repère sur la carte une localité nommée Evanston. Elle est située au nord de Chicago au bord du lac Michigan. Nous décidons d’y aller.

    Pour ce faire, nous prenons le bus 4, puis la Red Line du métro jusqu’au terminus (Howard) puis la Purple jusqu’à la station Davis située au centre d’Evanston. C’est une charmante petite ville résidentielle et universitaire de soixante-quinze mille habitants. On y découvre le Mount Everest, dans Church Street, un restaurant népalais et indien qui propose un buffet à volonté le midi pour 9.95 dollars.

    Nous y faisons un excellent déjeuner : bonnes viandes, bons légumes, bonnes sauces, tout cela accompagné de nans fondants. Seul le dessert nous déçoit un peu : trop sucré à notre goût. La clientèle est locale : employé(e)s, étudiant(e)s, retraité(e)s. C’est complet à l’heure où nous en ressortons.

    Celle que j’accompagne demande à une passante si le lac est dans le coin. Il l’est, au bout d’une rue de maisons cossues. Nous nous asseyons sur un banc face à l’étendue bleue. Nous sommes à dix-neuf kilomètres de Chicago, nous apprend le Guide Bleu de l’Est des Etats-Unis.

    Les maisons sont séparées du lac par une large avenue et une pelouse arborée où nous faisons une petite sieste puis nous nous promenons sur la berge. Un double panneau nous met en garde : « Lake Michigan is a dangerous body of water. Swimming in Lake Michigan is dangerous and may cause severe injury or death » « Beach officially closed ». Ce qu’un passant a commenté à la craie : « Lake Michigan is a beautiful treasure. Relax and enjoy » « Is the air closed ? is the water closed ? ». Les pompiers locaux discutent tranquillement au bord de l’eau. Je photographie sous toutes ses coutures leur énorme camion (Evanston Fire & Life Safety). Au loin nous apparaît Chicago, dressée vers le ciel bleu.

    Quand nous regagnons le centre de la petite ville balnéaire, nous prenons un café et un thé en terrasse au soleil chez Bat 17, lesquels nous sont mystérieusement offerts.

    Nous rentrons par la Purple qui a cette heure de rush va jusqu’au Loop à grande vitesse et descendons à Madison/Wabasch. Le bus 4 nous reconduit chez nous où la douche est bonne partagée.

    *

    Evanston abrite la Nordwestern University (dix mille étudiants), l’une des plus prestigieuses universités de l’Illinois.

    *

    Le beau camion des pompiers d’Evanston a coûté cinq cent cinquante mille dollars, m’apprend Ouiquipédia.

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  • Bien qu’il fasse un peu froid au réveil, nous prenons le petit-déjeuner au balcon. Nous attrapons ensuite un bus 4 jusqu’à Jackson dans l’idée de rejoindre la Blue Line, juste à côté sur le plan.

    Loopé, on se plante bien, cela parce que la station est enterrée et que nous passons devant sans la voir. Pour ne pas revenir sur nos pas, nous prenons la Pink jusqu’à Clinton puis la Green dans l’autre sens et rattrapons ainsi la Blue.

    Elle nous conduit à Damen. Vu d’en haut, ça a l’air animé mais d’en bas nenni. On marche quand même un certain temps avant de décider de reprendre le métro jusqu’à Logan Square. Un fois là, nous découvrons un paysage déprimant, plein de boutiques de pauvres dans des rues désertes et sales, comme une image du désert mexicain, il ne manque qu’un ou deux cactus et un squelette de tête de bœuf.

    On retourne à Damen voir s’il n’y a pas où manger. Nous tentons un premier restaurant dont l’intérieur est trop laid, un deuxième qui est hors de prix. On continue, continue, continue sur Milwaukee Avenue sans rien trouver. Epuisés, nous retournons Downtown après avoir attendu le métro vingt bonnes minutes. On descend à Clark & Lake où hopefully se trouve devant nous Ronny’s Steak House.

    Celle que j’accompagne choisit une big Chicken Caesar Salad et j’opte pour un Daily Special comprenant deux côtes de porc panées, une énorme boule de purée et une assiette de salade. La clientèle se compose essentiellement de gros blacks dont une qui remercie bruyamment le Seigneur pour la purée qu’elle s’apprête à engloutir. Après le repas, nous nous dirigeons vers la Chicago River et prenons un thé et un café chez Dick’s Last Resort dont la terrasse d’étage domine la rivière. Le serveur est sympa, la décoration surabondante (dont un grand portrait d’Elvis Presley) mais il est interdit de danser sur le garde-corps et de balancer des trucs dans l’eau.

    Nous reprenons la promenade avec pour but le Lake. Marchant sur Illinois Street, nous passons sous une autoroute et voyons que c’est plus loin qu’estimé so it sucks nous prenons le bus 66 jusqu’à Navy Pier. Là, nous découvrons que c’est le lieu d’implantation du parc forain que nous apercevions de loin et l’embarcadère de tous les bateaux touristiques. Nous tournons le dos à la foule des familles, trouvant de l’autre côté de la presqu’île un banc au soleil. Nous poussons ensuite jusqu’à la pointe. Elle est balayée par un vent froid qui ne donne pas envie de rester. Nous rejoignons Michigan Avenue par le bus 124, où l’on fait des courses chez Walgreens. Un bus 3 puis un 4 nous ramènent à notre appartement haut perché.

    Thé, café, checking de l’étape suivante qui se fera en avion, on finit le merlot glacé avec des chips et du concombre tandis que le vent souffle à fond. La nuit venue, un bruit bizarre lié à la tempête, venant d’un balcon voisin ou du toit, perturbe mon sommeil.

    *

    Dans le couloir du vingtième étage, le chauffage a remplacé du jour au lendemain la climatisation. Il y fait désormais aussi chaud qu’il y faisait frais. C’est-à-dire trop.

    *

    Oublié d’évoquer pour la journée d’hier, notre jeu de cache-cache, à Grant Park le long de Michigan Avenue, dans l’Agora de Magdalena Abakanowicz, installation monumentale de cent six marcheurs sans têtes en fonte, chacun mesurant environ neuf pieds et ayant par sa texture, une personnalité différente. Ces marcheurs ont été créés dans une fonderie industrielle près de Poznan avant d’être transportés aux Etats-Unis et installés à Chicago en octobre/novembre deux mille six.

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  • Au réveil, malgré le soleil revenu, le vent est glacial sur le balcon aussi prenons-nous le petit-déjeuner à l’intérieur puis, par le bus 4, nous descendons Michigan Avenue jusqu’à Jackson. Là se trouve l’Art Institute of Chicago qui n’ouvre qu’à 10.30 a.m. aussi faisons-nous un tour dans Millennium Park en considérant les beaux buildings alentour depuis la sinueuse passerelle BP (BP Pedestrian Bridge), due elle aussi à Frank Gehry, qui enjambe Columbus Drive. A l’ouverture, après avoir pris les billets, nous laissons nos sacs à la consigne payante (un dollar par dépôt).

    L’Art Institute est un bien beau Musée pas trop fréquenté ce mardi. On y trouve la plus grande collection de peintures impressionnistes du monde (après Paris) et bien d’autres oeuvres. Je note en vrac Solitaire de Balthus, Le réveil dans la forêt de Delvaux, Nu avec un pichet de Picasso, les photos d’identité géantes de Thomas Ruff, les photos de plage de Rineke Dijkstra (maillots de bains ridicules), Day(Truth) de Ferdinand Holder, les lettres défilantes de Jenny Holzer (Blue Tilt), American Gothic de Grant Wood, Screamin’ Jay Hawkins de Karl Wirsum (1968), Beata Beatrix de Dante Gabriel Rossetti, Adam et Eve de Cranach l’Ancien, la statue Vater Stadt de Thomas Schütte (2010) sans oublier Un dimanche à la Grande Jatte de Seurat. Les présents regrettent le Hopper absent, Nighthawks est à Paris.

    Tout cela nous comble mais nous épuise. A 12.45, nous quittons le lieu de culture et par le bus gagnons un lieu de nourriture, le Yolk, où elle choisit une big salade avec des fruits et moi, un Patty Melt (burger en triangle, steak à cuisson « rare » garni d’oignons grillés entre deux tranches de fromage dans du pain rustique grillé, drôlement bon et copieux presque trop. Ensuite nous buvons un café et un thé un peu chers (2.55 dollars).

    Sortis de cette auberge, nous allons glander dans le parc au bord du lac Michigan où souffle un vent un peu trop frais. On s’assoit un moment sur un banc abrité au soleil puis nous nous promenons autour du Planetarium et de l’Aquarium où s’exposent les Jellies. Le ciel devient noir et même menaçant. On rentre par le bus 4 en s’arrêtant en route pour acheter du pain. Elle descend au niveau M où se trouve une laundry collective réservée aux habitants de la tour et fait une longue lessive, puis c'est l'heure de l'apéro au merlot glacé et chips concombre.

    *

    Ce mardi à Chicago se termine la grève des trente mille enseignants commencée le dix septembre, dont parle en France Rue Quatre-Vingt-Neuf. Le différent avec le Maire, Rahm Emanuel (ancien chef de cabinet de Barack Obama à la Maison-Blanche), reposait « sur les critères d’évaluation des enseignants, liés en grande partie aux performances de leurs élèves, et sur leurs conditions de réembauche, en cas de fermeture d’établissement, qui seraient liées précisément à leur compétence et non à leur ancienneté, comme ça l’était auparavant. ».

    *

    J’apprends incidemment que « les enseignants de Chicago sont parmi les mieux payés des Etats-Unis avec un salaire d’environ 4 500 euros par mois ».

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  • Après un bon petit déjeuner frisquet sur le balcon, nous partons vers South Loop avec l’envie de retrouver la sculpture de Miro mal vue la veille pour cause de fatigue. Nous nous arrêtons au niveau de ce qui ressemble à un bâtiment signé Frank Gehry et découvrons une structure organique ultra réfléchissante vraiment belle et photogénique, le Cloud Gate d’Anish Kapoor. Le bâtiment voisin est bien de Gehry, c’est un immense théâtre de plein air, le pavillon Jay Pritzker. Nous sommes dans Millennium Park, partie de Grant Park, où nous faisons moult photos de notre reflet sur le Cloud Gate et de l’architecture en copeaux de Gehry sur fond des plus beaux gratte-ciel.

    Celle qui m’a amené en Amérique achète un briquet puis nous piquons à l’intérieur de la ville à la recherche de la sculpture. On se perd. On s’épuise. On la trouve finalement. Puis on cherche longuement de quoi faire une pause et on tombe sur un autre Billy Goat. Nous y prenons un thé et un café pas bon en terrasse puis cherchons où déjeuner, nous heurtant à des restaurants de chaînes peu tentants.

    Nous retournons, faute d’autre choix, au South Loop Club où l’on nous installe en terrasse. L’ambiance sonore est confiée au chantier du futur lycée voisin. J’opte pour un BBQ ½ Rib et elle choisit une Grilled Chicken Salad, avec deux verres de chardonnay. Las, ma viande, c’est surtout de l’os (quand on demande à la serveuse de quelle viande il s’agit, elle ne sait pas nous répondre), la salade semble être en plastique et est parsemée de poulet caoutchouteux et les Sweet Potatoes Fries (en supplément, un dollar) sont quasiment inexistantes. Le café ne rattrape pas l’affaire, c’est du jus de chaussettes.

    Fort déçus, nous prenons au hasard la Red Line, mais comme elle s’avère souterraine nous en descendons une station plus loin et grimpons dans la Orange, faisons un tour de Loop, puis prenons la Green vers Harlem, ce qui nous fait refaire un tour de Loop.

    Harlem est un quartier bourgeois à jolies maisons. Nous y commandons une limonade en terrasse au seul café ouvert à un corner. La serveuse est épouvantable. Elle commence par renverser de la limonade sur mon pantalon et n’apporte pas de quoi essuyer. Quand on réclame, elle nous donne le vieux chiffon qui lui sert à essuyer les tables, puis nous demande avec insistance si on veut du gâteau, puis revient nous demander si on veut une autre limonade, puis nous apporte l’addition, puis vient voir si on a payé. Quand on se décide à partir, on lui laisse vingt pièces d’un centime en tip.

    Nous reprenons le métro et nous arrêtons à Conservatory Central Park Drive pour aller nous relaxer dans Garfield Park, un jardin public paisible et gratuit que l’on atteint après avoir traversé d’immenses serres tropicales. Nous y sommes presque seuls sur un banc au soleil. Au loin, un couple de garçons fait des photos. Un peu plus tard, l’un d’eux nous propose de nous photographier alors que nous jouons dans une pièce emplie de blancs ballons de baudruche. Il est steward et parle un excellent français appris à Nantes.

    La Green nous ramène dans le Loop à State & Lake. Nous y faisons quelques courses, un réveil, de quoi manger le soir, puis at home. Nous avons l’un et l’autre besoin de nous reposer, aussi nous installons-nous sur le balcon pour l’apéritif, mais nous sommes très vite délogés par une grosse drache. Derrière les baies vitrées de notre vingtième étage, nous regardons les énormes nuages noirs encercler la ville.

    *

    De là-haut, j’assiste le matin à la remise en route des transports en commun. Lignes de bus, lignes de métro et lignes de train alternent, toutes parallèles, de la périphérie à Downtown. Ne peuvent se rencontrer que celles et ceux qui habitent sur une même ligne droite.

    *

    Je considère également du haut du balcon l’autoroute en esse où la circulation jamais ne cesse. Un jour, le flot des voitures et des camions a commencé à couler. Il se perpétue jour et nuit. J’essaie d’imaginer le jour où il s’arrêtera, à la suite de quel drame.

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  • Lorsque nous nous levons à 7 a.m., il fait nuit noire. La ville à nos pieds brille de tous ses feux. Nous en sommes un peu étonnés et apprendrons plus tard qu’il n’était que six heures, un fuseau horaire ayant été franchi hier. Nous prenons le petit-déjeuner sur le balcon afin de profiter de la vue sur une partie de South Loop à notre droite, tandis que le jour se lève doucement.

    Par le bus 4 nous descendons vers Downtown. Nous le quittons près de la Chicago River et continuons Michigan Avenue à pied. Nous sommes dans le North Loop, la plus belle partie de la ville, à l’architecture éblouissante. C’est également le quartier des magasins de luxe, toujours utiles pour leurs toilettes. Nous faisons de multiples photos des magnifiques buildings de toutes les époques et de tous les styles. On finit par arriver au bout de la Michigan là où l’avenue rejoint le lac du même nom. On se pose au peu sur un banc. Entre la plage et nous, une voie pédestre et cycliste où se fatiguent de nombreux sportifs et sportives du dimanche.

    Comme nous pensons qu’il est 11.30 a.m. nous cherchons un restaurant et après divers errements on arrive à une adresse conseillée par Le Petit Futé (acheté faute de Guide de Routard), le Billy Goat Restaurant. On a du mal à trouver l’entrée, c’est dans un sous-sol et c’est immonde, le pire burger jamais mangé en Amérique, avec un steak de deux millimètres d’épaisseur.

    Heureusement, en retrouvant l’air libre, nous apercevons la terrasse d’un restaurant dont j’oublie de noter le nom et nous y faisons un deuxième repas bien bon dont j’oublie de noter le détail. Près de nous mangent des policiers, certains en civil, d’autres en tenue (l’un avec sa casquette à l’envers). Ils veillent sur le tournage d’un film, précisément sur une scène qui doit se tourner sur le pont levant de Wabash Avenue que l’on voit, levé, de l’endroit où l’on mange. C’est là que nous apprenons qu’il n’est que 12.30 p.m. et non pas 1.30 p.m.

    Après un thé et un café, nous descendons au bord de la Chicago River face au building circulaire alvéolé dont les douze premiers étages sont réservés aux voitures. Nous nous asseyons au bord de l’eau et regardons ce qui se passe. Le réalisateur du film sillonne les flots dans un hors-bord, tignasse blonde coiffée en arrière, corps issu du culturisme. Sur le pont levant levé, une moto fixée indique une cascade à venir que l’on n’attendra pas. Nous demandons à un vigile de quel film il s’agit. Il l’ignore, sait juste que c’est un film d’action (on s’en serait douté).

    Nous nous baladons le long de la Chicago River et prenons un cookie quelque part. Ensuite, on grimpe dans le métro Pink, une rame aérienne qui nous mène jusqu’à Central Park, zone de maisons de pauvres sans parc visible. On fait cent mètres à pied dans ce quartier peu engageant et demi-tour par la Pink et tour de Loop. En descendant, courses chez Walgreens, vins, fruits etc. et l’on passe devant une sculpture de Miro qu’on décide de revoir demain et puis on rentre au 2901 South Michigan Avenue, vingtième étage.

    Après un thé, nous partons à la recherche du lac qui d’après l’annonce de Kean se trouve à deux blocks. Nous nous heurtons à une friche vaguement en chantier entourée de barrières qu’un couple de jeunes Chinois nous invite à contourner. Nous traversons ensuite une voie ferroviaire puis une autoroute. Quand on aperçoit la queue du lac, on est épuisés. Un petit port peu éclairé nous laisse indifférents. Il fait nuit. Énervés par le mensonge de Kean, nous regagnons notre haut logis et au lit.

    *

    Le Loop, boucle que forme le L (elevated), métro aérien du centre de Chicago dont les rames brinquebalent en ébranlant une structure métallique datant, dit-on, de l’Exposition Universelle de mil huit cent quatre-vingt-treize, plus impressionnant quand on se balade à pied dessous que lorsqu’on le prend, surtout quand il tourne à angle droit.

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  • Chic chic Chicago, c’est aujourd’hui le départ d’Indianapolis. Nous trouvons un petit papier sur la table de la cuisine par lequel Chad nous propose d’emporter le reste des croissants mous et nous souhaite un bon voyage. Avec ma lourde valise et sa très lourde valise, nous quittons l’immense maison de briques rouges et prenons le bus 8. Nous en descendons devant un centre commercial et rejoignons à pied la glauque gare Greyhound. Le départ de notre car est prévu pour 11 a.m.

    Des moutards crasseux courent ou couinent. Des paumés avec plein de sacs sont affalés ici et là. Deux très jeunes Amish, garçon à bretelles et fille en coiffe (c’est sa petite Amish, dis-je à celle que j’accompagne) considérent tout ça en souriant aux enfants. Ils ont l’air cent pour cent déroutés. Elle m’explique que dans cette communauté, il est proposé aux adolescents d’aller se frotter au monde extérieur, puis de décider s’ils veulent revenir ou pas.

    Il est maintenant onze heures sans qu’il soit question du départ. Pas même un signe d’impatience dans la file d’attente, beaucoup en profitent pour aller se racheter un Coca. Celle que j’accompagne demande à l’un des deux types chargés de mettre les bagages dans les cars, qui s’emploie présentement à manier le balai, pourquoi on ne part pas. Pas de chauffeur, lui répond-il.

    A onze heures et demie, une conductrice black arrive l’air de fort mauvaise humeur. Sans doute a-t-elle été appelée pour pallier à la défection de celui prévu et est-elle furieuse d’avoir son week-end foutu. Avec une lenteur et une application soviétiques, elle fait le tour du véhicule, vérifie pneus et essuie-glaces, puis remplit d’interminables formulaires. C’est totalement crispant mais un Américain ne se plaint pas. Il est midi et quart quand nous sommes autorisés à monter dans le car.

    Le paysage est plat et monotone. Bientôt, le bébé fait dans sa couche, ce qui rend l’air irrespirable pendant une demi-heure. Vers Gary on aperçoit de belles usines de métallurgie et passé La Fayette un immense parc de plusieurs centaines d’éoliennes. Régulièrement, sur les bas-côtés, de grandes pancartes incitent à porter plainte en cas d’accident de la route ou d’examen scolaire non réussi, en gros le numéro de téléphone des lawyers.

    Enfin nous arrivons à Chicago. La ville semble prometteuse mais nous ne trouvons pas le bus prévu. Nous marchons dix bons blocks jusqu’à Michigan Avenue. Là, nous prenons le bus 4 qui remonte cette avenue, la principale de la ville, jusqu’à la 29th Street. C’est à ce carrefour que se trouve notre nouveau logis.

    Personne n’est là pour nous accueillir. Nous nous heurtons à une barrière fermée à clé. Un garde sympathique vient à notre secours. Il nous fait entrer et sonne à l’interphone au numéro de notre futur appartement mais nul ne répond. Il nous accompagne jusqu’à notre étage, le 21 floor, tout en haut de l’immeuble. La porte est ouverte. Personne n’est à l’intérieur. Kean, notre logeur, a juste déposé les clefs dans un coin en oubliant de nous laisser le code Internet et basta.

    Nous découvrons notre nouveau logement. C’est un grand studio assez confortable avec une vue incroyable depuis le balcon, mais on est loin du centre et pas un restaurant ni un commerce dans les parages.

    Nous repartons donc en ville en emportant l’ordinateur afin d’écrire à Kean, achetons un pass de transport, de quoi manger pour le breakfast puis cherchons un restaurant, mais dans cette partie de Downtown tous sont fermés. Un habitant du lieu nous explique que le Loop est un quartier de bureaux, les restaurants sont ouverts le midi pour le business mais pas le soir.

    Nous en trouvons finalement un : le South Loop Club. Ce sera un Bison Burger pour moi, un Beef Wrap pour elle. La cruchette qui nous sert ignore ce qu’est une cuisson « rare ». La patronne le lui explique. C’est bien bon avec des frites en tire bouchon et un verre de chardonnay. Avant de rentrer, nous allons par un pont au-dessus de l’autoroute jusqu’au bord du lac Michigan. Le spectacle est magique à la tombée de la nuit.

    Rentrés à l’appartement, nous en sommes à boire un thé sur notre plate-forme aérienne quand Kean débarque en pyjama. Il est moins jeune et plus gros que sur les photos qui décorent les murs. Il nous donne des serviettes, le code Internet et repassera demain, nous dit-il, pour la carte de la laundry du sous-sol, l’ampoule de la lampe qui ne fonctionne pas et les draps qui manquent cruellement dans notre lit.

    Notre nuit est belle et profonde devant la grande baie vitrée éclairée par l’activité humaine qui ne s’arrête jamais.

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  • Pour notre dernier jour à Indianapolis, Chad a racheté des petits croissants mous sous plastique. Nous en mangeons quatre, améliorés avec de la confiture pommes/bananes. Il pleut salement dehors, aussi restons-nous à la maison pour faire l’itinéraire jusqu’à l’appartement de Chicago (notre prochaine étape) et écrire à celui qui nous l’a loué via Internet afin qu’il soit là à notre arrivée.

    Vers 11 a.m., il fait un peu meilleur. Au moment de sortir pour prendre le bus 8, nous croisons Chad en caleçon. Lui aussi semble étonné de nous voir dans sa maison.

    Le bus est calme ce matin. Nous en descendons à l’entrée de Downtown et mangeons excellemment à l’Acapulco’s Joe Mexican Food. Pour elle un Taco Salad fort copieux, pour moi une Quesadilla Deluxe qui ne l’est pas moins, cela avec un verre de chardonnay et suivi d’un café gratuit mais pas de thé.

    Quoi faire à Indianapolis quand on y est depuis trois jours ? Nous nous promenons vers le nord, croisant de jolies maisons et un petit parc privé (common neighbourhood garden) où l’on se repose sur des chaises longues orange en regardant les travailleurs de pelouse. Reprenant notre errance, nous découvrons une mosquée crémeuse et le luxueux YMCA at the Athenaeum, ancienne maison d’une organisation allemande, dont on utilise les toilettes.

    Nous continuons sur Mass Avenue. A l’occasion de la semaine de la mode, on y a installé une animation à led orange représentant une fille qui se trémousse de manière sexy. Celle que j’accompagne la filme avec son appareil photo puis me photographie sur Massachusetts Avenue, minuscule au pied d’une fresque géante représentant Kurt Vonnegut souriant d’un air avenant, une œuvre due à Pamela Bliss. Arrivés à Market Street, aujourd’hui sans marché, nous nous posons à une table publique. Le soleil est revenu, on y boit un café et un chocolat accompagnés de mini brownies achetés par ses soins à proximité. J’entre dans le marché couvert à la recherche des toilettes, y suis salué par un vieux policier d’un « Hello, folk ». Sur le mur de briques, je note cette utile maxime : If you find yourself in a hole, the first thing to do is to stop diggin’.

    Après rien, on rentre, on reprend le thé puis on se balade dans notre quartier de résidence où l’on trouve beaucoup de pauvres, surtout des blacks, dont certains nous regardent bizarrement. Personne ne se promène à pied hors du centre dans ces villes de province américaines. Quant à y voir des Français, ce ne doit pas être souvent. Demain, nous quitterons Indy sans avoir vu la culotte d’une prostituée.

    *

    Une escale dont on aurait pu se passer, tel est notre bilan de l’étape Indianapolis.

    *

    J’y ai pourtant fait de nombreuses photos du beau bleu gigantesque hôtel Marriott, le plus grand hôtel JW Marriott du monde, mille cinq chambres.

    *

    Dans cette ville, comme dans les précédentes hormis New York : abus de statues et de plaques commémoratives, pas seulement à la gloire des chefs militaires mais aussi à celles des chevaliers d’industrie.

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