• J’ai les clés et je prends le métro seul, ne confondant pas Uptown avec Downtown ni le Direct avec le Local. Par la ligne B, je vais jusqu’à West Four Street Washington Square et je fais le tour du Washington Square Park où des clochard(e)s se lavent dans le bassin à jet d’eau. Pendant que la chaleur monte, je marche dans Greenwich Village jusqu’à l’Hudson River. La vue est magnifique sur le bas de Manhattan, les tours en construction, New Jersey en face, au loin la Statue de la Liberté. Assis sous les arbres, à l’une des tables métalliques mises gratuitement à la disposition du promeneur, je prends des notes près de peintres du mardi et d’un vigile à matraque qui échappe momentanément au travail. Le temps est orageux. Parfois tombent quelques gouttes. Au bord de l’eau court un petit vent frais alors qu’à quelques centaines de mètres c’est la chaleur épaisse. L’impression de paix n’est troublée que par les hélicoptères. Je me croirais bien en Suisse au bord du lac Léman.

                Vers dix heures et demie, je retourne dans le centre du Village, mettant mes pays dans ceux de Mark Twain, Edgar Allan Poe, Jackson Pollock, Edward Hopper, Jack Kerouac, Allen Ginsberg, Bob Dylan, Norman Mailer (fondateur avec d’autres du Village Voice) and co.

                Avant midi, je cherche un restaurant. Ne trouvant pas mon bonheur dans Bleecker Street, je passe par le Sheridan Square où je prends en photo les couples de gays et lesbiennes statufiés par George Segal, ignorant celle du général Sheridan, l’auteur de la formule « Un bon Indien est un Indien mort » ( Cet endroit tranquille a été le lieu des émeutes les plus meurtrières de Etats-Unis en mil huit cent soixante-trois pendant le guerre de Sécession, deux mille morts chez les pauvres qui protestaient contre le privilège des riches d’échapper à la conscription). J’arrive Gay Street et au bout découvre le Waverly Restaurant, breakfast lunch dinner, où j’entre et mange une petite soupe aux nouilles puis un énorme Salisbury Steak avec des French Fries, pour finir un grand café à l’américaine puis un autre offert par la maison. Le personnel est mexicain ou du moins latino, comme dans beaucoup d’établissements de la ville. Tout cela ne me coûte que onze dollars quatre-vingt-quinze soit neuf euros  J’ajoute les deux dollars de tip.

                Je retourne me rafraîchir au bord de l’Hudson prenant en photo un ensemble de sculptures rouges à pois blancs de Yayoi Kusawa servant de publicité pour son exposition du Whitney Museum of American Art, peu ou prou la même que celle vue à Paris au Centre Pompidou. Le temps reste orageux. Les quelques gouttes qui tombent me font du bien. Les peintres du mardi sont toujours là, tournant le dos à un homme noir allongé sur le sien. A la table voisine de la mienne, un gros balayeur glande, s’endormant presque. Deux hommes s’embrassent chaudement contre le parapet puis vont se chauffer sérieusement sur la pelouse.

    En fin d’après-midi, je rentre par le métro sans faire d’erreur, descendant à la Cent Vingt-Cinquième Rue, dite Martin Luther King, puis remonte à pied Convent Avenue, écrasé par la chaleur.

    Quand celle que j’attends rentre du travail, la soirée est festive et le bon bordeaux pour ma girl friend bu avec un steak à l’américaine cuisiné par ses soins.

               *

    Plaisirs du restaurant américain : le verre d’eau glacée qui arrive dès que l’on s’installe à la table désignée et le café resservi autant de fois que désiré, le serveur se baladant dans la salle avec la cafetière emplie d’un café comme on le fait à la maison.

    *

    Ne surtout pas oublier le tip, les serveurs étant payés une misère. Le truc du Guide du Routard pour en laisser un correct (et donc ne pas passer pour un radin de Français) : multiplier la taxe par deux.

    *

    Terrible choc thermique quand on passe du métro climatisé à la station surchauffée, pas loin de mourir à chaque fois.

    *

    Les plus avisés des New-Yorkais ne se déplacent jamais sans un parapluie, du plus beau ciel bleu peut surgir un orage ou une averse brutale. Dix minutes après, le ciel est à nouveau bleu.

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  • Lundi treize août, c’est jour de travail pour celle que j’accompagne en métro jusqu’à son agence. Me voici seul pour la première fois dans la ville, en bordure de Chinatown, il fait très chaud. Je pars au hasard. Baxter Street, je longe les effrayants bâtiments du Manhattan Detention Complex (aka The Tombs), passe par une rue entièrement dédiée aux pompes funèbres chinoises dans laquelle stationnent des corbillards qui disparaissent sous des monceaux de fleurs et arrive à Colombus Park où je cherche un peu de fraîcheur. L’endroit est empli de Chinois d’un certain âge qui jouent à divers jeux ou discutent sur les bancs. J’entre dans les toilettes dégoûtantes puis me pose sur l’un des bancs. Sur celui d’à côté, un ivrogne muni d’un sifflet de police s’en prend bruyamment à la fille qui chasse les premières feuilles mortes avec un lance-air. Je file et trouve Little Italy qui se résume à une simple rue ayant perdu toute authenticité.

    Un peu plus tard, je prends un café sur la Bowery puis un horrible donut quelque part dans l’East Village avec un énorme café brûlant. Cet endroit ne possède pas de toilettes. Trouver des restrooms est un problème. Je finis par demander au vigile d’une clinique ophtalmologique de la Deuxième Avenue l’autorisation d’user de ceux de l’établissement (ce qu’il accepte), rejoins la Première Avenue, puis l’Avenue A, m’assois dans Tompkins Square Park où un vieux Noir à barbe blanche joue au saxo Somewhere Over The Rainbow. Un branlotin nerveux fait tomber son hot-dog frites. Il le ramasse à l’aide du plastique et le jette dans une poubelle. Les cigales accompagnent le saxophone que ne troublent pas les jeux d’enfants pas bruyants. Je regarde New York City vivre et je suis en sueur.

    Je prends un jus d’orange à cinq dollars au coin de Ludlow Street et de Rivington Street, chez Spitzer’s Corner, un établissement à grandes tables en bois où l’on passe devant la caméra de surveillance la pièce d’identité des clients étrangers qui paient par carte bancaire.

    Par Essex Street, j’arrive à Seward Park où je cherche et trouve un banc à l’ombre. Ce jardin est fréquenté essentiellement par des familles chinoises aux enfants pleurnichards. Une factrice vient s’asseoir à côté de moi. Son chariot aux poches flasques montre que sa tournée est terminée. Elle se plaint de fatigue, mange la cochonnerie qu’elle a achetée je ne sais où puis attrape la barre métallique qui permet de diriger son chariot et repart. Le camion du glacier fait entendre sa petite musique.

    Je traverse une bonne partie de Chinatown, restaurants et boutiques de souvenirs, affluence et mauvaises odeurs, puis vais me poster à l’angle de Walker Street et de Centre Street, là où celle qui travaille à proximité m’a fixé rendez-vous. Un Américain me demande son chemin. Des Chinoises pauvres font les poubelles des restaurants afin d’en récupérer les bouteilles en plastique. Hormis moi, nul ne les regarde.

    Quand celle que j’attends arrive, elle m’emmène dans un restaurant chinois où nous prenons un plat de canard comportant surtout des os près d’une famille de Québécois sachant aussi bien se faire obéir de ses enfants que des parents français. Fuyant l’endroit, nous prenons un verre de chianti cher et moyen dans la rue décorée de guirlandes électriques façon Noël de Little Italy.

    Bien que je sois fatigué, nous allons en métro jusqu’à Times Square où grouillent des centaines de touristes aveuglés par la lumière des publicités, un lieu que je classe vite parmi les plus laids et vulgaires que je connaisse.

    *

    Les Chinois sont assez mal vus par les Américains, me dit-elle, notamment parce qu’ils crachent par terre.

    *

    Quelque part dans l’East Village, une fresque murale à la gloire de Joe Strummer, le chanteur des Clash.

    *

    Taxis taxis taxis jaunes

    Trucks trucks trucks comme autant de jouets d’enfants

    School bus endormis par les vacances

    Sirènes hululantes des ambulances et des pompiers (parfois le camion de pompier, drapeau au vent, barrit comme un éléphant)

    Et l’inquiétante musiquette de Mister Softee.

    *

    Des taxis, des glaciers, des school bus, des pompiers et des ambulances elle m’avait parlé, mais des trucks non, comme si elle ne les avait pas vus ces énormes camions semi remorque à la cabine démesurée et démodée. « Les camions, c’est vraiment un truc de garçons », me dit-elle.

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  • Dimanche matin, au lieu d’essayer comme des touristes d’assister à une messe gospelisée, nous nous baladons dans Harlem en remontant Convent Avenue, qui est l’une des rares diagonales de New York City, et nous attardons entre les bâtiments du New York City College, « gigantesque et étonnant complexe architectural » (comme dit Le Routard).

    Cette université construite dans le style néogothique fut le premier établissement supérieur public et gratuit des États-Unis et un vivier de Prix Nobel en physique, chimie, médecine et économie. Elle est l'œuvre de l'architecte George Browne Post. Il doit faire bon y étudier.

    A l’heure du déjeuner, celle que j’accompagne m’emmène sur Lenox Avenue chez Jacob’s, un self renommé qui vend ses plats au poids (environ dix dollars le kilo). On y est tôt et c’est tant mieux car c’est petit et vite plein, notamment de Français l’adresse est dans le Guide du Routard, un inconvénient que fait oublier la good soul food. Un musicien y installe son matériel mais nous partons avant qu’il ne joue pour faire une sieste à Convent Avenue, rafraîchis par le ventilateur.

    Dans l’après-midi, on prend une citronnade quelque part, pas très loin de Wall Street que l’on va ensuite voir de près. Elle me photographie devant le Stock Exchange orné d’un immense drapeau étoilé. Contre le mur du cimetière voisin sont avachis une dizaine de jeunes gens, ce qu’il reste du mouvement Occupy Wall Street.

    Le soir venu, invitée dans une party, elle m’y entraîne. Cela se passe à la frontière de Chinatown dans le bâtiment où elle travaille, à l’étage au-dessus de son agence. Un ascenseur nous dépose directement à intérieur de l’atelier dans lequel on fête l’anniversaire d’un collaborateur dans la demi obscurité et le bruit généré par un didjai. Le boss de l’endroit salue celle que j’accompagne. Je lui explique que je parle un « very bad english ». Il me répond qu’il peut parler anglais avec un accent français. Il y a là filles et garçons plutôt jeunes et de la mouvance hipster. On y boit des vodkas orange en mangeant des toasts végétariens. Nous discutons avec une grande photographe qui travaille en free lance avec les gens d’ici et ceux du dessous. Elle boit trop et s’avérera dangereuse quelques jours plus tard lorsqu’elle accusera l’un de ses employeurs de harcèlement sexuel, l’une des pires choses qui puisse arriver à un Français aux Etats-Unis. Quand se présente celui pour qui la fête est organisée, on regarde sur un immense écran un film publicitaire qu’il vient de réaliser et le boss fait un discours dans lequel il explique combien il est heureux de travailler avec lui et joyeux anniversaire. Un immense gâteau crémeux apparaît, dont nous mangeons une tranche à la vodka orange, puis nous prenons l’escalier. Elle me montre le toit où elle fume clandestinement lorsqu’elle travaille. D’autres y sont, dont le gardien de l’immeuble qui craint d’être repéré par son employeur et nous confine dans un coin. Une partie de New York brille autour de nous. Je ne sais pas très bien où je suis.

    *

    Il me faut un peu de temps pour me mettre NYC en tête. Pourtant son plan est des plus simples. La ville ressemble à un appareil génital masculin, avec Manhattan comme grosse queue (dont Harlem est la base), Brooklyn est la couille bien ronde et le Bronx en figure les poils pubiens, comme l’a remarqué et dessiné je ne sais qui, image trouvée sur le réseau social Effe Bé.

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  • Le matin suivant mon arrivée, je découvre l’appartement non climatisé de Convent Avenue dans lequel je vais passer trois semaines. Un long couloir étroit dessert la cuisine et les trois chambres de la colocation régie par un Mexicain un peu caractériel qui ne doit pas me trouver là. Nous prenons le petit-déjeuner dans cette cuisine dont le mobilier et les équipements sont à la taille américaine. J’ai l’impression d’être assis sur la chaise de Papa Ours. Par la fenêtre à guillotine, on aperçoit ce qui se passe dans les appartements d’en face. Je fais la connaissance de l’un des colocataires, un Portoricain qui s’apprête à déménager sans prévenir le Mexicain. L’autre, un Américain d’origine chinoise n’est presque jamais là.

    Il fait chaud, très chaud. Nous sortons faire un tour dans le quartier. C’est ma première vision de Harlem le jour. Je découvre les brownstone houses, les escaliers de secours courant sur les façades, les châteaux d’eau sur les toits. Le gospel attendu sort des églises, Des femmes africaines discutent sur des chaises installées sur le trottoir devant un salon de coiffure traditionnel. Ce sont des immigrantes récentes, venues de pays francophones. Elles ne sont pas représentatives de la population noire, laquelle est dans son ensemble totalement américanisée.

    L’heure du déjeuner approchant, celle qui habite le quartier depuis cinq mois et demi me suggère de manger mon premier burger. Pour ce faire, j’inaugure la carte de subway qu’elle m’a offerte (accompagnée d’un kit de survie). J’apprends à swiper pour franchir le tourniquet et découvre l’atmosphère particulière qui règne dans ce métro dont les usagers savent faire preuve d’élégance, que ce soit dans leur habillement ou dans leur manière de se tenir.

    Nous ressortons de terre à Brooklyn et entrons chez Shake Shack dans Fulton Street où nous commandons des Smoked Shack. L’employée confie un boîtier électronique à celle que j’accompagne et on va s’asseoir. Quand le boîtier vibre, c’est que c’est prêt. Elle se lève, revient avec notre nourriture à manger avec les mains qui s’avère fort bonne.

    La meilleure chose à faire pour découvrir la ville, me dit-elle, c’est d’aller à Governors Island. Comme je me sens en forme malgré le voyage et le décalage horaire, nous rejoignons l’embarcadère à pied et prenons le ferry qui fait gratuitement la navette. L’île est peu connue des touristes, elle offre une magnifique vue sur le bas de Manhattan, celui que tout le monde connaît par les films et les photos, où sont en construction les tours qui remplaceront les Twin Towers.

    Nous faisons le tour de l’île à pied. La Statue de la Liberté nous fait signe de son île voisine tandis que se meuvent des bateaux de toutes sortes et que tournent des hélicoptères. Governors Island a connu des jours meilleurs et militaires, comme l’indiquent ses bâtiments en ruine. Elle est aujourd’hui paisible. On y entend bien les cigales ou les bêtes du même genre qui stridulent dans les arbres. Je photographie celle que j’accompagne faisant de la balançoire pour adultes. La boucle bouclée, nous prenons une glace organic comme on dit ici, biologique comme on dit en France, et comme un ferry peut nous emmener pour quatre dollars par personne en divers points de la ville, on le prend.

    Le New York Water Way « Lincoln » nous transporte ainsi de Governors Island à la trente-quatrième rue en passant (de part et d’autre d’East River) par Wall Street, Dumbo, Williamsburg, Long Island et Green Point. C’est une parfaite découverte des divers aspects de la ville sans mettre le pied à terre. A l’arrivée, après une longue marche dans la chaleur épaisse et quelques hésitations, on prend le bus numéro Trois qui nous ramène à Harlem en longeant Central Park.

    Fenêtre ouverte sur la cour intérieure où un pauvre Chinois récupère les bouteilles en plastique dans les poubelles, nous faisons un léger repas au Martini.

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  • Partir à dix heures zéro huit de la gare de Rouen est le moyen le plus sûr de ne pas rater l’avion de dix-neuf heures trente à Roissy. Arrivé à Châtelet, je prends un menu vapeur au restaurant chinois où j’ai mes habitudes, puis un café en face au Béarn, enfin le Herreuherre Bé qui mène à Charles-De-Gaulle et dans lequel se côtoient qui rentre du travail (ou y va) et qui part en voyage.

    Je descends au terminal Deux A et patiente un long moment face au comptoir d’XL Airways jusqu’à l’heure de l’enregistrement des bagages. Pas de problème, ma valise pesée la veille sur la balance d’une voisine respecte la norme.

    En attendant l’embarquement, j’assiste à l’arrivée de l’avion et à sa préparation : la mise en place de la tentacule pour l’accès des passagers, l’usage des élévateurs pour charger les bagages et les plateaux repas.

    Ce n’est pas sans appréhension que je m’apprête à passer par-dessus l’Atlantique pour rejoindre celle qui vit à New York depuis de longs mois. Il y a bien longtemps, lorsque je suis allé chercher en Israël celle qui allait devenir ma fille, j’ai horriblement souffert du mal d’oreilles à l’atterrissage et n’ai depuis pas voulu renouveler l’expérience, mais comme dit madame Michu, l’amour donne des ailes.

    J’ai un siège central dans la rangée du milieu et pour voisine de gauche une emmerdeuse qui trouve que je prends trop de place. Je lui propose d’échanger ma place avec la sienne, ce qui suffit à la faire taire. Le décollage s’effectue normalement. L’équipage distribue le repas médiocre. Le vin étant payant, je prends un jus d’orange.

    Après un long vol sans autre souci que quelques turbulences, c’est l’atterrissage que j’affronte en mâchant moult chouigne-gommes. Mes oreilles souffrent, mais moins que redouté.

    L’avion posé, je le quitte sans tarder sur le conseil de celle qui m’attend pas loin (le contrôle à la frontière sera long, m’a-t-elle écrit, essaie d’être dans les premiers). Je prends ma place dans la file d’attente. Un policier, ignorant tous les autres, s’approche de moi et me demande mon passeport. J’obtempère. Il me le rend sans commentaire. J’avance peu à peu et arrive au guichet où l’on doit faire profil bas. Un corpulent policier noir prend toutes mes empreintes digitales puis ma photo sans lunettes. Il me demande si je viens à New York « for pleasure ». « Yes ». L’intéresse ensuite de savoir quand je quitterai son pays : “At the end of september ». « Welcome to New York », me dit-il en me rendant mon passeport tamponné.

    L’attente est plus longue avant qu’apparaisse mon bagage sur le tapis roulant. Je subis un nouvel interrogatoire relatif à son contenu et à la fiche de douane que j’ai remplie dans l’avion, où j’ai bien spécifié que je n’arrive pas avec de la boue rurale aux pieds. Le jeune homme en uniforme qui me questionne veut surtout savoir quand je repars. Je le rassure. C’est alors la « bottle of wine » que contient ma valise qui l’inquiète. Je n’arrive pas à comprendre pourquoi il s’étonne de sa présence et il m’est difficile de converser avec lui vu mon niveau en anglais. La situation se débloque lorsque je lui dis que c’est pour ma girl friend. « Ah yes, your girl friend, it’s ok ».

    Je trouve le panneau Exit et la cherche des yeux. Elle surgit dans son joli chorte vert, cinq mois et demi que je ne l’ai pas tenue dans mes bras.

    C’est un taxi jaune qui nous emmène à Harlem, Convent Avenue. Il est minuit, heure de New York, six heures du matin à Rouen Je viens de passer vingt-quatre heures sans dormir. La nuit est belle et chaude.

    *

    Plus tard, parlant de la difficulté pour un étranger de mettre le pied sur le sol des Etats-Unis, elle me cite cette formule qu’elle tient de je ne sais qui : « En France, à la frontière, si tu viens d’ailleurs, on te préjuge innocent et à toi de confirmer que tu n’es pas coupable ; ici, on te préjuge coupable et à toi de démontrer que tu es innocent. » Je confirme la seconde moitié du propos.

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  • Aller aux Etats-Unis d’Amérique ne se fait pas comme ça. Il me faut d’abord faire à la Mairie de Rouen un passeport biométrique, laisser les empreintes de tous les doigts de mes deux mains dans le fichier de l’Etat, puis solliciter des Etats-Unis une Esta (Electronic System for Travel Authorization). Pour ce faire, évitant les faux sites où se font pigeonner les inattentifs, je me connecte quelque temps avant le départ au site de l’Ambassade qui me conduit au site officiel du Gouvernement.

    Je commence par jurer que je ne souffre ni de chancrelle, ni de granulome inquinal, pas davantage de maladie mentale, puis je réponds aux questions que l’on me pose.

    « Demandez-vous l’admission aux Etats-Unis dans l’intention de vous livrer à des activités criminelles ou immorales ? ». C’est mal me connaître. Que non.

    « Avez-vous autrefois été impliqué(e), ou êtes-vous maintenant impliqué(e), dans des activités d’espionnage ou de sabotage ; de terrorisme ; de génocide ? » Pas du tout.

    « Avez-vous l’intention de chercher du travail aux Etats-Unis ? » Manquerait plus que ça.

    « Avez-vous retenu, volontairement ou par la force, un enfant dont le droit de garde avait été confié à un ressortissant américain ? » Fichtre non.

    Après avoir coché tous les non, je paie les quinze dollars demandés et reçois immédiatement mon autorisation d’entrer dans le pays, que j’imprime.

    Me voilà paré, je fais mon bagage en suivant les recommandations de celle que je vais rejoindre outre-Atlantique et en route.

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