• Journal du voyage en Amérique du Nord (16) : vendredi vingt-quatre août deux mille douze, New York City (Brooklyn : Tom’s Restaurant, Green-Wood Cemetery, tombe de Basquiat)

    Celle que j’accompagne a le vendredi libre en compensation du travail jusqu’à pas d’heure le quinze août. Nous partons pour Brooklyn où je veux l’inviter au Tom’s Restaurant, rue de Washington. Nous avons la chance d’y obtenir sans attente une table dans la salle principale. L’ambiance, la déco kitsch, la clientèle mélangée et élégante, la cuisine (steaks Salisbury, frites françaises), les signatures de célébrités au mur, la photo d’Obama qui nous regarde manger, tout lui plaît autant qu’à moi, c’est parfait un café et un thé pour finir.

    Elle veut ensuite me faire connaître le cimetière de Green-Wood qu’elle a déjà visité et où (je l’ai appris par Le Guide du Routard) Basquiat est enterré. On ne sait pas comment le rejoindre à pied. On se renseigne à la Brooklyn Library et nous voici partis. On longe Prospect Park, c’est long et il fait très chaud. On tourne à droite, le cimetière est en vue mais quand on y arrive, c’est à une porte qui n’ouvre que le samedi. Il nous faut donc faire presque tout le tour pour trouver une porte ouverte. C’est interminable. On touche le but épuisés, moi de plus ronchonnant. Dès franchie l’immense arche de style gothique, je m’écroule sous un arbre, cependant qu’elle a le courage d’aller acheter de quoi se rafraîchir à la station service en face.

    Nos glaces à l’eau consommées, on se présente au check-point. Un gardien ou un garde nous donne un plan. Basquiat ne figure pas parmi les célébrités enterrées là (Bernstein, Tiffany et des militaires). Un ordinateur à la disposition des visiteurs voulant trouver la tombe de leurs proches nous indique qu’il est tout en haut. Nous grimpons dans la chaleur épaisse. On arrive au secteur 176, lot 44 603, vaste lot où l’on cherche en vain. Aux quelques visiteurs à qui on demande, le nom de Basquiat ne dit rien. Nous sommes fatigués. Elle s’assoit sur un banc. J’aperçois un homme qui fait des photos. Je vais lui demander et miracle il connaît JM Basquiat et sait à peu près où est sa tombe.

    Je la trouve et appelle celle qui n’était pas loin de renoncer, une petite pierre tombale dans une longue ligne où sont surtout des Italien(ne)s, entre celles des familles De Lorenzo et Russo. Quelques offrandes, dont une roue à vent multicolore, l’ornent. Nous y ajoutons les sucettes qui nous ont été offertes par Tom’s Restaurant. « Jean-Michel Basquiat Artist Dec 1960 Aug 1988 » est-il simplement écrit.

    On fait quelques photos puis on prend le temps de visiter le reste du cimetière en redescendant vers la sortie, six cent mille tombes sur près de deux kilomètres carrés, éloignées les unes des autres dans une atmosphère paisible, avec des inscriptions familières (Mother, Father and co) et parfois des offrandes kitsch. Ici sont enterrées les familles Paillard, Dalton, Kinder et Asleep mais bien vivants sont les écureuils, les hérons et les gardes armés qui patrouillent en voiture.

    Exténués, nous prenons le métro D et rentrons à Convent Avenue pour un apéro grignotage : raisins congelés sans pépins, bol de gingembre brûlant, puis elle s’occupe un peu de l’organisation du voyage de septembre.

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    « Ne deviens pas une statistique », c’est la mise en garde de la MTA (Metropolitan Transportation Authority) à qui aurait envie de pénétrer dans le train alors que les portes se referment. Suit le nombre de morts enregistré chaque année parmi les adeptes de cette pratique.

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    Autre conseil, que l’on ne trouve pas seulement dans le métro : « If you see something, say something. ». Il suffit d’appeler 1-888-NYC-SAFE.

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