• Journal du voyage en Amérique du Nord (30) : vendredi sept septembre deux mille douze, Pittsburgh, Pennsylvanie (Oakland University, Monongahela Incline)

    Notre dernière journée à Pittsburgh commence par une mauvaise nouvelle. Au réveil, celle qui s’est occupée de tout apprend que la chambre réservée à Columbus est inaccessible par bus. Après le petit-déjeuner, elle passe donc un certain temps à en chercher une autre, mettant des options sur plusieurs. En conséquence, quand nous quittons la maison de Wilkinsburg elle doit se charger de son ordinateur pour connaître les réponses. C’est notre seul moyen de communication avec l’extérieur lointain, ce qui surprend toujours nos interlocuteurs américains :

    -We have no car and no cell phone.

    -Really?

    Un bus va à Oakland University, lieu remarquable. On le prend et on se retrouve bientôt au pied de la Cathédrale du Savoir (Cathedral of Learning), building de quarante-deux étages de style néogothique datant de mil neuf cent trente-cinq. Nous y pénétrons et grimpons d’un coup d’ascenseur rapide au 36th floor d’où l’on a une vue superbe sur la ville de Pitt et les lointains.

    Redescendus, nous visitons les salles de cours non occupées des étages inférieurs. Chacune est meublée et décorée à l’image d’un pays du monde. Nous terminons la visite par l’immense salle de lecture du 1st floor aux hautes voûtes gothiques où travaillent sous les lustres à de petites tables rondes de studieux étudiants et d’appliquées étudiantes.

    Nous nous installons à l’une de ces tables. Tandis que je parcours le journal quotidien de l’Université, elle tente de se connecter à Internet mais pas moyen de le faire sans code d’accès personnel. Je passe par les restrooms pour hommes où l’on pourrait faire pipi à cinquante mais j’y suis seul.

    Face au gratte-ciel de la Cathédrale du Savoir se trouve la Heinz Chapel, réplique de la Sainte Chapelle parisienne. Après l’avoir parcourue, nous retournons vers le bâtiment universitaire et avisant un professeur sur un banc occupé à manger des sushis, celle qui me tient la main lui demande où il les a eus. Tous simplement au sous-sol du bâtiment géant. S’y cache la cafétéria des étudiants chanceux où tout un chacun est autorisé à se restaurer. Diverses cuisines du monde y sont proposées. Nous achetons makis et sushis que l’on mange dans le parc, assis sur un banc à l’ombre. L’étudiant du banc voisin nous demande d’où l’on vient. Il étudie le français et le parle à peu près bien.

    Puis, comme notre Guide Bleu de l’an quatre-vingt-quatorze nous dit qu’on est à deux kilomètres de Downtown, on entreprend sous un soleil ardent la descente de Forbes Avenue qui y mène tout droit. Notre but nous apparaît assez vite plus loin qu’indiqué. Un Mc Do nous permet de faire une pause thé et café. Nous sommes un peu tendus, fatigués par la marche et la chaleur. Tandis qu’elle consulte Internet, je vais attendre dehors, photographiant le Pamela's Diner dont les vitres à l’étage sont ornées d’une inscription de soutien à Obama 2012. Elle me rejoint avec une bonne nouvelle : on aura une chambre à Columbus chez un jeune couple sympa. Ils viendront même nous chercher en voiture à la gare Greyhound.

    Nous reprenons la descente de Forbes Avenue, interminable et épuisante, côtoyant des voies rapides, traversant une bretelle à la course. Nous arrivons enfin dans une vague zone commerciale, rincés par la chaleur et la trop longue marche, et entrons dans un bar quelconque pour y prendre café et thé. Le comptoir circulaire où sont accrochés des solitaires me fait penser à Hopper.

    -Hopper, c’est bien, me dit-elle, sauf si on est dedans.

    Nous repartons courageusement et on finit par arriver Downtown. Nous trouvons Smithfield Street, tournons à droite, traversons la Monongahela River par le Smithfield Bridge et prenons le funiculaire (Monongahela Incline, 1870) qui nous conduit au sommet du mont Washington qui fait face au centre ville. Là-haut,  nous allons de belvédère en belvédère d’où nous prenons en photo de haut les buildings de Pitt, ses rivières et ses ponts élégants. On aperçoit très loin la Cathédrale du Savoir d’Oakland. C’est fou ce qu’on a marché.

    Redescendus et repassés sur l’autre rive, nous faisons quelques courses, salade de tomates, salade de fruits et vermouth.

    Dans le bus P71 qui nous ramène à Wilkinsburg, on retrouve l’une des dames inquiètes de l’autre jour et rentrés à la chambre, on en boit un peu trop de vermouth.

    *

    A Pittsburgh : les casques à petit rétroviseur de certains cyclistes.

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