• Journal du voyage en Amérique du Nord (48/2) : mardi vingt-cinq septembre deux mille douze, Niagara Falls, Ontario (elle et moi refoulés des USA, moi une nouvelle fois malvenu au Canada)

    A l’entrée du pont qui enjambe la rivière Niagara se trouve un tourniquet qui nous demande cinquante cents pour le franchir. On les lui donne, sans se douter que c’est une mauvaise idée, nous venons de franchir la frontière entre le Canada et les Etats-Unis. A l’autre bout de ce Rainbow Bridge nous attend un garde-frontière américain. Celle que j’accompagne lui explique que nous voulions juste voir les chutes de la rive d’en face. Il nous demande nos passeports. Nous ne les avons pas avec nous. Il n’apprécie pas et nous envoie nous asseoir près d’une laide copie de la Statue de la Liberté. On attend, pas très fiers, tandis qu’il interroge les ordinateurs de l’Oncle Sam à notre sujet.

    Quand il nous rappelle, c’est pour nous expliquer ce que c’est qu’une frontière. Vous n’êtes pas en Europe. Ici, ce sont les USA. Il nous signifie un refus d’entrée aux Etats-Unis et le notifie par écrit. Nous faisons le chemin inverse, bien ennuyés par notre bévue.

    À l’autre bout du Rainbow Bridge nous attend maintenant un garde-frontière canadien. On lui explique notre problème. Il nous dit que si c’est un problème pour les Etats-Unis, ce n’en est pas un pour le Canada. Il nous demande de nous diriger vers la douane. Nous traversons la route et prenons place au bout d’une file d’attente de touristes descendus d’un car mais un homme vient nous chercher et nous mène devant une garde-frontière. Celle-ci nous explique qu’au contraire, c’en est un problème et un grave. Nous avons droit à une nouvelle leçon sur la notion de frontière puis elle prend nos noms et interroge son ordinateur. On y trouve trace de l’entrée au Canada de celle que j’accompagne, mais pas de la mienne. Est-ce que mon passeport a bien été tamponné à l’aéroport de Toronto ? Je ne puis l’en assurer. Me voici dès lors une nouvelle fois suspect. Elle veut savoir si on est vraiment ensemble, me soupçonne d’être entré illégalement sur le territoire. Nous avons le numéro du vol American Airlines avec lequel nous sommes arrivés à Toronto mais elle nous dit qu’elle n’a pas le droit d’interroger les ordinateurs de cette compagnie aérienne. Elle finit néanmoins par accepter de le faire, nous envoie nous asseoir.

    Quand elle nous rappelle, c’est pour nous dire que nous sommes autorisés à partir. On lui demande ce qui se passera vendredi quand il s’agira pour nous de repasser aux USA, notamment si mon passeport n’est pas tamponné. Elle nous répond qu’aujourd’hui elle s’occupe du problème d’aujourd’hui.

    On a fait une belle connerie, nous disons-nous une fois libres. Outre l’histoire de mon passeport peut-être pas tamponné, il y a le refus d’admission aux Etats-Unis qui peut avoir des conséquences fâcheuses. L’une des questions posées sur le formulaire d’entrée est : « Avez-vous déjà fait l'objet d'un refus d’admission aux Etats-Unis ? ». Pour celle qui compte y revenir dans le futur, l’inquiétude est encore plus grande.

    Nous retournons au Secret Garden, y prenons thé et coke puis longeons dans l’autre sens la rivière au-dessus de laquelle se trouve à mi parcours une sorte d’autel à la mémoire d’un qui est mort là, peut-être en se jetant en contrebas.

    Arrivés à la gare routière, nous attendons le Greyhound de 8.05 p.m. pour Toronto. Partant à l’heure, fonçant dans le noir, s’arrêtant dans des villes où nul n’est dehors, il nous dépose en avance.

    Nous allons à pied jusqu’à chez Linda et nous couchons fatigués et inquiets après avoir toutefois constaté que le tampon du Canada figure sur mon passeport.

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