• Journal du voyage en Amérique du Nord (51/2) : vendredi vingt-huit septembre deux mille douze, New York City (Staten Island)

    Enfin nous sentons la ville et y pénétrons par le Lincoln Tunnel, heureux à sa sortie de revoir les buildings familiers. Arrivés à Port Authority, nos bagages récupérés, extrêmement fatigués, nous prenons le métro 1 jusqu’à Battery Park et y attendons une demi-heure le ferry pour Staten Island où nous devons loger. Il fait encore chaud dans cette ville, moins qu’en août, mais bien plus que là d’où nous venons.

    Cette journée a trop duré. Je suis totalement épidermique, ne supportant pas qu’un clochard qui pue vienne s’asseoir à côté de moi sur le bateau, n’ayant qu’une envie que ça s’arrête. Celle que j’accompagne n’est pas moins épuisée que moi, devant en plus supporter ma mauvaise humeur. Hélas, nous ne sommes pas au bout de nos peines, la maison d’hôtes annoncée à six minutes à pied du débarcadère est située bien plus loin. Nous pestons en tirant nos valises (la sienne toujours extrêmement lourde) sur au moins deux kilomètres et en montant, mis sur le chemin du 14 St Marks Place par deux femmes vulgaires et bruyantes. Des types louches rôdent, certains contrôlés par le NYPD.

    Finalement, nous arrivons devant une belle maison où comme convenu nous prenons la clé dans une boîte à lettres, Dans le noir, nous trouvons l’entrée de notre chambre sur la gauche en contrebas et découvrons l’endroit où nous devons passer deux nuits : un sous-sol, bas de plafond, où je tiens à peine debout. Le lit n’est qu’un matelas posé sur le sol. La douche est minuscule et haute d’un mètre soixante-dix. C’est sale. On trouve des toiles d’araignées partout. Il y fait très chaud, le climatiseur est hors d’usage. Un détecteur d’oxyde de carbone est fixé sur le mur car la chaudière est dans un réduit qui donne directement dans cette chambre. Nous sommes dégoûtés, après un voyage si éprouvant, d’être tombés dans ce trou.

    De plus, nous n’avons rien mangé depuis le petit matin. Il est quasiment 11.00 p.m. Nous ressortons, trouvons deux passants à qui demander où. Ils nous indiquent que le Clipper, ce restaurant où nous avons mangé lors de notre premier passage sur l’île, est ouvert 24/24. Il nous faut redescendre les deux kilomètres jusqu’au port.

    Quand nous entrons, c’est accueilli par une musique retentissante, mélange de pop rock au bar et de salsa dans le restaurant transformé ce vendredi soir en salle de cours de danse. On nous y installe quand même, près de tables où de vieux beaux draguent des femmes qui y croient encore. Le prof de danse est une sorte de surfeur latino. Muni d’un micro-cravate, il donne sa leçon. Les femmes trop maquillées se le disputent. On se croirait dans une petite ville de province, en France ou ailleurs.

    Nous commandons deux énormes burgers qui nous sont servis par Maggie, une quadragénaire un peu délurée et bien brave. Dans un bruit tonitruant, nous dégustons avec un verre de chardonnay, moi un Blue Cheeseburger, elle un BBQ Bacon Cheeseburger. Au bar les habitués montent encore le son. La musique latino se fait enfoncer par Manhattan Transfer Chanson d’amour ra da da da da, play encore.

    Nous remontons les deux kilomètres, n’ayant qu’une envie : dormir sur le matelas posé par terre. Cette perspective est contrariée par nos logeurs qui arrivent juste après nous et font au-dessus de nos têtes un bruit épouvantable. Pourtant, fatigués comme nous le sommes, nous sombrons dans un  sommeil comateux.

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