• Journal du voyage en Amérique du Nord (53/2) : dimanche trente septembre deux mille douze, retour en France

    Je suis dans la queue de l’appareil près d’un hublot et n’ai pas de souci de voisinage. Nul n’est assis à ma droite, ce qui me permet de déplier les jambes. Certain(e)s veulent venir aux places libres mais l’équipage le refuse, question d’équilibre de l’appareil. J’approuve intérieurement. Je suis tranquille au fond et n’ai pas envie que l’avion s’écrase. Je vois déjà le titre de Paris Normandie : « Un Rouennais parmi les victimes ».

    L’un des rares Américains présents est un grand black qui se cache sous son écharpe au moment du décollage. Pour ma part, je regarde la myriade de lumières. Une collation est servie avant l’extinction des feux : mini sandwich, fromage, tomate et jus d’orange. Je dors un peu de temps à autre. Le vol se déroule paisiblement avec ses zones de turbulence. Les hôtesses et stewards d’XL Airways font leur petite vente en duty free. Puis c’est l’heure du petit-déjeuner (6 a.m. à New York, midi à Paris) : café, jus d’orange, semblant d’omelette, pommes sautées, salade de fruits, pain, beurre, confiture, yoghourt crémeux à l’américaine.

    J’observe les nuages, petits moutons bientôt remplacés par un épais tapis. C’est la descente sur Paris. Je mâche trois chewing-gums, vision des méandres de la Seine, du land art des agriculteurs, de paisibles villages, léger mal d’oreille droite. L’atterrissage se fait en douceur. Nous attendons peu avant de sortir de l’avion.

    Ce n’est pas le cas ensuite. Une longue file constituée des passagers de plusieurs avions stagne devant les locaux de la Police de l’Air et des Frontières : un seul Pafeux pour s’occuper de tous les passeports de l’Union Européenne, deux ou trois pour s’occuper des vrais étrangers et un autre affecté à des privilégiés qui n’ont pas à attendre. Quelqu’un demande qui sont ces prioritaires, signe que l’on est plus aux USA. Ce sont les voyageurs de la classe affaire. La Police travaille ici en priorité pour les riches. Mon attente est agrémentée par la dispute d'une femme de quarante ans avec sa mère de soixante sous le regard de sa fille de vingt (la vieille a prétendu voyager seule pour obtenir une meilleure place dans l’avion, sa fille est épouvantablement vexée).

    Je finis par arriver devant le Pafeux qui sue. Il tape mon numéro, vérifie que je ne suis pas un voyou et me dit d’y aller. Je récupère assez vite ma valise, vais à pied jusqu’au RER, obtiens un billet de la quatrième machine que je sollicite, grimpe dans celui qui attend, un direct jusqu’à Paris.

    Après une attente d’une heure à Saint-Lazare, un train me ramène à Rouen que je retrouve dans un état proche de celui où je l’avais laissée. On y dépave la rue de la Jeanne mais ce n’est pas par crainte d’une proche révolution.

    *

    Difficulté de parler de la vie new-yorkaise avec celles et ceux que je croise les jours suivants. Très vite, on en arrive de leur part à un : « Ah oui, j’ai vu ça dans une série. », ce qui clôt la conversation.

    *

    J’achève ce long récit, ce jeudi quatre avril deux mille treize, précisément à l’heure où l’avion de celle repartie pour deux mois à NYC se pose à Paris.

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