• Journal du voyage en Amérique du Nord (6) : mardi quatorze août deux mille douze, New York City (Greenwich Village)

    J’ai les clés et je prends le métro seul, ne confondant pas Uptown avec Downtown ni le Direct avec le Local. Par la ligne B, je vais jusqu’à West Four Street Washington Square et je fais le tour du Washington Square Park où des clochard(e)s se lavent dans le bassin à jet d’eau. Pendant que la chaleur monte, je marche dans Greenwich Village jusqu’à l’Hudson River. La vue est magnifique sur le bas de Manhattan, les tours en construction, New Jersey en face, au loin la Statue de la Liberté. Assis sous les arbres, à l’une des tables métalliques mises gratuitement à la disposition du promeneur, je prends des notes près de peintres du mardi et d’un vigile à matraque qui échappe momentanément au travail. Le temps est orageux. Parfois tombent quelques gouttes. Au bord de l’eau court un petit vent frais alors qu’à quelques centaines de mètres c’est la chaleur épaisse. L’impression de paix n’est troublée que par les hélicoptères. Je me croirais bien en Suisse au bord du lac Léman.

                Vers dix heures et demie, je retourne dans le centre du Village, mettant mes pays dans ceux de Mark Twain, Edgar Allan Poe, Jackson Pollock, Edward Hopper, Jack Kerouac, Allen Ginsberg, Bob Dylan, Norman Mailer (fondateur avec d’autres du Village Voice) and co.

                Avant midi, je cherche un restaurant. Ne trouvant pas mon bonheur dans Bleecker Street, je passe par le Sheridan Square où je prends en photo les couples de gays et lesbiennes statufiés par George Segal, ignorant celle du général Sheridan, l’auteur de la formule « Un bon Indien est un Indien mort » ( Cet endroit tranquille a été le lieu des émeutes les plus meurtrières de Etats-Unis en mil huit cent soixante-trois pendant le guerre de Sécession, deux mille morts chez les pauvres qui protestaient contre le privilège des riches d’échapper à la conscription). J’arrive Gay Street et au bout découvre le Waverly Restaurant, breakfast lunch dinner, où j’entre et mange une petite soupe aux nouilles puis un énorme Salisbury Steak avec des French Fries, pour finir un grand café à l’américaine puis un autre offert par la maison. Le personnel est mexicain ou du moins latino, comme dans beaucoup d’établissements de la ville. Tout cela ne me coûte que onze dollars quatre-vingt-quinze soit neuf euros  J’ajoute les deux dollars de tip.

                Je retourne me rafraîchir au bord de l’Hudson prenant en photo un ensemble de sculptures rouges à pois blancs de Yayoi Kusawa servant de publicité pour son exposition du Whitney Museum of American Art, peu ou prou la même que celle vue à Paris au Centre Pompidou. Le temps reste orageux. Les quelques gouttes qui tombent me font du bien. Les peintres du mardi sont toujours là, tournant le dos à un homme noir allongé sur le sien. A la table voisine de la mienne, un gros balayeur glande, s’endormant presque. Deux hommes s’embrassent chaudement contre le parapet puis vont se chauffer sérieusement sur la pelouse.

    En fin d’après-midi, je rentre par le métro sans faire d’erreur, descendant à la Cent Vingt-Cinquième Rue, dite Martin Luther King, puis remonte à pied Convent Avenue, écrasé par la chaleur.

    Quand celle que j’attends rentre du travail, la soirée est festive et le bon bordeaux pour ma girl friend bu avec un steak à l’américaine cuisiné par ses soins.

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    Plaisirs du restaurant américain : le verre d’eau glacée qui arrive dès que l’on s’installe à la table désignée et le café resservi autant de fois que désiré, le serveur se baladant dans la salle avec la cafetière emplie d’un café comme on le fait à la maison.

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    Ne surtout pas oublier le tip, les serveurs étant payés une misère. Le truc du Guide du Routard pour en laisser un correct (et donc ne pas passer pour un radin de Français) : multiplier la taxe par deux.

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    Terrible choc thermique quand on passe du métro climatisé à la station surchauffée, pas loin de mourir à chaque fois.

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    Les plus avisés des New-Yorkais ne se déplacent jamais sans un parapluie, du plus beau ciel bleu peut surgir un orage ou une averse brutale. Dix minutes après, le ciel est à nouveau bleu.

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