• L’éclectique Satie joué par Laurent Epstein à la Mairie de Rouen

    Mercredi, après que celle qui me rejoint le ouiquennede m’a appelé des bords de l’Yonne, de Migennes précisément, où elle est en voyage pour ses études, je me rends à la Mairie de Rouen. Hélios Azoulay y mène depuis début avril un cycle Satie.

    Ce cycle est intitulé Pas de Chopin, du Erik Satie et chaque concert (gratuit) a lieu le mercredi à midi quinze. C’est donc réservé à celles et ceux qui n’ont rien à faire dans la journée. J’en suis mais étant très occupé et souvent absent de Rouen ce jour-là, c’est la première fois que je monte le grand escalier jusqu’au premier étage. On en est à la septième semaine, celle consacrée à L’éclectique Satie.

    Les portes du salon dans lequel se tient le piano s’ouvrent et je me retrouve sans l’avoir vraiment cherché au premier rang. L’invité du jour est le pianiste de jazz Laurent Epstein. Hélios Azoulay nous le présente en vantant l’éclectisme, celui de Satie et celui de son invité dont il compare le jeu à celui de Thelonious Monk.

    -Vous allez bientôt manger pendant des mois de l’Impressionnisme, nous dit-il, et on va y mettre Satie. C’est vrai d’un certain côté et ce n’est pas vrai d’un autre côté car chez Satie l’attaque est franche et nette d’où l’intérêt de le faire jouer par un pianiste de jazz comme Laurent Epstein.

    Celui-ci arrive, ôte ses lunettes et se met à l’ouvrage pour deux œuvres de jeunesse, suivies des Trois sarabandes puis de trois pièces pour enfants dont il nous lit les indications notées sur la partition par le compositeur, parmi lesquelles « Etre jaloux de son camarade qui a une grosse tête » « Lui manger sa tartine » « Profiter de ce qu’il a des cors aux pieds pour lui prendre son cerceau ». Je me rends compte que, pas très réveillé, j’avais mal lu cette dernière sur mon programme, la transformant en: « Profiter de ce qu’il a des cors aux pieds pour lui prendre son cerveau ».

    Laurent Epstein termine avec Poudre d’or, œuvre peu connue, et Le Piccadilly, sorte de ragtime d’ici. Il suscite de nombreux applaudissements. En rappel, il nous donne La diva de l’empire. C’est fini, tout s’allume, à mercredi prochain, comme dirait Boris. Je vais boire un café verre d’eau au Son du Cor, pas loin, pliant le programme dans ma poche, où figure d’Erik Satie cette déclaration : « Le Jazz nous raconte sa douleur -& « on s’en fout »… C’est pourquoi il est beau, réel… »

    *

    Maintenant que notre députée socialiste et notre sénatrice sarkoziste ont uni leurs efforts en une communion correctement politique pour renvoyer la tête de Maori rouennaise en Nouvelle-Zélande, ne serait-il pas temps de s’occuper du coeur de Frédéric Chopin conservé dans du cognac au sein d’un pilier de l'église de la Sainte-Croix à Varsovie afin qu’il soit enterré avec le reste de son corps au cimetière du Père-Lachaise ?

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