• La Finta Giardiniera de Wolfgang Amadeus Mozart à l’Opéra de Rouen

    Ce dimanche après-midi, je suis en fond d’orchestre à l’Opéra de Rouen, rang surélevé, pour La Finta Giardiniera, opéra peu connu de Wolfgang Amadeus Mozart, son septième, composé à l’âge de dix-neuf ans. A la place restée libre à ma gauche s’assoit, cinq minutes avant seize heures, une étudiante à cinq euros.

    Le décor se compose d’un grand mur où s’ouvre une porte, de deux chaises et trois roses à bascule, d’un rideau végétal descendant des cintres. A l’avant-scène est installé un piano-forte aux mains d’une musicienne dont le nom ne figure pas dans le livret programme. En sont également absents ceux des musicien(ne)s de l’Orchestre qui sont dans la fosse, comme il se doit, dirigé(e)s par le chef allemand Andreas Spering.

     La Finta Giardiniera, dont le livret est dû à Giuseppe Petrosellini, raconte une histoire d’amour contrarié pleine de quiproquos et de rebondissements qu’il est peu utile d’essayer de comprendre. L’important est la musique et elle est à mon goût, bien jouée et bien chantée. Quant à la mise en scène de Vincent Boussard, qui repose surtout sur des entrées et des sorties, elle me va tout à fait.

    -C’est fini ? me demande ma voisine quand c’est le moment de l’entracte.

    Pendant celui-ci, certains avouent trouver ça long mais un autre se désole que l’on ait sucré un passage très drôle dans lequel le Comte fait en détail sa généalogie.

    -C’est la première fois que vous voyez un opéra ? demandé-je à ma voisine quand nous rejoignons nos places.

    -Oui, c’est la toute première fois, me répond-elle avec l’accent d’Afrique.

    -Et ça vous plaît ?

    -Oui, cela me plaît énormément.

    Un garçon de son âge descendu du second balcon s’installe à sa gauche en place d’une spectatrice disparue et l’entreprend sur l’argument : « À quel acte en est-on vraiment ? ». Derrière nous, deux vieilles aigries se plaignent de la chaleur et du décor minimaliste : « Deux chaises et trois fleurs, c’est se foutre du monde ». Elles devraient être satisfaites par la suite car chaises et roses à bascule se sont multipliées. Je le suis moins quand l’action vire côté cauchemar et hallucination avec effets spéciaux confiés à une rangée de draps étendus sur un fil ainsi qu’à la vidéo. Reste la musique du précoce et talentueux Mozart. Après l’heureuse fin qui permet à la fausse jardinière d’épouser le Comte, j’applaudis fort, comme beaucoup. Ce n’est néanmoins pas un triomphe.

    Il est dix-neuf heures quinze. Je souhaite une bonne soirée à ma voisine et rentre à la maison avant l’orage.

    *

    Après l’Opéra de Rouen et sa prochaine saison présentée en mai, voici Automne en Normandie qui invite à découvrir son programme en juin, puis Le Rive Gauche se lance lui aussi dans la course au spectateur, puis c’est le tour du Centre Dramatique National de Haute-Normandie qui donne dès maintenant rendez-vous en septembre pour sa présentation de saison.

    J’appelle ce dernier pour réserver une place. C’est un robot musical polyglotte qui me répond et me fait patienter au-delà de ma patience. Je raccroche, rappelle une demi-heure plus tard. Une voix vivante m’apprend qu’il faudra rappeler le premier septembre. Cela suffit à me faire passer l’envie.

    *

    Que présentation rime avec précipitation en dit long.

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