• La Pentecôte et ses multiples vide greniers (Maromme, Andé, Fontaine-Bellenger, Sotteville-lès-Rouen et Cailly)

    Tant de vide greniers en ce ouiquennede de Pentecôte ensoleillé, c’est à ne pas savoir lesquels choisir. Samedi matin, j’hésite entre filer à celui d’Alizay ou attendre l’ouverture de l’abbaye de Saint-Martin-de-Boscherville pour sa vente de livres annuelle. Je choisis la deuxième option. Mal m’en prend, les livres sont les mêmes que l’an dernier, juste un peu plus sales et mélangés. Je fais un petit nœud à mon cerveau : ne plus perdre mon temps à la vente de livres de Saint-Martin-de-Boscherville. Dépité et énervé, je laisse tomber Alizay (un peu loin) et prend le chemin de Maromme où, dans la zone industrielle du Maine, se tient un vide grenier lui aussi décevant.

    Cela va mieux le lendemain et le surlendemain, jours où celle qui m’accompagne se lève aussi tôt que moi.

    Dimanche, nous sommes à Andé dont j’évite le parquigne payant grâce à ma connaissance du terrain et où une demoiselle indignée reproche à son père de revendre un cadeau qu’elle lui avait fait (mine dépitée du papa qui visiblement ne savait plus que le bel objet lui venait de sa fille). Nous y restons jusqu’à neuf heures afin d’entendre les premiers mots de son prodigieux animateur : Jean-Claude Wappler, le sosie de Nino Ferrer. Ils sont à la hauteur de l’évènement : « La foire à tout d’Andé, souvent imitée, jamais égalée ». Celle de Fontaine-Bellenger n’est pas mal non plus, dans le genre fête au village avec manèges et animations diverses, mais peu fréquentée par le public. J’y achète un parapluie pour un euro, prenant aussitôt le rôle de l’idiot qui se promène avec un tel instrument le jour où le beau temps est assuré.

    Lundi, nous sommes à Sotteville-lès-Rouen, boulevard du Quatorze Juillet. Les vendeurs et vendeuses y sont plus nombreux que prévu. J’entends une femme raconter à je ne sais qui  que « Ça fait plusieurs années qu’ils sont ensemble, ils ont la maison maintenant, ils sont casés, c’est la prochaine étape ». Je devine de quoi elle parle et trouve ça affreux. Reprenant la voiture, nous allons à Cailly, où le déballage est vaste là aussi. Une vendeuse n’hésite pas à afficher « Vêtements pour grosse ». Justement, deux dames encombrantes m’empêchent bientôt d’avancer, à qui je dirais bien qu’il y a, pas loin, des vêtements pour elles. Je me retiens, mes bonnes intentions étant parfois mal comprises.

    Plus tard, après qu’elle m’a quitté pour rejoindre Paris, je fais le point sur mes achats de livres, pas trop nombreux finalement (je ne compte pas ceux que je revendrai dans les meilleures bouquineries de Rouen): Courts métrages de Manara (Albin Michel) dont les filles dessinées sont toujours excitantes, Lettres de Westerbork d’Etty Hillesum (Le Seuil) dont on entend en ce moment des extraits du Journal, croisé avec celui d’Hélène Berr, sur France Culture, Le dernier sabbat de Maurice Sachs de Du Dognon et Monceau (Le Sagittaire) qui narre les derniers jours de ce sulfureux personnage dans l’Allemagne nazie, et L’Almanach du Père Peinard (Papyrus), fac-similé de cinq des almanachs publiés à la fin du dix-neuvième siècle par le journal anarchiste.

    *

    Extrait de L’Almanach du Père Peinard de l’an cent sept (année mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf du calendrier crétin) :

    « Quand viendra donc le grand coup de balai ?

    Oui, foutre, quand viendra-t-il ?

    C’est l’interrogation que se posent les bons bougres.

    Et, mille marmites, les évènements se poussent tellement au cul, les uns les autres, que ça pourrait bien ne pas moisir. »

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