• Lakmé de Léo Delibes à l'Opéra de Rouen

    Jeudi soir, je suis au premier balcon de l’Opéra de Rouen pour la dernière représentation de Lakmé, l’opéra de Léo Delibes dont le livret a été écrit par Edmond Gondinet et Philippe Gille d’après Le Mariage de Loti de Pierre Loti. Le risque d’une mise en scène orientaliste dégoulinante est heureusement exclu car la mise en espace est de Richard Brunel dont j’ai apprécié l’an dernier celle faite pour Albert Herring de Britten, la scénographie d’Anouk Dell’Alera (architecte) et les lumières de Laurent Castaingt.

    Cependant que dans la fosse les musicien(ne)s se chauffent, je me plonge dans le livret programme. Yannick Simon, qui est maître de conférence à l’Université de Rouen et qui écrit des livres qui pourraient m’intéresser (Composer sous Vichy aux Editions Symétrie, La Sacem et les droits des auteurs et compositeurs juifs sous l’Occupation à La Documentation française), y indique que Léo Delibes était à Rouen pour la représentation de Lakmé au Théâtre des Arts en mil huit cent quatre-vingt-sept. Il tire cette information de la lecture de l’article du critique musical du Journal de Rouen (l’ancêtre de Paris Normandie) présent ce soir-là et racontant tout ça dans le journal du lendemain. Bien longtemps qu’un journaliste local ne fréquente plus l’Opéra lors des représentations, il y a tant à faire maintenant avec le foute et le hoquet.

    L’orchestre est prêt, le chef d’orchestre se fait applaudir. C’est Roberto Fores Veses. Il est perché de manière à avoir un œil sur l’orchestre et un œil sur la scène. Il lance l’affaire avec fougue. Bientôt le rideau se lève sur une mer de tissu bleu ciel et Lakmé apparaît, surgie du sous-sol. Cette histoire de père possessif et de fille voulant s’émanciper est sobrement mise en scène et fort bien chantée, notamment par le ténor Jean-François Borras (Gérald, le séducteur) et par la soprano Petya Ivanova (Lakmé), qui est applaudie comme il se doit après l’air des clochettes. Tout le monde sur scène est vêtu de noir.

    Je sors de là content et descendant l’escalier, j’entends sans surprise que la mise en scène a déplu à certain(e)s de la bourgeoisie bourgeoisante : « La peinture bleue sur le visage de Lakmé, ah non, ça ce n’est pas possible ! »

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