• Le Conte d'hiver de William Shakespeare au Rive Gauche à Saint-Etienne-du-Rouvray (Automne en Normandie)

    Dans ma voiture, qui me rapproche de Saint-Etienne-du-Rouvray, vendredi soir, j’écoute France Cul, précisément la chronique de Thomas Clerc dans Le Rendez-Vous de Laurent Goumarre.

    Thomas Clerc y fait un portrait bien réussi de Jacno, le seul artiste au nom de graphiste, mort d’un cancer au début du mois à cinquante-deux ans, dont j’ai fait découvrir en cette fâcheuse occasion les chansonnettes en duo avec la délicieuse Elli Medeiros à celle que je retrouve demain Main dans la main, Oh la la, Je t’aime tant, des ritournelles en forme de message personnel que je suis capable d’écouter en boucle plutôt que de lire Claude Lévi-Strauss, autre décédé du mois, dont je n’ai rien à dire.

    « Je suis royaliste car il n’y aura jamais de roi » déclarait Jacno, le dandy pop, à qui on doit un titre en solo fort salutaire Le Sport : Votre médecin, votre pharmacien, peuvent vous aider à arrêter le sport.

    Je revois Elli dansant dans Les Nuits de la pleine lune d’Eric Rohmer et de là songe au Conte d’hiver du même Eric Rohmer. C’est ce film évoquant la pièce de Shakespeare qui précisément me mène ce soir au Rive Gauche à Saint-Etienne-du-Rouvray.

    Je me gare devant le théâtre et attend que l’on veuille bien ouvrir les portes. Une mère arrive avec ses deux filles :

    L’une : On va voir quoi déjà ?

    La mère : Shakespeare.

    L’autre : Ça dure combien de temps.

    La mère : Deux heures et demie.

    Les deux en chœur : Ah bon ?

    Shakespeare remplit doucement la salle. Devant moi, un quadragénaire a sur les genoux un livre illustré pour enfants paru chez Hatier Conte d’hiver et autre contes d’après Shakespeare. Il le lit cependant que d’autres branlotin(e)s, dont deux ou trois avec masque antigrippe Hache Un Haine Un sur le nez et la bouche, arrivent avec leurs professeur(e)s. Je ne sais pas qui tousse sans cesse pendant la représentation, heureusement loin de moi.

    Le Conte d’hiver est l’avant-dernière pièce écrite par William Shakespeare. Elle est donnée pour le festival Automne en Normandie dans la traduction de Bernard-Marie Koltès avec une mise en scène de Lilo Baur. Il est question de la jalousie. Cela commence en tragédie et finit en farce.

    La mise en scène est sobre et efficace avec jeux de panneaux coulissants et trouvailles sonores. Les comédien(ne)s assurent (comme on dit), jouant avec juste ce qu’il faut de distanciation pour faire vingt-et-unième siècle. Cela ne porte pas trop à la réflexion mais constitue une bonne recréation.

    Sur le chemin du retour, j’essaie de me souvenir de ce qu’Eric Rohmer dit et montre de la pièce de Shakespeare dans son Conte d’hiver à lui, puis, passant à nouveau par Les Nuits de la pleine lune, j’arrive chez Elli et Jacno songeant en même temps à celle qui arrive demain à quinze heures.

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