• Bisbille entre le maire actuel de Rouen, Albert (tiny) et le maire ancien Robert (tiny) à propos des ruines du palais des congrès qui défigurent le parvis de la cathédrale. L’actuel (centriste) soutient la juteuse opération immobilière en cours, qui vise à remplacer un palais par un autre, et l’ancien (socialiste) s’ingénie à la retarder.

    Certains verraient bien là un jardin, mais il est à craindre que dans quelques années le passant navré contemple un nouveau palais usurpant ce nom. Qui diable sera maire à ce moment-là ? Comme le disait Jean-Louis Murat, il y a quelque temps, au Hangar Vingt-trois : « C’est toujours Lecanuet le maire de Rouen ? Ah bon il est mort ! C’est bizarre on dirait que c’est toujours Lecanuet le maire de Rouen… ».

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  • Dans un café qu’il vaut mieux ne pas nommer, cinq mecs clonés, chemise blanche, costume sombre, cheveux brossés vers l’arrière et englués de gel, des gestionnaires de patrimoine; autrement dit: des parasites sociaux.

    L’un d’eux s’enquiert auprès du garçon d’un verre de beaujolais nouveau.

    Le garçon:

    -On n’en a plus, désolé.

    Le gestionnaire de patrimoine:

    -Ah dommage, il était comment ?

    Le garçon:

    -Dégueulasse. Enfin, c’était du beaujolais, quoi !

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  • Mendelssohn et Schumann, vendredi soir au théâtre des Arts, des bourgeois de Bois-Guillaume se saluent : « Ah, on se rencontre à la messe, on se rencontre au concert! ». Les uns placent leur Bertrand près de la Caroline des autres, il faut songer à la reproduction de l’espèce.

     L’orchestre de l’Opéra de Rouen est dirigé par l’énergique et vibrionnant Paul Mac Creesh et accueille pour le concerto de Robert Schumann le violoncelliste Marc Coppey, virtuose qui se passe aisément de partition. Comme le dit sans rire Gilles Macassar dans Télérama : «Conciliant geste chorégraphique et parole rhétorique, robustesse terrienne et lévitation spirituelle, le jeu de Marc Coppey déborde d’une vitalité jubilante.»

    Auparavant, cinéma coréen au Gaumont République, avec Memento Mori de Min Kyu-dong. Un lycée de jeunes filles, un journal intime égaré, deux filles qui s’embrassent sur la bouche, un beau déchaînement de pulsions érotiques sur fond de mal-être et de peur de l’avenir, une illustration bien réussie des chimères adolescentes côté filles, avec de délicieuses et troublantes actrices, Kim Min-sun dans le rôle de Min-ah.

    Memento Mori, souviens-toi que tu dois mourir, une maxime qu’il n’est pas utile de me rappeler, surtout depuis la mort soudaine d’un de mes frères à La Rochelle il y a onze ans, alors que je lisais l’ouvrage de Muriel Spark intitulé lui aussi Memento Mori.

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  • La belle élection que l’on nous prépare, sous la houlette de Jean-Marie Le F-haine, entre celle qui prône l’encadrement militaire des jeunes déviants et la remise au carré de leurs familles et celui qui entend nettoyer les banlieues, forcément peuplées de racaille, au Karcher. Ces deux-là se ressemblent alors marions-les : Sarko le fat sot et Sarkolène la pure hautaine.

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  • Musique baroque hier soir au théâtre des Arts avec le Collegium Vocale de Gand pour quatre cantates de Johann Sebastian Bach. Un chef gris souris, des musiciens qui semblent s’emmerder prodigieusement, de bons chanteurs évidemment. Je n’ai pas beaucoup de goût pour la musique baroque, on sent trop derrière le paysan avec son flûtiau. Un avis qui doit être très minoritaire si l’on en juge par le nombre des auditeurs. Beaucoup de monde, jusqu’en haut du deuxième balcon. De nombreux médecins dans le public, de tous les partis politiques, jusqu’à la Ligue Communiste Révolutionnaire. Pas mal de leurs malades aussi: bronchiteux, catarrheux et autres tousseux.

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  • L’après-midi au Marégraphe. En terrasse. Non chauffée. Etonnant ce temps, non? Qu’en pensez-vous, madame Michu? Pour un quinze novembre. Ce soleil et cette température.

    Tout le monde s’en félicite. Alors que c’est peut-être le signe d’un changement climatique catastrophique. Un café et un verre d’eau. La serveuse queue de cheval: Vous écrivez un livre?

    De l’autre côté de la Seine, la foire Saint-Romain bat son plein. C’est jour de congé pour les branlotins et les branlotines qui poussent des cris d’effroi dans les manèges à secouer. Il y en aura peut-être certains à qui cela remettra le cerveau en place.

    Auparavant, passé par la bouquinerie Le Rêve de l’Escalier où m’attendait une série de photos érotiques, catalogue de l’exposition A Contrevues organisée au Havre, au Bôkal, en novembre mil neuf cent quatre vingt dix-sept. Une édition originale numérotée cinquante-trois sur cinq cents, fermée d’un joli nœud rose, «Voici du poison dont on ne peut se passer.». Ai également acheté Scènes de la vie d’un propre à rien de Joseph von Eichendorff, publié chez Phébus. Le titre m’a plu. Il m’a fait penser à moi.

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  • Envoyé ma note d’hier (L’hibernation) au forum du site Internet de Libération. Elle y figure après être passée entre les mains du modérateur, lequel a laissé en toutes lettres le mot cul mais a remplacé putains par p*****s. Va savoir pourquoi…

    Cela me donne une idée pour la prochaine formule du journal. Changer son titre. Le mettre en conformité avec le contenu éditorial. Remplacer Libération par Modération.

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  • Le téléphone sonne. Je décroche.

    -Monsieur Perdrial ? m’interroge une voix féminine.

    Je confirme

    -Monsieur Perdrial, réjouissez-vous, votre numéro de téléphone a été tiré au sort et vous êtes l’heureux gagnant d’un magnifique téléphone portable avec appareil photo intégré offert par Bouygues Telecom.

    Un silence, le temps que je m’émerveille sans doute, mais je préfère lui demander:

    -Tu t’appelles comment ?

    -Rose, me répond-elle, décontenancée.

    -Tu as une jolie voix, Rose.

    -Euh… Merci.

    Elle reprend ses esprits, se remet en pilotage automatique, me vante l’abonnement mirifique auquel je peux prétendre grâce à mon magnifique téléphone portable gratuit.

    -Arrête-toi là, Rose, tu me prends pour un abruti, tu sais bien que j’aurais tôt fait de le payer dix fois son prix ce téléphone avec cet abonnement. Mais je ne t’en veux pas, je sais qu’en ce moment ton patron t’écoute et te surveille dans la salle où tu travailles. Et que tu es contrainte à ça pour gagner ta vie. C’est lui le coupable et il peut se le garder son téléphone et tous les pièges qui vont avec.

    Avant de raccrocher, je souhaite une bonne journée à Rose. Elle a vraiment une jolie voix.

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  • Hier soir, concert au temple Saint-Eloi. Dietrich Buxtehude au programme, pièces d’orgue et musiques sacrées, avec les élèves organistes et l’ensemble vocal de la maîtrise du Conservatoire de Rouen. Oh le bel aria de la soprane Perrine Devillers et la façon timide et rieuse de saluer des deux minuscules organistes coréennes, Yoon Pommier et Yoon-Sil Song, au pied de l’instrument démesuré.

    La veille, au Gaumont République, premier film de l'Agora du Cinéma Coréen, L’invité de la chambre d’hôtes et ma mère de Shin Sang-ok, présenté par la séduisante Beaumont Kuy-young, l’organisatrice, à l’humour très coréen. Entrée Privilège pour tout le monde, c'est-à-dire gratuite, on sait recevoir en Corée.

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  • Voici Libération entre la vie et la mort. J’y suis pour quelque chose, ne l’achetant plus que le jeudi, le jour des pages littéraires, et exceptionnellement, lorsque l’actualité l’exige.

    Alors que je fus l’un de ses premiers lecteurs, abonné avec un groupe de copains, avant même sa naissance, au bulletin quotidien de l’Agence de Presse Libération dirigée par Maurice Clavel, ce bulletin transformé en journal, directeur Jean-Paul Sartre, dont j’ai eu en main plusieurs des numéros zéros.

    Comme bien d’autres, je l’ai acheté «tous les jours au même endroit» pour simplifier la distribution, ai mis la main au porte-monnaie quand il manquait couler, me suis rendu à Paris pour des concerts de soutien qui duraient toute la nuit avec à l’affiche François Béranger et Jacques Higelin.

    Oui, mais au fil du temps, ce journal politiquement subversif et moralement libertaire a perdu de son charme et de son intérêt, s’assagissant davantage à chaque changement de formule, se compromettant avec le monde de l’argent, s’ouvrant à la crétinerie ambiante jusqu’à être envahi par ces putains de pages consacrées au sport dans chaque numéro, non, ce n’est pas possible…

    Tu es devenu vieux Libération, et tristement raisonnable. Et comme tu as remplacé tes petites annonces de cul par les cours de la bourse, il ne faut pas t’étonner que ce soit la débandade.

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