• Les Fatals Picards à l'Exo

                Hier matin, tôt en ville, avant que n’ouvre la bouquinerie Le Rêve de l’Escalier, j’entre sans avoir rien à y faire dans le Grand Magasin de la Vierge, le rival de la Fnaque. J’avise une affiche annonçant la présence en ce lieu des Fatals Picards en fin d’après-midi. Qui sont ces fatals dont j’ai déjà aperçu la tronche sur une affiche dans la rue mais dont je ne connais pas la musique.

                Je trouve leur disque en écoute libre au rayon Rock français (où figurent également le belge Arno et l’hispanisant Manu Chao) et je mets le casque. Une heure plus tard j’y suis encore. Je ressors de là avec dans mon sac leur Pamplemousse mécanique et un billet pour leur concert le soir même à l’Exo Sept. Séduit, je suis.

                A dix-sept heures quinze, me voici de retour chez la Vierge. Les Fatals Picards sont là, plantés entre deux rayons de marchandises diverses et déjà bien entourés. En route pour quelques chansonnettes mêlées de plaisanteries fines. Il est question tout à coup d’une soirée et le fatal chanteur chauve distribue des rôles dans le public:

                -Toi, là-bas avec les lunettes, t’as déjà fumé, c’est sûr.

                Hein, qui ? Moi ?

                Je démens de la tête, il ne me croit pas et je suis enrôlé pour jouer le mec tellement envapé qu’il cause avec un hamster avant de le balancer par la fenêtre du troisième étage. Difficile vraiment de passer inaperçu.

                Je retrouve ces rigolos à l’Exo Sept après m’être fait palper par un grand Noir à l’entrée puis subi en première partie Un Costard pour Deux, trio soûlant du Havre. Prudemment resté à l’arrière, à l’abri de l’agitation branlotine (c’est plein d’énergie à cet âge, ça saute sur place, ça grimpe sur scène pour se lancer dans la foule et flotter un instant au-dessus des têtes avant de s’écraser comme une merde, manifestement on ne fait pas assez de course d’endurance dans les lycées), je m’esbaudis des facéties des deux chanteurs. Les joueurs de percussion, Amélie Poulain, les chasseurs, pêcheurs et bitureurs, ceux qui chantent en espagnol, Zebda, la famille du mari de ma sœur (comment la connaissent-ils ?), ceux qui viennent d’ici et Bernard Lavilliers en prennent pour leur grade (tiens, il faudra que je retrouve les textes que Bernard Lavilliers a volés à Joyce Mansour).

                C’est une bonne journée, vraiment. Je serais même prêt à la prolonger par une soirée chez ces Fatals Picards. Pas question que j’y fume quoi que soit, mais je veux bien lancer des hamsters du troisième étage.

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