• Les Sacrifiées de Thierry Pécou à l'Opéra de Rouen

                Première mondiale ce jeudi soir à l’Opéra de Rouen avec la création des Sacrifiées, opéra de Thierry Pécou, en résidence ici le temps de trois saisons. Pour l’occasion, Harmonia Mundi et L’Armitière ont ouvert boutique dans la vénérable maison, disques de Thierry Pécou d’un côté, livres de Laurent Gaudé de l’autre, peu de client(e)s, mais c’est toujours bon pour l’image, comme on dit chez ces gens-là.

                Laurent Gaudé est l’auteur de la pièce de théâtre Les Sacrifiées (publiée en deux mille quatre) d’où est tiré l’opéra Les Sacrifiées dont il a écrit le livret avec Thierry Pécou. Inutile de se reporter au livret programme ni au dossier relatif à la résidence du compositeur pour en savoir davantage sur l’écrivain. Sans texte, pas d’opéra, mais peu chez les musiciens s’en rendent compte. Je ne m’étonne plus de cela. Je regarde s’installer dans la rangée précédant la mienne une kyrielle de demoiselles et leurs deux professeurs.

                Je suis perché en haut du premier balcon avec mauvaise lecture du surtitrage. Comme je comprends le français cela ne nuit pas trop à ma compréhension de l’action. C’est l’histoire d’une malédiction. A chaque acte, une sacrifiée : Raïssa victime de soldats français dans les années soixante, Leïla (fille de la précédente), victime de ruraux algériens dans les années quatre-vingt et Saïda, victime d’intégristes algérois dans les années quatre-vingt-dix.

                La musique est austère, brodant ici où là sur des thèmes arabo-andalous, le décor sobre et ingénieux, le texte un peu lourd (tombant dans le travers de raconter l’histoire au lieu de la faire vivre), « l’ombre de la Tragédie grecque sous-tend et structure Les Sacrifiées » écrit Thierry Pécou.

                A l’entracte, j’entends derrière moi exactement ce que je pense.

                -C’est très beau mais je m’ennuie.

                Un point de vue qui est toujours le mien à l’issue du troisième acte.

                Les applaudissements sont fournis mais pas enthousiastes. La kyrielle de demoiselles et leurs professeurs avouent avoir peu aimé. Comme je m’y attendais, l’une de ces lycéennes conclut :

                -Au moins, ça nous permettra de discuter du sort des femmes.

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