• Me souvenant de Radio Ribouldingue

    Deux mille onze étant l’année des trente ans de l’élection du Mythe Errant, elle est par conséquent l’année des trente ans des radios qui furent dites libres à leur début, puis bien vite commerciales.

    Cela me fait songer à celle véritablement libre dont j’étais le responsable au Bec-Hellouin au début des années quatre-vingt, une radio qui émettait une fois par mois pendant une heure et demie depuis l’école où je faisais l’instituteur. Je m’occupais de diffuser les reportages enregistrés et les chansonnettes, mes élèves de parler dans les micros.

    « Vous écoutez Radio Ribouldingue, ça distingue » entendait-on dans un rayon de cinq kilomètres autour du village. C’est Jean-Marie Lanchon qui m’avait proposé l’émetteur. Il le tenait d’un ami à lui, l’un des deux téméraires qui animèrent, sous Giscard (d’Estaing), la seule radio pirate de Rouen : Radio Méandres.

    Ces deux garçons enregistraient leurs émissions puis les diffusaient en différé, l’émetteur étant installé en haut d’un arbre dans la forêt dominant la capitale haut normande. L’aventure n’avait pas duré longtemps. Un jour, les deux hors-la-loi furent poursuivis par les policiers dans les bois et quand derrière eux on tira en l’air, ils s’arrêtèrent de courir. Un procès eut lieu, avec une peine assez légère. Le matériel fut confisqué et séquestré au Palais de Justice où ses propriétaires allèrent le rechercher quand le Mythe Errant libéra les ondes.

    Je me souviens de l’arrivée à l’école des membres de ce qu’on appelait la Haute Autorité de l’Audiovisuel venus vérifier que cet émetteur ne gênait pas les communications de la gendarmerie de Brionne. Je me souviens aussi de la menace d’interdiction du Préfet pour cause d’émissions trop rares. C’est la seule fois de ma vie où je suis allé voir un député. Le socialiste François Loncle m’a reçu en sa permanence de Brionne et m’a dit « Continuez, je m’occupe du Préfet ».

    Radio Ribouldingue, dont le nom fut choisi par les enfants en référence à une chanson d’Henri Dès, a émis quelques années jusqu’à ce que je quitte l’école. Me restent les cassettes des émissions et une copie du reportage que fit un samedi matin la télévision régionale venue voir de quoi il retournait.

    *

    Plus de fraises au marché, depuis quelques années on ne vend que de la gariguette (à prononcer avec l’accent chantant du Midi).

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    A quoi l’on répondra qu’on ne se fond jamais à Rouen. On s’y morfond, tout au plus. Félix Phellion rouen chronicle.

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