• Par le train, puis à pied, jusqu'au vide-grenier du Vaudreuil

            Pas possible de conduire avec la clave en travaux, je passe l’autre semaine quelques annonces sur Internet en recherche d'un covoiturage (comme disent nos élu(e)s) jusqu’au Vaudreuil. Elles restent sans réponse.

            Donc, ce samedi matin, je me lève à cinq heures et juste avant six grimpe dans le train de Paris. Je descends à Val-de-Reuil (Védéherre pour les intimes), pas très loin du Vaudreuil où, chaque quinze août, se tient un important vide-grenier.

            Je la connais bien cette gare. J’y venais chercher et reconduire celle qui me tenait la main lorsque j’habitais la ville alors nouvelle. Elle n’a pas changé, démesurée et déserte. J’en descends les marches quand une femme me hèle, qui va au même endroit que moi et ne sait pas comment. Je lui explique, par la route ou par le bord de la rivière.

            Pour ma part, je longe l’Eure. Elle me demande d’aller avec moi. Le moyen de refuser ? Heureusement, elle aperçoit le bus et choisit cette option. Je peux profiter seul du lever du soleil. Les canards caquettent, cancanent ou nasillent. Nul autre bruit ne se fait entendre. Vers sept heures, je suis au Vaudreuil où s’installent quatre cents exposant(e)s.

            En ce jour où je suis seul et ne disposant que d’un bras, je suis bientôt chargé à la limite de mes possibilités. Pour me soulager, je confie à deux vendeuses une partie de mon butin puis je fais un dernier tour pendant lequel je revois la femme qui voulait me suivre. Elle me dit qu’elle a croisé quelqu'un qu’elle connaît, il va la ramener à Rouen. Moi aussi j’ai croisé un Rouennais que je connais mais comme je ne demande jamais rien, c’est en train et à pied que je rentre, la main droite cuite par le poids de mon sac.

            Qu’importe l’état de mes doigts à l’arrivée, je suis trop content d’avoir rapporté les érotiques Cris du corps de Marianne Angot (Blanche) et Dix Japonais de Léone Guerre (Joëlle Losfeld), À la splendeur abandonné le texte qui a valu tant d’ennuis à Julien Cendres, suivi de La censure, conversation avec Marguerite Duras (Joëlle Losfeld), Le Théâtre des paroles de Valère Novarina (P.O.L.), Pandectes (ou Le neveu de Bayle) de Jude Stefan (Gallimard), Autobiographie de John Cowper Powys (Gallimard), Microfictions de Régis Jauffret (Folio Gallimard), Les écrits d’Etty Hillesum, journaux et lettres (Le Seuil), le volume trois de la Correspondance de Friedrich Nietzsche (Gallimard) et enfin Morgue, enquête sur le cadavre et ses usages de Jean-Luc Hennig (Verticales).

            Jean-Luc Hennig, je l’ai rencontré au début des années soixante-dix à Libération où il faisait le journaliste. Il a écrit un article sur ma petite personne en ce temps où j’avais des ennuis avec l’Education Nationale. Il faut que je raconte ça en septembre.

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