• Paris, mercredi, un peu de Pompidou, beaucoup de bouquineries, un soupçon de Muji

    C’est la pagaille en gare de Rouen ce mercredi matin, le train pour Dieppe annoncé voie Quatre est soudain reporté voie Huit, mouvement de masse de celles et ceux qui l’attendent, quelques minutes plus tard il est annulé, le prochain devant partir voie Quatre, mouvement inverse des voyageuses et voyageurs. Pendant ce temps arrive sans être annoncé celui que je dois prendre pour Paris. Le voyage s’effectue normalement. Derrière moi, deux jeunes hommes discutent. L’un d’eux, récent père, déclare benoîtement qu’il y a des enfants qui s’élèvent tout seuls.

    Mon périple commence par le Quartier Latin, Boulinier, Gibert Joseph, puis je passe rive droite chez Mona Lisait, rue Saint-Martin, où j’achète pour le quart de son prix neuf Le livre des livres érotiques (Editions du Chêne), ouvrage richement illustré, signé par Emmanuel Pierrat (no comment, comme on dit en anglais). Il est onze heures, l’heure d’ouverture de Pompidou, où je vais amortir ma carte d’adhérent.

    L’étage « Art moderne » étant fermé pour cause de nouvel accrochage, je parcours celui consacré à l’« Art contemporain » où je m’attarde un peu devant des œuvres nouvelles : Papillon Gallery Projet, Wall Drawings de Michaël Craig-Martin (série de dessins stylisés sur des murs aux couleurs crues, dont un escabeau qui me donne envie d’y grimper et un meuble à dossiers aux tiroirs entrouverts où je manque fourrer ma main), Ghost de Kader Attia (dans une salle en coin que peu voient où l’on ne doit entrer qu’à douze, cent dix femmes voilées en position de prière, réalisées en aluminium alimentaire et vides d’intérieur), Chatte de Beaubourg de Jason Rhoades (roues de charrette auxquelles sont suspendues des écritures en néon : conque, petit jardin, raie publique, abricot, moule, etc., c’est un peu facile) et The View de Leandro Erlich (des écrans vidéos montrant des scènes d’intérieur comme autant de fenêtres éclairées de l’immeuble d’en face que l’on mate chacun à son tour par une fenêtre munie d’un rideau vénitien).

    Une heure plus tard je déjeune au Rallye, rue du Faubourg-Saint-Antoine, d’un confit de canard pommes sautées salade côtes-du-rhône. Après le café, je traverse la rue pour me procurer chez Muji, la marque sans marque, des carnets où noter choses et autres, puis retraverse pour aller fureter chez Book Off.

    En fin d’après-midi, je suis dans l’autre bouquinerie japonaise, celle de la Bastille. On y met les invendus dans des cartons. Je demande à l’un des employés ce que deviennent ces livres. Après une première réponse qui se veut drôle « on les mange », il m’indique que cela part « au recyclage ». Il n’en sait pas plus mais imagine une machine à broyer le papier.

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    Deux autres livres rapportés de la capitale : no copyright, recension des graffitis de la Sorbonne en Soixante-Huit (Verticales) et Lolita, cartographies de l’obsession (Nabokov, Kubrick) (Puf).

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    Carnets Muji à inaugurer dès ce vendredi, en vagabondage dans le Cotentin.

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