• Plus qu'un doigt pour écrire ce que je pense de certains médecins

    Lundi après-midi, je reprends avec celle qui me tient la main le chemin de la Clinique Mathilde pour quelques radios de ma clavicule brisée et le diagnostic du chirurgien orthopédiste.

    Quand ce dernier, après avoir vu les images, découvre les anneaux desserrés qui entourent mes épaules, il me dit tout net ce que je soupçonnais, cela ne sert absolument à rien. Cela peut même aggraver la situation et entraîner une opération. Il faut que mon bras soit complètement bloqué dans une sorte de camisole.

    -Si je comprends bien, lui dis-je, on vient de me faire perdre douze jours à cause des erreurs des Urgences de la Polyclinique de Saint-Jean-de-Luz et de mon médecin traitant.

    Il ne va pas dire du mal de ses chers confrères. Il me répond qu’il y a déjà eu consolidation, mais n’exclut pas l’opération si le nouveau harnachement ne rattrape pas les dégâts du précédent. Il dicte un compte-rendu pour mon incompétent médecin traitant (qui ne le sera bientôt plus) et rendez-vous est pris pour dans quinze jours.

    Nous allons rue Beauvoisine à ma pharmacie habituelle afin d’acheter le nouveau bazar qui doit me priver totalement de l’usage de la main gauche pendant plusieurs semaines. On n’en a pas, il faut le commander. Devant mon désarroi, la pharmacienne téléphone un peu partout, mais ailleurs c’est pareil, impossible d’avoir cette chose le jour même à Rouen. Elle me conseille de dormir noué dans une écharpe.

    Le lendemain matin, la gentille pharmacienne déballe le paquet tout juste arrivé et me sangle dans l’immobilisateur. Il me reste un doigt pour écrire ce que je pense de certains médecins. Pour celle qui m’accompagne, contrainte de jouer la garde-malade, la vie vient de se compliquer un peu plus.

    L’après-midi, tandis qu’elle vaque à ses affaires personnelles, je vais prendre un café verre d’eau au Grand Saint-Marc. Une mienne ancienne collègue passant par là me dit bonjour ça va, propos vide de sens qui tient lieu de relation sociale, n’apercevant même pas mon harnachement. Je le lui montre pour expliquer que pas très fort. Et elle avant de filer, comme si un malheur en valait un autre :

    -Eh bien moi, je suis grand-mère pour la deuxième fois.

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