• Présentation de Rébus d’art de Pierre Garcette par Paul Fournel et Laurence Garcette à L’Armitière

    Jamais entendu parler de Pierre Garcette avant de lire sur Grand Rouen qu’un livre de lui intitulé Rébus d’art venait de paraître aux Editions de La Martinière, livre groupant des rébus constitués d’à-peu-près formant le nom d’artistes des Beaux-Arts. « Ainsi, un bol posé au-dessus de seize têtes d’ânes, c’est « bol seize ânes », soit Paul Cézanne. » explique Sébastien Bailly dans son article. Comme ce livre est présenté au public à la librairie rouennaise L’Armitière ce vendredi soir, Grand Rouen en offre trois exemplaires. Il faut déchiffrer l’un des rébus, celui montrant une carte de France surmontant six bicyclettes. Mon goût des jeux de mots laids m’incite à tenter ma chance.

    « France » « Six » me donne vite le prénom. Des Francis, j’en connais deux : Picabia et Bacon. Le rapport avec le vélo ? Picabia signifie-t-il bicyclette dans une langue étrangère ? Mauvaise piste, je reviens vers Bacon et ai soudain une illumination : « Bike ». Avec un « On » derrière ça colle, même si je ne suis pas sûr de mon anglais. Allons-y pour « France Six Bike On »

    Le concours de Grand Rouen ne doit pas avoir eu beaucoup de succès car Sébastien Bailly ne donne pas la réponse ni la liste des gagnants sur son site d’information locale. Néanmoins, j’ai gagné, m’écrit-il, mon résultat est innovant, mais c’est le résultat. Cherchant à savoir qui est Garcette, j’apprends qu’il est né à Louviers en mil neuf cent quarante et mort à Rouen en deux mille trois.

    Vendredi vers dix-sept heures trente, je suis à l’Armitière où la caissière me donne mon exemplaire, un joli petit livre. J’y cherche la réponse à mon rébus : « France Six Bécanes ». Oui, c’est pas mal non plus.

    Peu à peu, les chaises destinées au public de la rencontre à l’étage trouvent fesses. Je suis au deuxième rang, à peine gêné par la dame de La Martinière assise devant. L’essentiel des présent(e)s a l’âge de la retraite. Beaucoup semblent avoir connu l’auteur. Une ancienne vendeuse, datant de L’Armitière de la rue de l’Ecole, est revenue sur son lieu de travail. Comme elle a vieilli, me dis-je, songeant qu’il en est de même pour moi. Par le hublot d’un bureau, le personnel de la librairie s’assure qu’il y a du monde et à dix-huit heures arrivent Paul Fournel, Président de l’Oulipo et préfacier de l’ouvrage, et Laurence Garcette, fille de l’auteur. S’installent au premier rang Guy Faucon, chef de la troupe de théâtre de La Pie Rouge, et sans doute l’une des comédiennes de ladite, une cabotine.

    Un employé de la librairie présente succinctement Pierre Garcette et pose des questions aux deux invités (il s’avère que Fournel a rencontré Garcette grâce à Faucon au Moulin d’Andé). Pierre Garcette serait plus facilement reconnu aujourd’hui qu’il ne le fut il y a vingt ou trente ans, déclare l’oulipien. « C’est vrai » répond le chœur de la salle. Sa fille évoque les œuvres « magnifiquement inutiles » dont est emplie sa cave.

     Sans que rien ne l’ait laissé prévoir, Paul Fournel sort une série de rébus format A Trois et les propose à la devinette. Nous voici tout à coup à l’après-midi récréative d’un quelconque cleube du troisième âge dont plusieurs membres sont si sévèrement mirauds qu’il faut approcher l’image de leur personne. L’employé se transforme donc en porte rébus. Chaque bonne réponse mérite un bon point. On est aussi à l’école. Je ne joue pas, laissant se battre les grands enfants. L’un des rébus est présenté en trois dimensions sous forme d’assemblage d’objets, une canne serrée dans un étau. Eh oui, c’est Canaletto.

    -C’est qui Canaletto ? demande une dame qui n’a pas le niveau.

    Comme on entend aussi mal qu’on y voit dans le fond, la cabotine saute sur l’enceinte acoustique et la pose sur une table de livres à l’effroi de la vendeuse. Ne pas jouer, c’est facile quand la réponse est évidente, mais quand Fournel en annonce un vraiment difficile, je ne peux m’empêcher de m’en mêler et devant Le Fifre de Manet coupé en deux par une scie, j’envoie « Manessier ». Je l’ai mon bon point.

    A l’issue, une dame et un monsieur sont déclarés champions, quatre bonnes réponses chacun. Ils gagnent le livre de Pierre Garcette et la séance est levée sans que l’on donne aux présent(e)s la possibilité de poser une question aux deux invités. En revanche, on peut leur faire signer l’ouvrage dont ils ne sont pas les auteurs, ce que je m’abstiens de faire.

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    Une exposition Pierre Garcette a eu lieu au Conseil Régional en deux mille onze sans que je m’en aperçoive. C’est lui l’auteur de la maison peinte à la gloire de Gainsbourg à Sotteville-lès-Rouen, maison découverte il y a déjà trop longtemps avec celle qui est actuellement à New York, lors d’un festival Vivacité.

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    Dans sa préface, Paul Fournel évoque « le côté pas commode, décidé, presque autoritaire lorsqu’il s’agissait de ce qu’il aimait » de Pierre Garcette. « Il se tenait souvent là où l’on ne l’attendait pas ». Il en fait un personnage que j’aurais aimé connaître, mais constatant comme m’insupportent à L’Armitière ce vendredi celles et ceux qui l’ont côtoyé, je préfère ne le connaître que mort.

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