• Quand Claudio Magris dédicace à l'aveugle

                L’autre mercredi, à Paris, dans le bac des livres à un euro chez Gibert, que vois-je ? À l’aveugle, roman de Claudio Magris, qui se déroule dans un hôpital de Trieste où un vieil homme raconte ses vies à un psychiatre, un livre publié chez L'Arpenteur. Je l’achète et de retour à Rouen, je constate qu’il est pourvu d’une dédicace de Claudio Magris, datée du douze octobre deux mille six. A qui ? Je suis bien en peine de le savoir. L’heureux bénéficiaire a rageusement noirci son nom à l’aide d’un feutre. Un journaliste sans doute, ou un critique littéraire, peut-être un confrère écrivain, en tous cas quelqu’un de prudent, qui n’a pas envie que l’on sache qu’il vend les livres que lui offrent leurs auteurs.

                J’ai donc, sans l’avoir cherché, un nouveau livre dédicacé dans ma bibliothèque. J’en ai d’autres, trouvés au hasard chez les bouquinistes ou sur le trottoir des vide-greniers. Et un seul pour lequel je suis allé solliciter l’auteur afin qu’il écrive un mot pour moi sur la page de garde de son livre. Il s’agit d’En marge, le livre de mémoires de Jim Harrison. Il me l’a signé à L’Armitière, celle de l’ancienne équipe, qui recevait les meilleurs écrivains dans sa boutique. (Que devient L’Armitière ? Eh bien, la nouvelle équipe organise la vente nocturne du énième volume des aventures d’Harry Potter, cela à l’attention des adultes qui lisent des livres pour enfants.)

                Vraiment, je m’arrache les yeux à tenter de lire le nom du malappris à qui Claudio Magris a dédicacé ce livre À l’aveugle. Je n’y arrive pas. Plutôt que demander de l’aide au service d’Interpol qui a réussi, il y a peu, à déflouter le visage d’un pédophile, je vais attendre le retour du soleil d’été et compter sur son aide pour éclaircir l’encre du feutre.

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