• Quand le Crédit Agricole de Normandie-Seine veut savoir si je suis bien moi

    Je reçois un courrier signé du Directeur des Services Bancaires du Crédit Agricole Normandie-Seine. Il me demande de justifier de mon identité suite à de « nouvelles contraintes réglementaires ».

    Je réponds à ce monsieur :

    « Cela fait quarante ans que je suis client du Crédit Agricole et aujourd’hui vous me demandez de prouver mon identité au moyen de photocopies d’une pièce d’identité et d’un justificatif de domicile valides.

    C’est inutile. Vous possédez déjà ces renseignements, qui vous permettent de m’écrire à mon nom et à mon adresse pour me demander mon nom et mon adresse.

    Je note qu’il y a pour vous des situations particulières, notamment celle des résidents de nationalité étrangère, hors Union Européenne, pour lesquels vous demandez en plus la photocopie de la carte de séjour.

    Cela est tout à fait dans l’air du temps et semble tout droit inspiré de la politique gouvernementale hostile aux étrangers. Il est dommage que le Crédit Agricole mette tant de zèle à appliquer les nouvelles directives du code monétaire et financier. »

    Je termine par la formule de politesse d’usage et j’envoie ma missive dans l’enveloppe Té de validité permanente en lieu et place des photocopies demandées.

    *

    L’autre après-midi, assis au bar de ma cuisine américaine, je lis Montevideo, Henri Calet et moi, le récit de Christophe Fournel illustré de cinq photographies couleur de Lin Delpierre et enrichi de trois lettres inédites d’Henri Calet, publié aux Editions La Dragonne, livre acheté à Paris en solde chez Mona Lisait. L’auteur y narre un épisode de la vie de l’écrivain avant la littérature, quand, travaillant dans une entreprise française, une veille de vacances il en vida le coffre et s’enfuit en Uruguay où il dilapida l’argent dans les quartiers louches. Henri Calet fut le nom de cavale de Raymond Théodore Barthelmess avant d’être celui d’un écrivain. Réjouissant.

    *

    L’autre nuit, dans mon lit, je lis Ombres et reflets, le récit des souvenirs de Saul Steinberg mis en forme par Aldo Buzzi, livre publié chez Christian Bourgois, acheté d’occasion à Rouen au Rêve de l’Escalier. Saul Steinberg, dont j’ai découvert les dessins en décembre dernier au Musée Ungerer à Strasbourg, y narre son enfance roumaine, ses études d’architecture à Milan, son internement en camp de concentration en Italie, son exil aux Etats-Unis. Dommage qu’il émette des opinions du genre de celle-ci : La jeunesse américaine d’aujourd’hui ne s’est pas débarrassée des comportements, des habitudes de la nursery, du jardin d’enfants, de la maternelle. Par une application des théories mal assimilées de Freud sur les complexes, ces enfants n’ont jamais été réprimandés. Décevant.

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