• Quatre jours, quatre films

                J’en profite de ces places de cinéma à trois euros. Quatre films en quatre jours, au Melville.

                Samedi, avec elle, La Visite de la fanfare d’Eran Kolirin, une fanfare militaire égyptienne spécialisée dans les chansons d’amour échoue dans une ville israélienne sans âme perdue au milieu du désert. Chacun(e) se révèle bloqué(e) par l’Histoire, bloqué(e) dans son territoire et bloqué(e) en lui-même. C’est subtilement traité, loin des poncifs ennuyeux sur les Arabes et les Israéliens, drôle aussi. Je sors content et léger, elle aussi.

                Dimanche, It’s a free World de Ken Loach, une mère célibataire un peu paumée, victime du système économique exploite à son tour les plus pauvres qu’elle. Le propos est didactique et certains épisodes sont hautement improbables. C’est lourdement traité, démonstratif, clichés à l’appui. Je sors déçu.

                Ces deux films sont précédés d’un court-métrage de dessin animé réalisé par le Conseil Général de Seine-Maritime. Une leçon d’éducation civique comme on n’ose même plus en faire à l’école, à la gloire du correctement écologique et qui fait ricaner dans la salle.

                Lundi, La Question humaine de Nicolas Klotz et Elisabeth Perceval, un parallèle hardi entre la gestion technique du monde industriel actuel et celle de l’extermination des Juifs par les nazis. L’histoire, assez peu crédible, est angoissante, anxiogène même. Michael Lonsdale, Jean-Pierre Kalfon, Mathieu Amalric sont parfaits dans leur rôle. Je sors de là perplexe, étonné de trouver le soleil sur la ville.

                Mardi, Quatre mois, trois semaines et deux jours de Christian Mungiu, terrible histoire d’avortement dans la Roumanie communiste. L’enfer vécu par les deux jeunes filles est intelligemment mis en scène, l’image finale terriblement efficace : Gabita vient d’avorter, elle est perdue, hagarde, plongée inutilement dans le menu du restaurant, son amie Ottila qui vient de tout subir pour elle et avec elle, se tourne vers les spectateurs et les spectatrices. Que va-t-elle faire du couteau qu’elle a subtilisé à l’avorteur dont elle a aussi le portefeuille et donc le nom et l’adresse ? Je sors de là très cogiteur, sous un ciel gris roumain.

    Partager via Gmail Yahoo!