• Cette famille originaire du Kosovo embarquée de force, homme femme et enfants, dans un avion spécialement affrété au départ de Toulouse par le gouvernement français, c’est-à-dire par le ministre de l’intérieur, famille qui montrait tous les signes d’une bonne intégration en France, encore une sale coup de Sarko, le fat sot, soucieux de racoler les voix de Jean-Marie Le F-Haine à la prochaine présidentielle.

    Une famille qui ne sera pas la seule à être ainsi expédiée vers les pires ennuis dans son pays d’origine. D’autres suivront prochainement. Il y a notamment danger pour des familles installées à Rouen.

    Selon la formule de ce ministre, issu de l’immigration hongroise, en charge de l’expulsion des immigrés dits en situation irrégulière : « Ces personnes ont vocation à retourner dans leur pays d’origine. »

    Il y a quelques mois, présent au tribunal administratif de Rouen pour soutenir trois de ces familles, j’ai appris qu’il existait des juges portant le titre de « juge chargé de la reconduite à la frontière ».

    Pourquoi, comment, devient-on juge chargé de la reconduite à la frontière ? Par vocation ?

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  • William Sheller seul au piano au théâtre Charles Dullin à Grand-Quevilly, vieilli bien sûr mais la voix intacte et les mains toujours aussi agiles courant sur le clavier. Très bavard, expliquant par le menu avant chaque chanson comment et où elle lui est venue. Dommage. On n’a pas forcement envie de le savoir. Cela nuit au mystère et à la beauté même de la chanson.

    Un entracte où l’on vend des glaces. Tout à fait surprenant. On se croirait revenu trente ans en arrière. Il n’y a plus qu’à Grand-Quevilly que ce genre de chose est possible. Les vendeuses sont les placeuses, démodées elles aussi, vêtues de vestes et de pantalons noirs inesthétiques et asexués, le chignon strict bien serré. Cela en accord avec la majorité du public d’ailleurs, vieillissant et endormi. Cela sent la France d’autrefois.

    Retour de l’artiste qui reprend ses explications, tous ses retours sur le passé qui le vieillissent énormément et dont vraiment il devrait d’abstenir. Heureusement il chante aussi. Mais très vite nous présente un auteur compositeur débutant qu’il parraine. Hélas, ce jeune homme chante exactement le même genre de chansons que lui et de la même façon que lui. Ouf, l’intermède se termine, William Sheller chante à nouveau et comme c’est bon de se laisser emporter par ses chansons.

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  • Deux journées en Egypte avec France Culture, le point sur la vie culturelle au Caire, cinéma, littérature et tutti. Pas une émission sans qu’il soit question de religion, pas un film ou un livre égyptien sans son histoire de foulard, quatre-vingt-dix pour cent des femmes couvertes désormais.

    Ici, pays laïc, le religieux reste le plus souvent confiné dans sa tanière mais imperceptiblement grignote, avançant ses pions sur le terrain de l’ordre moral. Il faut aussi compter avec les zélateurs privés. La semaine dernière, traversant ce pitoyable marché de Noël, j’entends sortir du haut-parleur «Il est venu le rédempteur». Il ne s’agissait pas de moi, mais du nommé Christ, au nom duquel moult guerres ont eu lieu, dont on faisait ainsi la propagande sur la voie publique. Un peu plus loin, place des Carmes, sur la terrasse du café du même nom, pas loin de la statue de Flaubert, une hideuse crèche en plastique, installé là par un cafetier attendant le petit Jésus et voulant le faire savoir aux chalands.

    Au diable tout cela, que ces bondieuseries nous soient épargnées.

    Comme le disait la cinéaste Catherine Breillat, un jour, sur cette même radio, France Culture : «Les religions ont pour premier objectif de contrôler le sexe des femmes». Tristement exact.

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  • Concert d’après-midi hier dimanche à l’Opéra de Rouen où Oswald Sallaberger faisait son retour comme chef d’orchestre avec cette manière de diriger typiquement sienne, moitié raideur autrichienne, moitié légèreté féminine.

    Mozart au programme en première partie, de la musique qui coule toute seule et qui, dit-on tout près de moi, raconte des histoires.

    Après l’entracte, Oswald Sallaberger juge bon de s’adresser à la salle pour l’éclairer sur la symphonie de Webern qui va suivre. Il s’agit de musique dodécaphonique, d’avant-garde de mil neuf cent vingt-et-un, de petites gouttes tombant d’un glacier en train de fondre.

    Le public de dimanche après-midi applaudit comme il convient la douche froide puis se réchauffe avec la symphonie Les adieux de Haydn pendant laquelle, au dernier mouvement, chaque musicien à son tour quitte la scène ne laissant pour finir qu’un chef d’orchestre seul et désemparé.

    Certains spectateurs pressés, sans doute encouragés par ce qu’ils viennent de voir, quittent la salle avant les applaudissements et les rappels d’usage, c’est vrai qu’il est bientôt l’heure de la soupe.

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  • La préfecture de police recrute trois musiciens pour la musique des gardiens de la paix de Paris.

    On peut encore s’inscrire, si on est déjà dans la police, pour les places de trompette de cavalerie jouant le clairon (le cheval est fourni, je pense), de saxhorn basse (ne sais ce que c’est) et de tuba basse jouant le tuba contre basse (ça c’est balèze).

    Attention : le diapason sera à quatre cent quarante-deux hertz.

    Quel bonheur ces policiers qui gardent la paix en jouant de la musique ! Pendant qu’ils s’occupent de leurs instruments ils ne songent pas à se transformer en forces de l’ordre.

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  • Onze heures sur le parvis de la cathédrale, autour de Patrice Quéréel, un bon groupe de curieux s’agglomère afin d’avoir quelques lumières sur les dessous érotiques de la ville. Un regard pour Adam et Eve accrochés à la tour de Beurre et direction le portail nord dit de Saint-Jean où Salomé sur les mains danse afin d’émoustiller les vieillards libidineux et d’en obtenir la tête de Saint Jean-Baptiste.

    Entrée dans l’édifice. Sur un vitrail, Sainte Agathe se fait arracher un sein d’un coup de tenaille, semblant en jouir plus qu’en souffrir. Un peu plus loin, sur un tableau, Sainte Cécile meurt doucement, abandonnée et alanguie sur sa couche, se faisant baiser les mains et les pieds.

    L’accès au déambulatoire étant interdit ce samedi matin, c’est de loin qu’est évoquée la rencontre en ces lieux du Léon et de l’Emma de Gustave Flaubert dans Madame Bovary, rencontre qui précède la célèbre scène du fiacre rideaux tirés parcourant les rues de la ville.

    Direction l’église Saint-Maclou où chacun s’approche de la porte en bois sculpté pour y regarder de près deux braves satyres en érection. Puis tête en l’air on s’efforce d’apercevoir malgré la lumière défavorable une femme nue et échevelée entre les jambes d’une gargouille.

    Arrivée devant la façade de l’hôtel d’Etancourt exilée ici au vingtième siècle pour faire place à un triste Monoprix près du Gros-Horloge. Pâris est là hésitant entre Vénus, Athéna et Héra, mais les statues ayant été reposées dans le désordre le malheureux leur tourne le dos.

    Pas très loin, rue du Petit Mouton, l’hôtel du même nom où se rencontraient Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir quand celle-ci enseignait au lycée Jeanne-d’Arc, un hôtel à double entrée, moitié maison de passe, moitié maison de pensionnaires. C’est en ce lieu que Jean-Paul et Simone s’essayèrent à l’amour à trois avec Olga.

    Traversée de la rue de la République et enfilage de la rue de l’Hôpital jusqu’à l’hôtel particulier où sur une colonnade deux femmes nues bien en chair regardent d’un air concupiscant un endroit précis situé entre elles, se trouvait là un bel homme en érection, qu’a fait disparaître le dix-neuvième siècle avec sa morale néfaste, on ne peut désormais qu’imaginer la scène.

    Pour finir, un petit tour au musée des Beaux-Arts, où sous la verrière la statue d’Oreste présente sa nudité décontractée, prés de lui son glaive à la poignée phalloïde. A proximité, et sorti des réserves spécialement pour la promenade érotique, un tableau de Zacharie, professeur de Marcel Duchamp au lycée Corneille, représentant une femme nue visage caché jouant avec des pigeons, tableau dans lequel Patrice Quéréel voit l’inspiration de l’œuvre posthume de Marcel : Etant donné Un La Chute d'eau, Deux Le Gaz d'Eclairage.

    Le public déjà bien éclairé peut alors de disperser. S’il veut en savoir plus, n’a qu’à acheter Rouen érotique de Patrice Quéréel paru aux éditions du Perroquet Bleu en vente dans toutes les libraires et l’ouvrage en mains cheminer entre les soixante-neuf stations.

    Ouvrir les yeux aussi en déambulant dans la ville pour faire ses propres découvertes et ne pas croire qu’à Rouen l’érotisme ne se conjugue qu’au passé, ainsi récemment Albert (tiny), maire, a fait installer à l’entrée de chaque rue piétonnière, pour en contrôler l’accès automobile, de bien belles bornes érectiles qui après le passage d’un véhicule autorisé sortent de terre avec beaucoup de virilité.

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  • Une bien bonne soirée ce vendredi avec Emily Loizeau au Trianon Transatlantique de Sotteville-lès-Rouen. Une délicieuse chanteuse cette Emily. Je l’avais vue lors de son passage au Hangar Vingt-Trois, il y a deux ans je crois, elle faisait la première partie d’un spectacle dont j’ai oublié la seconde, chantait alors toute seule avec son clavier. Maintenant, elle est accompagnée de deux musiciens à tête de musicien et d’effets spéciaux tournicotant. Elle fait son chemin, reste pour l’instant fraîche et spontanée. C’est bien de voir les artistes à leur début, avant qu’ils ne soient aspirés par un trop grand succès et finissent par se produire au Zénith, comme cela vient d’arriver hélas à Thomas Fersen.

    Bon, Emily Loizeau, assise au piano, dans sa petite robe noire, passe d’une chanson sentimentale à une chanson rigolote, qu’elle interprète avec de subtils effets de voix, une voix légèrement acide et espiègle, parsemant son récital de chansons en anglais, ce qui est bien naturel pour une demoiselle à moitié anglaise. On ne s’en lasse pas et le public dont elle joue habilement proteste ferme quand elle prétend partir.

    Elle revient nous chanter son Boby, me souviens qu’au Hangar Vingt-Trois à propos de cette chanson elle confessait son intérêt pour l’engin de Rocco Siffredi, elle n’en parle plus mais demande toujours avec une mine gourmande à ce Boby de sortir son Zippo.

    Un second rappel, la voici sans micro entouré de ses deux musiciens aux instruments débranchés pour un au revoir intime. Le public a vraiment du mal à quitter la salle. Alors vivement qu’elle revienne, la petite Loizeau se poser pas très loin pour nous chanter ses ritournelles.

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  • Au Conservatoire National de Région de Rouen (ah le joli nom flambant), hier soir jeudi, le Trio Epsilon pour des œuvres bien classiques de Johannes Brahms et d’Arnold Schoenberg et la veille mercredi, l’ensemble Musica Viva de Hanovre pour des œuvres bien contemporaines de Martin Christoph Redel, Erwin Koch-Raphaël, Johannes Schöllhorn et Isang Yun.

    Le même talent, la même aisance chez les musiciens du mercredi et chez ceux du jeudi (avec le mercredi la présence de Kang Min-jung, soliste coréenne virtuose au violon).

    Mais pour la musique classique une salle emplie aux deux tiers et pour la musique contemporaine seulement une poignée de spectateurs.

    -Où sont donc les professeurs de musique des collèges et des lycées, demandait l’un des spectateurs du mercredi, ils ne viennent pas à ce genre de concert, c’est lamentable.

    Oui, c’est lamentable, ils se contentent de ronronner dans leurs cours figés une fois pour toutes à l’époque de leurs études. Tout comme nombre de professeurs de lettres des collèges et des lycées ne lisent plus un seul livre relevant de la littérature dès qu’ils sont titularisés. Je parle d’expérience. J’en fréquentais il y a encore peu.

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  • Course un peu partout à la recherche d’un téléphone, des écouteurs dans les oreilles écoutant France Culture où j’apprends que Sarko (le fat sot) a annoncé sa candidature à la présidentielle dans les journaux régionaux. Il y a une semaine, Sarkolène (la pure hautaine) avait ses meilleurs scores d’élection interne dans les régions. Un seul slogan pour tous les deux: Travail Famille Région.

    Passage par la rue du Petit Salut, une bande de jeunes vêtus de rouge marqué Sidaction, collés contre un mur et se faisant remonter les bretelles par un gros barbu, un cautche comme on dit maintenant, sorte de gourou chargé d’électriser ses troupes: Si ça ne vous intéresse pas plus que ça, je vous autorise à rester chez vous, éructe-t-il. Ça n’a pas l’air rose tous les jours dans la charité publique.

    Un peu plus loin, rue Alsace-Lorraine, une femme à son compagnon: Donne-moi une bonne raison d’avoir confiance dans l’avenir. Il ne trouve rien à lui répondre.

    Finalement, traversée de la Seine et achat du téléphone chez Leclerc à Saint-Sever, le mien en panne depuis longtemps, toujours j’ai remis au lendemain la corvée de le renvoyer au fournisseur, me décidant soudain ce matin, pour découvrir que la garantie est échue depuis quatre jours et que je peux donc m’asseoir dessus, c’est dire qu’aujourd’hui s’il y a quelqu’un qui m’énerve, c’est bien moi.

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  • Cette chanteuse un peu oubliée, Catherine Lara, à qui un journaliste demandait ce qu’elle regardait en premier chez un homme et qui avait répondu : Sa femme. On me demanderait ce que je regarde en premier chez une femme, je ne pourrais répondre autre chose que : Sa fille.

    Majeure, évidemment, cette fille. Que la brigade des mœurs reste assise.

    Bien jalouse, le plus souvent la mère, de sa fille qui s’émancipe, s’ouvre à la vie et rentre à la maison avec un grand sourire et les lèvres gonflées, alors qu’elle, la mère, voit le monde se réduire à peau de chagrin, bientôt ridée et flétrie, sa vie devenue ennuyeuse et son mari oublieux, préoccupé uniquement d’écran plat ou de voiture qui va vite, lecteur de L’Equipe, une bière à la main. Se morfondent ces mères, tournent en rond et à vide.

    Peu d’entre elles résistent à la tentation. Finissent quasiment toutes par entrer dans la chambre de leur fille, y lisent son courrier ou son journal intime. Tout cela lamentable et tellement prévisible.

    Mais que font les hommes qui aiment les femmes matures ? Qu’ils cherchent un peu celles à qui il manque un amant et qu’ils s’occupent d’elles. Qu’ils baisent les mères pour qu’elles fichent un peu la paix à leur fille.

    A cela je pensais, hier après-midi, au soleil, une demi-lune dans le ciel bleu, en terrasse au Marégraphe, lisant alternativement Histoires de peintures de Daniel Arasse et Le Journal du séducteur de Sören Kierkegaard.

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