• Récital Chiara Skerath au Conservatoire (pour l’Opéra de Rouen)

    Quand j’arrive ce vendredi soir au Conservatoire où je ne suis pas venu depuis longtemps, je découvre qu’on y a installé une double porte semi-circulaire automatisée. Je franchis la première, la seconde refuse de s’ouvrir. Je fais marche arrière, demande à un grand gaillard appuyé contre le mur extérieur si c’est bien par là qu’on entre. Oui, me dit-il, ajoutant qu’il me connaît.

    Il se présente, me parle d’un texte que j’ai écrit sur son père. Effectivement, c’est le fils de quelqu’un dont j’ai raconté il y a longtemps la messe d’enterrement à la Cathédrale de Rouen, un texte qui fut publié dans la revue littéraire Décharge. J’avais osé en donner une copie à sa mère au café Le Saint-Amand (devenu L’Espiguette) où elle l’avait lu, un peu décontenancée. Je lui demande :

    -Vous l’avez lu ce texte ?

    -Je l’ai, me répond-il.

    Il n’ajoute rien et je ne lui pose pas de question supplémentaire. Il me dit qu’il est au Conservatoire depuis trois ans. Je lui dis que je viens écouter des lieder de Schubert et de Schumann.

    Un peu plus tard, installé dans l’auditorium, je pense à ça, qu’écrivant ce texte, je ne songeais pas que l’enfant aux longs cheveux blonds le lirait un jour.

    Il fait un froid inhabituel dans cette salle (problème technique ou de budget, je ne sais) où l’Opéra de Rouen trouve refuge pour un récital Chiara Skerath, jeune soprano suisse. Devant moi, les dames gardent les manteaux de fourrure. Chiara Skerath arrive en robe noire sans manches un peu décolletée. Elle annonce que l’un des lieder de Schubert sera remplacé par un air de Mendelssohn. Au piano, c’est Martin Surot.

    Après Schubert (et Mendelssohn), la talentueuse soprane interprète les Liederkreis de Schumann (sur des poèmes d’Eichendorff). Je remets ma veste à l’entracte. Chiara Skerath réapparaît avec un pull.

    -Je suis désolée, j’avais trop froid et je n’avais que ça à mettre, mais ce n’est pas grave, ce qui compte c’est la musique.

    Dans la salle, on est d’accord avec elle et on la trouve sympathique et spontanée. Elle nous chante des extraits de l’Italienisches Liederbuch d’Hugo Wolf, œuvre composée sur des poèmes populaires italiens traduits en allemand, et reçoit en échange beaucoup d’applaudissements.

    En bonus, elle nous offre Le Papillon et la Fleur de Gabriel Fauré puis L’Ode à la Lune de Dvorak, deux compostions qui permettent à Martin Surot de briller au piano.

    Après ce bon concert, je rentre par les rues froides et désertes, la neige annoncée n’est pas encore là.

    *

    Propos de café :

    -Et toi comment tu vas alors ?

    -Ecoute, moi ça va.

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