• Retrouvant pour peu de temps l’une de mes correspondantes de l’époque du Minitel

    Il y a plusieurs semaines, je reçois un message via le réseau social Effe Bé d’une certaine Alexia (le prénom a été modifié, comme on dit dans les journaux)

    « Je ne suis pas sure que ce soit toi, mais j'ai échangé pendant quelque temps par courrier avec un certain "Michel Perdrial"....il y a quelques années... »

    Je fais appel à ma mémoire. Oui, j’ai bien correspondu avec cette « Alexia », croisée par la magie du Minitel, instrument récemment mis hors service par France Télécom. Je me mets à la recherche des missives qu’elle m’a envoyées et lui réponds :

    « Effectivement. J'ai toujours tes lettres. La première date de novembre quatre-vingt-douze, il y a quelques années comme tu dis. Que deviens-tu? Qu'est-ce qui t'a donné envie de me recontacter? »

    « En fait, m’écrit-elle, mon père a rangé sa cave (en Alsace) et a retrouvé des lettres datant de 1995. Les tiennes étaient dans le lot, du moins certaines. Et ma curiosité m'a poussé à rechercher sur FB! »

    Elle m’explique qu’elle vit dans le Var, en couple depuis dix ans, avec enfant de deux ans et demi et maison en propriété. « Je suis conseillère clientèle pour un organisme de formation qui fait de la sécurité en entreprise. »

    Fichtre, me dis-je, gardant cette réflexion pour moi, me contentant de lui écrire : « Eh bien, j'espère qu'il ne les a pas lues ces lettres, ton père... »

    Du coup, je m’y replonge. La première date du dix-neuf novembre mil neuf cent quatre-vingt-douze et commence ainsi :

                « Qui aurait cru qu’un jour j’allais écrire à un prof que je ne connais absolument pas ? Alors voilà, je m’appelle « Alexia », j’ai 17 ans (j’aurais 18 le 11 mars prochain !). J’habite à Colmar avec mon père. »

                La deuxième lettre date du vingt-huit novembre mil neuf cent quatre-vingt-douze :

                « Le fait que tu aies 41 ans (42 en février, je n’oublierai pas !!) ne me gêne pas du tout, au contraire. »

                « En ce qui concerne les « garçons » comme tu dis, j’ai mon expérience dans la matière !! J’ai eu effectivement pas mal de copains, mais depuis environ 2 ans, j’ai un goût très poussé pour les noirs !! »

                Le seize décembre mil neuf cent quatre-vingt-douze, j’en apprends un peu plus :

                « Il est vrai qu’avec les blacks on ne s’ennuie pas, ni en boite ni au lit, mais ça devient presque « malsain ». Pourquoi j’aime autant les blacks ? Je ne le sais pas moi-même… Mais il faut que ça cesse ! A part les blacks, je vais t’avouer que je suis bisexuelle. C’est un grand mot à mon avis, mais c’est effectivement vrai. J’ai eu 3 ou 4 relations avec des filles, mais avec qu’une seule ça a été sérieux. »

                Le vingt-sept janvier mil neuf cent quatre-vingt-treize, elle m’interroge :

                « Et toi comment se fait-il que tu sois attiré par des filles aussi jeunes ? C’est physique ? Sexuel ? Je te plairais peut-être… !!! (je rigole) »

                Ensuite, les confidences d’« Alexia » deviennent de plus en plus chaudes.

                Le sept mai mil neuf cent quatre-vingt-treize :

                « J’aime faire l’amour avec lui. J’aime qu’il me lèche, longtemps, puis qu’il me pénètre, dans tous les sens. Je prends aussi un plaisir fou à le sucer et à le voir apprécier ce que je lui fais. »

                Le deux juillet mil neuf cent quatre-vingt-treize :

                « Un soir, elle est venue vers moi, a fermé la porte de ma chambre à clef, m’a déshabillée et m’a caressé les seins. Alors je lui ai pris la main et je l’ai déposée sur ma chatte. Alors elle m’a dit d’un air innocent : « je sais pas faire ça » Adorable, non ? »

                Le deux janvier mil neuf cent quatre-vingt-quatorze :

     « Depuis peu, je me mets à fantasmer quand nous faisons l’amour, et surtout quand il me lèche. J’imagine l’amour à 3, lui et moi avec une superbe fille. J’imagine qu’elle nous lèche tous les 2 pendant qu’il me pénètre. Sous l’excitation, j’en arrive même à imaginer que je joue avec leurs sexes et je les regarde baiser, alors que, avec lui, je suis d’une jalousie féroce ! »

    Le douze janvier mil neuf cent quatre-vingt-quatorze :

    « Nous avons pris une douche ensemble, on se touchait presque « sans faire exprès ». Puis nous nous sommes couchées ; j’ai commencé à la caresser, elle a continué, j’ai mis mes mains entre ses cuisses, dans sa culotte, elle me serrait. C’était formidable. J’ai d’ailleurs osé la lécher, j’en crevais d’envie, c’était la première fois. Elle n’a que seize ans, elle est encore vierge. Je trouve ça fantastique. »

    Je m’arrête là mais notre correspondance érotique a encore duré plusieurs années pendant lesquelles sa vie sexuelle fut des plus agitées.

    La dernière lettre d’« Alexia » est datée du dix-sept janvier mil neuf cent quatre-vingt-dix-huit. Son copain du moment vient de la plaquer « Alors je pars. Je quitte tout : appart, boulot, ville. Je m’en vais, je ne sais pas encore où… »

    Quatorze ans plus tard, « Alexia » me demande d’être son « ami » sur Effe Bé. A voir ce qu’elle affiche sur son mur (essentiellement les photos de son enfant et de sa future piscine), sa profession, l’endroit où elle habite et les commentaires qu’elle fait (pestant par exemple contre un quidam qui a osé se suicider sous le train qui la conduisait à Paris), bref, à considérer ce qu’elle est devenue, je me dis que ça ne va pas durer longtemps notre « amitié ».

    Effectivement, au bout de quelques jours elle me vire, avant que mon envie de faire de même se soit concrétisée.

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