• Rokia Traoré au Grand-Quevilly (Un Printemps au Parc)

    Celle qui me rejoint le ouiquennede porte encore autour du poignet le collier coloré de la Lesbian and Gay Pride, ce samedi soir, quand nous nous asseyons sur l’une des marches du théâtre de verdure du Parc des Provinces au Grand-Quevilly. Nous sommes là pour Rokia Traoré et bientôt je sens une main sur mon épaule. C’est celle de ma fille venue avec son copain, après que je l’ai prévenue de ce concert gratuit. Alors qu’entre en scène Si Señor, la première partie, elle sort de son sac une bouteille de rosé, mais non merci plus tard peut-être.

    La musique est latino, salsa, cha cha cha, très bien quand c’est en espagnol, mais le chanteur passe au français et ça se gâte, encore des chansons écrites à la truelle. On applaudit et les Si Señor s’en vont. Ma fille et son copain ne sont plus avec nous, partis rejoindre des amis à eux.

    Tant pis pour le rosé, voici Rokia Traoré, cheveux courts et corps fluide. Il me semble l’avoir déjà entendue une fois au Hangar Vingt-Trois. C’était avant que je commence ce Journal alors autant dire que ce n’est pas sûr. Elle chante, elle danse, elle joue de la guitare, est venue en voisine puisqu’elle vit à Amiens, mais elle court le monde avec ses musiciens et sa choriste, un soir à Zagreb, le lendemain à Milan, deux jours plus tard à Glastonbury, la liste de ses concerts à venir est un voyage à travers l’Europe. Elle parle aussi entre deux chansons, le discours attendu sur le sort de l’Afrique. C’est un peu dommage. Cependant je suis d’accord avec elle pour attendre avec impatience les premiers touristes africains (pourront même passer dans ma rue sans que je m’exaspère).

    A la fin, celle qui se serre contre moi est contente elle aussi de ce concert. Nous attendons que soit tiré le feu d’artifice. Celui-ci ne nous déçoit pas. Il est musical, une sélection de classique archi connu (livrée avec les applaudissements) accompagne les lumières dans le ciel. Ce mauvais goût est nécessaire à la réussite de l’opération.

    En rentrant à Rouen, nous rattrapons trois filles sur le pont Corneille. L’une d’elle s’égaye, avec des mots imbibés d’alcool, du collier de fleurs autour du cou, croyant que celle qui m’accompagne revient des îles lointaines et ensoleillées. C’est samedi soir, et même déjà dimanche matin.

    Partager via Gmail Yahoo!