• Samedi, vidant les greniers à Pont-de-l'Arche et à Incarville

    Elle est encore avec moi samedi matin pour aller vider les greniers de Pont-de-l’Arche et d’Incarville.

    A Pont-de-l’Arche, cela se passe au bord de la Seine. Dès l’arrivée, je repère un livre que je cherche depuis un moment, qui m’est passé sous le nez (comme on dit), emporté par un autre, il y a peu au Clos-Saint-Marc : Les Disparus de Daniel Mendelsohn. L’auteur y raconte pourquoi et comment il part à la recherche du passé de sa famille, une famille juive installée à New York n’ayant pas répondu à l’appel au secours de l’oncle resté en Pologne, mort là-bas en mil neuf cent quarante et un avec sa femme et leurs quatre filles. J’ai lu et entendu le plus grand bien de ce livre et de son auteur.

    Cet ouvrage se présente sous la forme d’un pavé de six cent cinquante pages. Il coûte vingt-six euros et je l’emporte pour un euro.

    -C’est bizarre que tu aies envie d’acheter ça, me dit-elle.

    C’est le titre et la couverture de mauvais goût, illustrée de photos des temps anciens, qui la laissent sceptique. Le livre a l’apparence d’un beste selleure prévu pour la plage. Il est de plus édité par Flammarion. Je lui dis ce qu’il en est, ne la convainquant qu’à moitié.

    Deux pots de confiture (framboises et figues) complètent le butin archépontain. Voulant aller au plus vite à la voiture, je me perds dans des petites rues que je parcours pour la première fois. C’est l’occasion de quelques découvertes, dont une maison qui, au lieu d’un quelconque Sam Suffit, se nomme Sacco et Vanzetti. Ces deux noms ne disent rien à celle qui m’accompagne. Je lui raconte en quelques mots l’histoire des deux anarchistes, le film des années soixante-dix, la chanson de Joan Baez.

    -Si l’on cherche des terroristes à Pont-de-l’Arche, on saura où les trouver, me dit elle.

    A Incarville, cela se passe autour de la mairie. Nous ne trouvons rien. Je prends le chemin de Léry où ma sœur n’est pas là. Mon beau-frère nous offre un thé et un café dans l’immense jardin.

    De retour à Rouen, avant qu’elle ne retourne à Paris pour une fête nocturne dans le bois de Clamart, je lui dis à nouveau mon contentement d’avoir trouvé Les Disparus.

    -Tu es sûr vraiment que c’est un livre intéressant ? me dit-elle.

    Je lui lis un des éloges de la quatrième de couverture : « Entre épopée et intimité, méditation et suspense, tragédie et hilarité, Les Disparus est un livre merveilleux. ». Pas de quoi la rassurer, bien au contraire.

    Elle ne l’est que lorsque je lui en donne l’auteur : Jonathan Safran Foer.

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