• Sans envie à la Fête de la Musique, le deuxième jour de l’été

                Choisir le deuxième jour de l’été pour la Fête de la Musique, c’est choisir le jour où il pleut, comme on le sait depuis la veille où il a fait si beau. Risque d’orage, alerte orange, la Maire de Rouen ouvre son grand parapluie marqué prévention et renonce à installer ses podiums. Le soir venu, il ne pleut plus.

                Quand je sors vers dix-neuf heures trente, je constate que c’est comme d’habitude, vieilles chansons, vielles à roue, vieux jazz, vieux rock, et familles déambulant, et branlotins biérant. De plus en plus de bars privatisent la fête, s’offrant l’orchestre qu’il faut pour que leur clientèle consomme.

                Pas d’endroit où je trouve un artiste qui me donne envie de m’arrêter. Je fais le tour de l’hypercentre et rentre, me promettant de ressortir plus tard, sans le faire.

                Evidemment, si celle qui ne fête pas la musique à New York avait été là avec moi, cela aurait été différent.

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                Le comble de la privatisation de la Fête de la Musique : le concert acoustique donné par un chanteur rebelle pour un public choisi dans l’une des chambres d’un hôtel rouennais (premiers prix : quatre-vingt-cinq euros la nuit pour une personne, cent trente euros pour deux).

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                Autre exemple de la contemporaine maladie de la prévention (et heureusement que je ne suis pas passé pas là mardi) : place Cauchoise, on a pu voir des écoliers en chasubles jaunes distribuer des cartons de même couleur à des piétons usant d’une manière pas reconnue par la loi pour traverser l’autoroute urbaine (longue attente du feu vert pour les piétons, passage rapide au feu vert pour les voitures, d’où l’envie pour le marcheur de foncer entre deux voitures). Ces malheureux enfants étaient accompagnés d’un instituteur heureux, de policiers municipaux et d’un Préfet à casquette. Comme l’écrit Maurice Sachs dans Au temps du Bœuf sur le Toit : Rien de plus abominable que de mêler les enfants aux folies des hommes.

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                « Une autre opération, cette fois-ci à destination des seniors devraient voir le jour à la rentrée. Il s’agira d’une distribution de parapluies fluorescents aux personnes âgées. » raconte Grand Rouen qui n’y voit pas malice.

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