• Soirée Lisa Bielawa et Thierry Pécou (Ensemble Variances) au Conservatoire (pour l’Opéra de Rouen)

    Je suis au Conservatoire ce mardi soir où l’Opéra de Rouen propose concert de musique contemporaine. Autour de moi, on ne parle qu’en rimes. L’un dans la file d’attente : « J’ai pris ma casquette aujourd’hui/ J’en avais pas envie/ Et puis je me suis dit/ Ça m’évitera le parapluie ». Un autre, au téléphone, dans la salle : « C’est pas au Théâtre des Arts/ C’est au Conservatouare ». Ce n’est pourtant pas la Journée de la Poaisie.

    La musique contemporaine est représentée par Thierry Pécou (compositeur et pianiste), son Ensemble Variances et son invitée Lisa Bielawa (compositrice et vocaliste). Un effort particulier est fait sur l’éclairage, mât parsemé d’ampoules qu’une dame derrière moi compare à un sapin de Noël et rampes de néons, l’une verticale, l’autre diagonale. Avec ça on peut éclairer de manière variable tout en laissant la salle dans le noir, ce qui incite certain(e)s à utiliser leur lampe de poche téléphone pour lire le programme, ce qui est énervant. Pour les musicien(ne)s c’est vêture noire, y compris pour Thierry Pécou (adieu chemise luxuriante).

    Cela commence par un solo de flûte, Gargoyles, composé par Lisa Bielawa. Il est suivi du solo de saxophone de Luciano Berrio Sequenza VIIb et de Cri selon cri (pour piano et violon) de Thierry Pécou. Lisa Bielawa chante ensuite son Incessabili Voce (pour voix, clarinette, saxophone, violon, violoncelle et piano), belle composition et belle interprétation, qui fait fuir deux spectatrices à l’issue. Lisa Bielawa est Américaine. Elle a chanté avec le Philip Glass Ensemble. Le New York Times qualifie sa musique de « recueillie, pointilliste et d’une légère aigreur harmonique ». Légère aigreur harmonique effectivement, on pourrait en dire autant des autres pièces proposées : Birimbaa/ Jaguar (pour violoncelle) de Paul Dessenne, Les Machines désirantes (pour piano, flûte, clarinette, saxophone, violon et violoncelle) de Thierry Pécou et Hymne on die Nacht (pour voix et ensemble) de Claude Vivier.

    Quelques-un(e)s partent vite à la fin mais la plupart applaudissent fort, dont moi-même. Dehors il pleut. J’en connais un qui a bien fait d’emporter sa casquette.

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    « Une touche de gastronomie, une note d’œnologie, une goutte d’ovalie et une dose de musique pour une rencontre entre maestros de la baguette, du ballon, du « french-flair » et du piano. Imaginez la préparation d’un plat en direct sur la scène de l’Opéra, la sélection du vin, le choix d’une musique… et une 3ème mi-temps de rêve. », c’est en ces termes que l’Opéra de Rouen invite à une soirée exceptionnelle autour du rugby, de la musique, de la gastronomie et de l'œnologie, Chef, oui chef !, le samedi huit juin à dix-neuf heures, un parfait exemple de confusion des genres, révélateur de la confusion mentale de l’époque.

    Dans ce gloubi-boulga, un membre du jury de l’émission culturelle MasterChef, un journaliste gastronomique, un animateur de la radio éducative Béhéfème, un baryton ex-rugbyman, des invités surprise rugbymen internationaux et les musicien(ne)s de l’Opéra de Rouen (être musicien(ne) et être obligé(e) de participer à cette bouffonnerie !).

    Pour vingt euros : concert et dégustation de vin. Pour cent cinquante euros : concert et repas de gala sur scène avec les « personnalités » agrémenté d’intermèdes musicaux et sportifs (Ah, pouvoir chanter Il est des nôtres avec Oswald !)

    Cette manifestation est placée sous le haut patronage du Ministère des Sports (Fourneyron : Ministre des Sports, Désastre de la Culture).

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