• Stravinsky, Schumann, Ravel et Pécou à l'Opéra de Rouen

                Je me rends pour la deuxième soirée consécutive à l’Opéra de Rouen. Au programme sont inscrits les noms de Stravinsky, Schumann, Ravel et Pécou. C’est de ce dernier que j’entends parler autour de moi en attendant l’ouverture des portes de la salle, précisément de son opéra Les Sacrifiées donné jeudi. Les présent(e)s de la veille semblent se classer en deux groupes, celles et ceux qui sont parti(e)s à l’entracte, celles et ceux qui y ont pensé mais ne l’ont pas fait. Certain(e)s s’inquiètent de devoir entendre une nouvelle fois la musique de ce compositeur. Je n’en fais pas partie.

                Ce sont Stravinsky et Schumann qui occupent la première moitié de concert avec le Concerto en mi bémol « Dumbarton Oaks » pour le premier (une œuvre de commande pour anniversaire de mariage bourgeois) et avec la Symphonie numéro trois en mi bémol majeur « Rhénane » pour le second. Je n’aime ni le concerto ni la symphonie. Je les trouve lourds et indigestes. Heureusement, la direction d’orchestre est confiée à Andrea Quinn, tonique jeune femme sautillante. Elle met un peu de légèreté dans cette affaire. Diriger une symphonie sans partition comme elle le fait, est-ce une performance ? Le béotien que je suis ne le sait pas et est impressionné.

                Après l’entracte, changement d’univers musical, le renommé Alexandre Tharaud entre en scène et s’assoit au piano pour trois pièces de Ravel Les Noctuelles, Oiseaux tristes et Une barque sur l’océan. Par extraordinaire, personne ne tousse au premier balcon où je me tiens en Hache Deux. Je participe au tonnerre d’applaudissements. Trois rangs plus bas un homme se retourne pour gronder trois petites dames qui ont gêné sa bonne audition. Cela réjouit ma voisine qui le signale à son père.

                -Il y a fritage entre les trois mamies et celui qui a des jumelles, c’est trop drôle.

                Le calme revient avec les musicien(ne)s de l’orchestre. Alexandre Tharaud se met au piano et Andrea Quinn à la baguette. C’est l’heure de L’oiseau innumérable de Thierry Pécou, une œuvre inspirée de la théorie du chaos chère à Edouard Glissant et qui doit son titre au poète antillais. Cet oiseau a tôt fait de réconcilier le public rouennais avec la musique de Pécou. Celui-ci vient saluer modestement avant que ne soit bissé le dernier mouvement. Un petit supplément de Tharaud, c’est toujours bon à prendre.

                A la sortie il y a foule au stand Harmonia Mundi où est en vente le cédé. Je ne me mêle pas aux acheteurs et acheteuses. Autant j’aime entendre la musique dite classique (ancienne et contemporaine) en concert, autant je n’ai pas envie d’en écouter chez moi.

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