• Un mercredi à Paris, d’où il n’est plus question de revenir avec un sac de livres

    Lisant L’art à bicyclette et la révolution à cheval de Pol Bury (Idées Gallimard), c’est en train qu’une fois de plus je vais ce mercredi à Paris d’où désormais il n’est plus question de revenir avec un sac de livres. Il n’empêche que c’est quand même chez Book-Off que je me trouve dès l’ouverture. Un qui travaille dans l’édition y vend plusieurs énormes cartons de beaux livres (comme on dit dans le milieu), tous neufs, certains encore sous plastique, offrant aussi des croissants aux employé(e)s. Un autre propose ses livres personnels avec moins de succès :

    -Ceux-là, je ne pourrai pas vous les reprendre.

    -Vous pouvez me dire pourquoi, sur quel critère ?

    -Parce qu’on ne pourrait pas les revendre.

    J’en repars avec un mince ouvrage qui correspond parfaitement à mon état d’esprit du moment : Hymnes à la haine de Dorothy Parker (Libretto Phébus) dont j’ai entendu une mise en onde plaisante sur France Cul il y a plusieurs mois. A pied, sous un agréable soleil, je rejoins Châtelet, fais un petit tour chez Mona Lisait où je constate qu’avec la reprise les prix ont plutôt augmenté, ce qui est une bonne chose pour moi.

    Je déjeune à volonté chez China, rue de la Verrerie, où opère désormais un jeune couple peu aimable. C’est l’affluence. Les spécimens humains à portée de mes oreilles sont d’ordre divers. Deux travaillant pour les Hôpitaux de Paris parlent de points de retraite et de trimestres à racheter. L’une à tête de fille Le Pen vieillie discute avec son vis-à-vis sérieusement amorti d’un texte à écrire pour une abbaye sur les Petits Chanteurs à la Croix de Bois (« Tu ne te rappelles de rien, il est vraiment temps que tu te reposes, j’en ai marre de jouer Alzheimer. »). Un autre à collier de barbe blanche de prof retraité saoule sa femme permanentée avec Le Colosse de Maroussi d’Henry Miller  (« Un livre célèbre, que tout le monde connaît. »)

    J’en ressors prêt à écrire un nouvel hymne à la haine et décide d’aller me calmer au Grand Palais où ce jour ouvre l’exposition Robert Mapplethorpe.

    *

    Saint-Lazare, un homme au téléphone dans l’escalier mécanique : « Non mais elle est con. Il faut pas lui dire : ma pauvre petite fille, c’est dur ce qui t’arrive. Faut lui dire : t’es con. »

    *

    Châtelet, deux fillettes avec leurs grands-mères, l’une : « Quand vous serez très vieilles, on aura quel âge ? »

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