• Une exécrable place pour In the Penal Colony de Philip Glass à l'Opéra de Rouen (Automne en Normandie)

    Mardi après-midi, je demande à la billetterie de l’Opéra de Rouen s’il est possible d’échanger ma place pour le spectacle du lendemain soir contre une mieux située. J’apprends que non, ce n’est plus possible. Je proteste en vain. Rentré chez moi, j’envoie un mail à la responsable :

    « Disposant d'une mauvaise place pour le spectacle de mercredi soir, je viens de passer au guichet avec l'espoir de l'échanger contre une meilleure qui se serait libérée. On me dit que ce n'est plus possible. Jusqu'à l'an dernier ce l'était. Pouvez-vous m'expliquer ce qu'il en est? Avec mes remerciements. »

    Mercredi, juste avant de partir pour l’Opéra, je reçois la réponse suivante :

    « Afin de pouvoir changer votre emplacement dans la salle le soir d’un spectacle il ne faut pas faire éditer votre billet à l’avance. Nous avons la possibilité, lors de certaines représentations, effectivement de « replacer au mieux les billets  des entrées + » mais uniquement lorsqu’ils sont  réservés et non édités. En espérant avoir répondu à votre demande, cordialement. »

    Insatisfait, je m’assois au premier rang du deuxième balcon à la pire place que j’aie jamais eue dans cette maison. Aucun endroit pour mettre les genoux, une visibilité réduite par la barre anti suicide, le seul avantage est que je peux facilement lire le surtitrage car je suis perché plus haut que lui.

    Ce soir, La Compagnie Anonyme et l’Opéra de Lyon donnent pour le festival Automne en Normandie, un opéra de Philip Glass In the Penal Colony sur un livret de Rudolph Wurlitzer d’après la nouvelle éponyme de Franz Kafka. La mise en scène est de Richard Brunel, la musique de Philip Glass est des plus agréables à entendre (Emmanuelle Bobée, dans le livret programme, trouve qu’elle crée une atmosphère oppressante, je la trouve, quant à moi, enjouée et légère), c’est bien chanté par Stephen Owen (baryton-basse) et Michael Smallwood (ténor), de quoi être content mais putain qu’est-ce que j’ai mal au genou droit, autant que s’il était transpercé par les picots de la herse qui torture les corps de la colonie pénitentiaire.

    Je suis d’autant plus furieux que beaucoup de places sont restées libres à l’orchestre et au premier balcon. Pourquoi m’a-t-on refilé ce siège pourri ? Il est vrai que j’aurais pu tenter d’aller m’asseoir ailleurs mais je n’aime pas déranger mes voisin(e)s et pas envie de tomber sur la placeuse de Jouvenet qui me regarde de haut « C’est qui ce mal habillé qui entend avoir une meilleur place ? »

    J’applaudis comme il faut puis je réadapte mon genou à la marche en descendant prudemment les escaliers. Dehors, ce sont voitures ronflantes, coups de trompes, vociférations et agitation de drapeaux algériens pour cause de victoire en foute contre l’Egypte. Le nationalisme s’étale là dans toute sa crétinerie. Le foute porte la guerre comme la nuée porte l’orage, aurait pu dire Jaurès, me dis-je accablé.

    Ce vacarme m’est épargné dès la clé tournée dans ma serrure. Au matin, j’envoie un dernier message à la responsable de la billetterie de l’Opéra de Rouen :

    « Je prends note des nouvelles dispositions. Cela ne m'explique pas pourquoi ce qui était possible jusqu'à l'an dernier ne l'est plus. Hier soir à cause de cela, j'étais à une place exécrable et n'ai pas pu profiter correctement du spectacle alors qu'il y avait de très nombreuses places libres à tous les niveaux. Désormais, je ne ferai plus éditer mes billets en une seule fois, ce qui fait que je dérangerai la billetterie pour chaque spectacle. Avec mes regrets. Cordialement. »

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