• Une matinée à Bois-Guillaume, c'est le vide-greniers

                On ne peut pas dire que je ne fréquente pas les stades, m’y voici une fois de plus, ce dimanche matin. Elle me tient la main mais pas question de faire du sport. Il s’agit de parcourir les allées du vide-greniers très organisé de Bois-Guillaume.

                Je croise un de mes anciens élèves, mystérieusement assagi. Sa mère, qui s’en félicite, me remercie d’avoir en quelque sorte supporté son fils quand il était pénible (mais heureusement pas que de ça) et, un peu plus loin, c’est l’ancienne directrice, aujourd’hui retraitée, d’une autre école maternelle où j’ai passé un an, jamais revue depuis, que je trouve là.

                -Je sais très bien qui tu es, lui dis-je, mais je ne me souviens plus de ton prénom.

                -C’est le même que le tien, me répond-elle amusée, qu’est-ce tu deviens ?

                Je lui raconte et elle me dit que ça se voit bien que j’ai décroché complètement du monde de l’Education Nationale. Elle non, elle s’occupe toujours de l’Amicale laïque et vend ce jour au bénéfice d’un projet de voyage en Afrique. Je veux bien faire une bonne action si c’est une bonne affaire mais rien de son étalage ne me retient. 

                Les trouvailles intéressantes sont rares ce dimanche. Elle et moi captons cependant de quoi faire des cadeaux à certaines de nos connaissances d’âge divers.

                Une vendeuse propose deux livres de photos de David Hamilton à quarante euros pièce. C’est fou comme la côte de cet amateur de très jeunes filles a monté depuis qu’il est mal considéré. Un peu plus loin, fouillant dans une boîte pleine de cédés, je découvre celui d’une œuvre de Chopin dont la tranche porte le nom de Frédérique Chopin. Je ne savais pas que Chopin avait une femme portant le même prénom que lui, fais-je remarquer au vendeur, qui ne comprend pas la plaisanterie.

                -Il ne connaît que Frédérique Chopine, sa copine de bar, dis-je finement à celle qui m’accompagne. Je ne recule devant aucun jeu de mots laids, comme chantait Boby et J’espère de gants faire à repasser mieux la prochaine foi d’animal intérêt et principal, comme écrivait Boris.

                J’achète enfin un livre qui me plaît Sous le manteau publié chez Flammarion, une sélection de cartes postales érotiques des Années Folles, tirées de la collection d’Alexandre Dupouy. Je fais mien aussi, pour un ou deux titres, le Best of de Buzy.

                C’est bizarre comme la musique populaire des années quatre-vingt vieillit mal, me dis-je de retour seul à la maison, en écoutant Buzy dont l’une des chansons, Shepard, est cosignée par Frank Langolf, à l’enterrement duquel j’étais, dans la cathédrale de Rouen, il y a combien d’années je ne sais plus.

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