• Vernissage de Dans un jardin (Un hommage au Déjeuner sur l’herbe et au jardin de Monet à Giverny) au Frac de Haute-Normandie

    Vendredi soir, c’est en voiture pour cause de mal au pied gauche que je vais jusqu’à Sotteville-lès-Rouen vernir l’exposition obligatoirement impressionniste du Frac de Haute-Normandie, laquelle est intitulée Dans un jardin (Un hommage au déjeuner sur l’herbe et au jardin de Monet à Giverny).

    En avance, je prends un café verre d’eau en terrasse au Trianon, considérant la circulation automobile infernale et la déception des familles se heurtant  aux portes closes du Jardin des Plantes fermé en raison d’une fête le lendemain. Un peu avant dix-huit heures trente, je pousse la porte du Frac, surpris de trouver parmi les déjà là Franck Martin, le Maire de Louviers. Je visite. L’exposition est en deux thèmes, deux étages, beaucoup de photos et un peu de vidéo.

    Au rez-de-chaussée, ce sont des relectures de l’Impressionnisme à la Monet, parmi lesquelles une série couleur et noir et blanc du jardin de Giverny l’hiver spécialement commandée à Bernard Plossu (un visiteur : « Ça peut paraître impressionniste mais c’est mieux que ça ») et une photo de Douglas Gordon (flottent en place des nymphéas quelques crânes).

    En haut, cela se gâte. Au prétexte de rendre hommage au Déjeuner sur l’herbe de Manet, ce sont scènes de baignade et de pique-nique à n’en savoir que voir, et certaines très inintéressantes. La plupart de ces photos ont été exposées dans le passé au Pôle Image, à l’Ecole des Beaux-Arts ou ici, dans une autre optique et sous un autre intitulé, mais en Normandie, pour plusieurs mois, Fabius l’a décidé, tout doit être impressionniste, pré-impressionniste ou post-impressionniste. Le Frac  a obtempéré.

    Le matin même au Clos Saint-Marc pour un euro est devenu mien le catalogue d’une exposition intitulée Le Bonheur que fit Florence Chevallier en mil neuf cent quatre-vingt-treize à l’Ecole des Beaux-Arts de Rouen. J’en retrouve ici des photos, montrées maintenant comme hommage au Déjeuner sur l’herbe, recyclées sans scrupule.

    C’est l’heure des discours. Je comprends la raison de la présence de Franck Martin. Devenu récemment Conseiller Régional, il remplace, annonce-t-il, Laurent Logiou dans le rôle du Président du Frac, ne songe pas à dire qui il est, s’estimant sans doute connu de toutes et tous, s’abstient cependant de plastronner comme il le fait à Louviers, avoue qu’il n’y connaît rien mais qu’il va suivre les traces de son prédécesseur (lequel n’y connaissait rien non plus) et passe la parole à Jacques-Sylvain Klein, Commissaire général du Festival Normandie Impressionniste. Celui-ci annonce que Laurent Fabius a failli venir puis fait la publicité de son Festival, se félicitant du numéro spécial de Beaux Arts Magazine sur l’Impressionnisme en Normandie comme si cette sortie était due au hasard et non pas commanditée. Marc Donnadieu, directeur du Frac, celui qui s’y connaît, donne enfin de longues explications sur les œuvres montrées, n’hésitant pas à faire de Manet un précurseur des congés payés (et de la partouze, non ?), cependant qu’une dizaine de photographes font de la figuration derrière (dont Bernard Plossu, son instrument autour du cou).

    Pour me remettre, je vais boire du vin blanc en piochant dans un pain surprise, prenant soin de ne pas me faire broyer entre le sac à dos d’un beauzarteux et la bedaine d’un officiel rouennais badgé. Ce massif personnage sans gêne se réjouit bruyamment : « Jeudi, nous aurons Pierre Bergé » (Bergé est le Président du Festival à Fabius). Un photographe se confie à une consœur : « Là, je montre beaucoup en ce moment, mais je viens de traverser un peu le désert. ».

    Je redescends et sors en même temps que deux dames échangeant leurs impressions :

    -C’est un belle exposition, non ?

    -Oui, je crois.

    *

    «Chien est un roman anti-romanesque et superbement asocial, un éloge émouvant de l’absolue liberté, le capriccio d’une solitude intense, délibérée, conduite par la nécessité extrême de la littérature » claironne Actes Sud en quatrième de couverture de l’ouvrage de Paul Nizon dont la lecture me déçoit absolument, en quoi je ne vois qu’une histoire de sans abri sans fond sans forme. De Nizon, j’avais vraiment aimé L’Année de l’amour et Stolz, est-ce lui qui a changé ou moi ?

    *

    Libération dans son numéro de jeudi dernier titre sur les gousses vertes. Ne pas croire qu’il s’agit d’un article sur les homosexuelles écolos. Il est question de la légumineuse nommée fève.

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