• Vernissage de l’exposition quelque chose suit son cours d’Emmanuel Lagarrigue à la Mam Galerie

    Je suis de retour à l’Ubi ce vendredi soir, où se tient désormais la Mam Galerie, pour le vernissage de l’exposition d’Emmanuel Lagarrigue quelque chose suit son cours. Y arrive l’homme au chapeau, qui porte celui d’été, preuve qu’il fait beau. Il m’offre un verre de vin blanc et nous devisons tandis qu’à côté on s’affaire aux derniers préparatifs.

    L’installation d’Emmanuel Lagarrigue relevant de l’art conceptuel, on a intérêt à lire les explications avant de visiter, ce que je fais, sachant bientôt que les poutres assemblées faisant sculptures ont des tailles correspondant aux lettres de l’alphabet (de A dix centimètres à Z deux cent soixante centimètres), que les haut-parleurs diffusent le texte intégral chuchoté de Mal vu, mal dit de Samuel Beckett et que le jeu de lumière réagit au code qu’utilisait Benjamin Constant dans son Journal (de Un pour jouissance physique à Dix-Sept pour réconciliation).

    Je me promène un peu dans « cet espace ouvert, acteur d’une pièce mentale que je joue physiquement ». Imperméable comme je le suis à toute rêverie organisée par autrui, je n’en retire pas grand-chose.

    L’homme au chapeau semble déconcerté. Je lui conseille d’imaginer qu’il se promène dans un jardin japonais et cela va un peu mieux.

    Il part plein d’allant vers une longue nuit musicale au Cent Six et je rentre à la maison sans boire davantage, pas question de quitter l’Ubi cuité.

    *

    Au marché du Clos Saint-Marc, vendredi matin, un livre à la couverture rose fluo m’appelle. Je l’obtiens contre un euro. C’est, publié par Le Sagittaire en mil neuf cent soixante-dix-huit, L’amour est un chien de l’enfer de Charles Bukowski. Je l’ouvre au hasard :

    je ne peux écrire

    que ce que j’ai vécu.

    quand le téléphone sonne

    j’aimerais beaucoup

    entendre des mots

    qui me soulageraient.

    c’est pour cela que mon numéro

    est dans l’annuaire.

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