• Vernissage du Monde voilé de Ralph Samuel Grossmann au Musée des Beaux-Arts de Rouen

                Vendredi en début d’après-midi, mon téléphone sonne. C’est le technicien de la maison Orange avec lequel j’ai rendez-vous. Il doit se pencher sur l’état de santé de mon ordinateur devenu mou du bulbe. Il est question de payer vingt-neuf euros pour l’intervention, mais ça peut aller plus loin, me dit-il. Allons-y.

                Je suis ses instructions, ne comprenant pas trop ce qu’il tente de faire. C’est long et ça ne semble pas efficace. Alors que je commence à désespérer, il m’annonce qu’il va falloir faire intervenir quelqu’un chez moi et que là ça va me coûter cent dix euros (si je me souviens bien). Je me rebiffe, lui dis que je vois bien qu’il n’arrive à rien, ce qui l’amène à me proposer de prendre à distance le contrôle de mon ordinateur et de le nettoyer. Cela fait plus de deux heures que je suis au téléphone avec cet employé de la maison Orange. Pourquoi ne m’a-t-il pas proposé cela dès le départ ? Très vite, il règle l’affaire et me laisse avec un foutu mal de tête, une machine qui a retrouvé une certaine jeunesse et une facture de soixante-dix-neuf euros.

                C’est dans cet état que je me prépare à sortir. En cette fin d’après-midi, il y a carambolage de vernissages dans le domaine de l’art contemporain. Vais-je choisir le Fonds Régional d’Art Contemporain où commence La tête la première, installation sonore pour dix haut-parleurs de Dominique Petitgand ou le Musée des Beaux-Arts où s’ouvre Le Monde voilé, présentation de photographies et de sculptures de Ralph Samuel Grossmann. Abruti comme je suis par mon expérience du début de l’après-midi, j’opte pour le plus près et le plus tôt.

                A dix-huit heures, je mets la tête dans les nuages, ceux photographiés par Grossmann, sombres et menaçants, malheureusement désamorcés par quelques lignes écrites sur le mur où il est question de vivre en paix avec la nature et de poésie. Je préfère y voir la menace. Chaque photo est partagée deux tiers un tiers. En haut, le nuage, en bas, sa déclinaison spectrale, couleur arc-en-ciel, façon code barre ou pluie délétère.

                Madame le Maire est là qui en novlangue ramène l’exposition au projet d’éco quartier Flaubert. Laurent Salomé, directeur, dit aussi quelques mots. Tous deux se réjouissent d’avoir ce soir un artiste qui aime parler de son œuvre et le fait bien. Le souriant et longiligne Ralph Samuel Grossmann prend la parole, se réclame d’une inconnue de moi, peut-être une actrice américaine, dans l’art du remerciement, remercie donc copieusement, et ne parle pas du tout de son travail. Dommage, j’aurais aimé savoir comment il partage son image.

                Champagne et petits fours, je discute avec une lycéenne déjà vue au Conservatoire qui m’explique comment elle concilie ses études avec l’apprentissage de deux instruments de musique. J’abuse un peu des macarons puis rentre à la maison, une aspirine et au lit.

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