• Vernon, Louviers, Rouen, de vide grenier en vide grenier

    Grand déballage dans toutes les rues et sur les places du centre de Vernon en ce premier dimanche d’octobre où celle qui m’accompagne et moi posons le pied après avoir garé la voiture au bord de la Seine. Nous en faisons le tour sans trouvaille qui mérite d’être notée.

    A Louviers, c’est la même chose en l’honneur de Saint Michel. Elle trouve que ma ville d’enfance et la sienne, Parthenay, se ressemblent, suintant d’ennui l’une et l’autre. Ce dimanche, la foule qui envahit les rues du centre donne un peu le change. Il y a même trop de monde, badauds venus surtout pour la foire commerciale que nous évitons. Je lui montre les magasins qui n’ont pas changé depuis les années soixante. Pour parfaire ce retour en arrière, une radio d’occasion diffuse la bande son de cette époque lointaine : Marie Laforêt Ivan Boris Natacha et moi, les Rolling Stones Satisfaction, Enrico Macias Enfants de tous pays

    -On aurait pu éviter cette étape, lui dis-je alors que nous regagnons la voiture par l’une des rares rues à colombages.

    De retour à Rouen, nous finissons par là où nous aurions peut-être dû commencer, le vide grenier de la place de la Rougemare. J’y rencontre deux de mes lecteurs, l’un acheteur, l’autre vendeur, deux bons, des fidèles, capables de me parler de tel ou tel texte paru il y a plusieurs mois.

    Tous deux ont en tête l’épisode du spectateur de l’Opéra me faisant du pied. Celui qui expose a pour espoir que je lui achète Prince et Léonardours de Mathieu Lindon, paru chez Pol en quatre-vingt-sept, avec de jolis dessins explicites de Gérard Bitton. C’est une histoire homosexuelle et il me conseille de tenir la main de celle qui m’accompagne, si je ne veux pas passer pour.

    Un autre livre est auparavant devenu mien Le Principe de Peter (Pourquoi tout va toujours si mal) de Peter et Hull dans l’édition de mil neuf cent soixante et onze, chez Stock, avec les dessins de Ronald Searle.

    Je lui en lis des extraits cependant qu’elle prépare notre repas. C’est peut-être la dernière fois de l’année que nous déjeunons dans le jardin.

    *

    Le Principe de Peter, gros succès de librairie autrefois quand je l’ai lu en édition de poche, s’énonce ainsi : tout employé tend à s'élever à son niveau d'incompétence. Il entraîne le corollaire suivant : Avec le temps, tout poste sera occupé par un incompétent incapable d'en assumer la responsabilité. Un second corollaire en découle : la majorité du travail est effectuée par des salarié(e)s n'ayant pas encore atteint leur seuil d'incompétence.

    Le Principe de Peter, énoncé au Canada en soixante-huit, est toujours d’actualité.

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